Des effectifs à la baisse

Pour l’ensemble des Pèlerinages de Pénitence, de 1882 à 1914, on dénombre environ 12 580 pèlerins et pour les caravanes de l’abbé Potard, sur les 25 caravanes recensées de 1898 à 1914, on compte approximativement 1110 pèlerins.

L’étude des effectifs pour les caravanes du début du XXe siècle est des plus délicates puisque suivant les sources, le nombre de pèlerins par caravane diverge ; la faiblesse numérique de certains pèlerinages incite à augmenter le nombre ou à l’arrondir à la décimale supérieure au moment des comptes-rendus, crédibilité oblige.

On peut cependant avoir une notion approximative du nombre de pèlerins pour les caravanes à partir de 1898 730 , en comparaison à celles du XIXe siècle. D’après le tableau identifiant les 47 pèlerinages 731 , si l’on additionne les effectifs de 1898 à 1914, on dénombre 6050 pèlerins, ceci étant une fourchette haute, les comptes-rendus ajoutant facilement quelques pèlerins pour permettre d’annoncer qu’ils furent 200 ou 300. Sur les 16 premières caravanes des Pèlerinages de Pénitence, on arrive au même résultat de 6050, ce qui du coup ne permet pas d’atteindre le chiffre de 12 580, effectif total des caravanes donné par les assomptionnistes, mais la volonté des organisateurs de toujours arrondir l’effectif au dixième supérieur voir au centième supérieur peut expliquer en partie ces quelques centaines de pèlerins manquant.

Plus que les calculs des différentes caravanes, sujets à caution pour cause de propagande, il est intéressant de noter que sur les 16 premières caravanes, le nombre de pèlerins est aussi important que pour les 31 caravanes suivantes. L’effectif des pèlerinages étant pour la plupart des caravanes supérieur à 300, chiffre jamais atteint pour le deuxième groupe à l’exception de caravanes au caractère particulier comme le premier pèlerinage des vacances en 1899 et le pèlerinage des hommes en 1901. A partir de ce pèlerinage masculin, les caravanes seront toujours inférieures à 300 et dans la majorité des cas à 200, atteignant même le chiffre alarmant de 118 membres au printemps 1903 ce qui fait dire au Père Vincent de Paul Bailly : « Notre petit pèlerinage compte environ 120 personnes… N’était l’argent, il serait très bien » 732 .

En comparaison, le pèlerinage Saint-Louis se porte mieux puisqu’il réussit à envoyer des caravanes dans la plupart des cas avec un effectif supérieur à 50, atteignant même le chiffre de 77 en 1907, et 69 en 1914, preuve d’un succès réel pour une organisation qui n’a eu, hormis les franciscains, que peu de relais en France et en Terre Sainte, et surtout, pas d’organes de presse comme celui des assomptionnistes. Il n’en reste pas moins que certaines caravanes comme celles de 1903 ou de 1913 ne réunissent que 16 pèlerins, juste de quoi bénéficier d’un tarif de groupe sur les Messageries Maritimes.

Ces effectifs en baisse sont une des données essentielles de la perte d’influence des Pèlerinages de Pénitence en Terre Sainte et ce, malgré l’appel lancé par les dirigeants assomptionnistes ou certains dignitaires catholiques de France pour inciter les catholiques à se rendre en Palestine.

Le Père Bailly, dans les moments difficiles que vit la congrégation aussi bien en France qu’en Palestine, s’en remet aux forces surnaturelles comme l’affirme le compte-rendu de la caravane du printemps 1905 : « Pour le recrutement des pèlerins, qui est, tous les ans, difficile jusqu’au dernier moment, le P.Bailly use de tous les moyens de propagande ; il compte beaucoup sur les moyens surnaturels » 733 . Il a en particulier ces paroles à l’intention des religieux de Notre-Dame de France : « C’est à Jérusalem que le Maître a dit : J’y attirerai tout à moi. Comme l’Immaculée dira à Lourdes : Je veux qu’on vienne. Veuillez donc, sainte maisonnée, rappeler le Calvaire, la promesse d’attirer les pèlerins, car ils n’obéissent guère à cet aimant divin » 734 .

Notes
730.

Cette date permet de s’aligner sur le début des pèlerinages Saint-Louis et plus généralement est un tournant avec la visite de Guillaume II dont les répercutions sont énormes d’un point de vue politique.

731.

Voir annexe, Tableau des Pèlerinages Populaires de Pénitence.

732.

Pages d’archives, troisième série, n°2, juin 1963,p.137.

733.

Ibid, p.141.

734.

Ibid, p.141.