Crise économique et régulation

Le modèle productif fordiste des Trente Glorieuses et les formes de régulation étatiques qui l’accompagnent opèrent cependant une mutation assez profonde à partir des années 1970, consécutivement à l’entrée en crise structurelle du système économique. La crise ouvre une nouvelle phase dans l’organisation de la régulation à l’échelle de l’Etat français, le pouvoir central étant contraint de renoncer à sa politique nationale d’aménagement du territoire et de développement économique, faute d’efficience du dispositif face à l’évolution du contexte productif mondial.

Il est communément admis que cette crise est d’abord celle du mode de régulation, puisque le régime d’accumulation capitaliste demeure globalement le même (Julla, 1991). Une crise économique peut en effet revêtir deux formes : la crise du mode de production et la crise du mode de régulation. Le mode de production capitaliste est capable de changer pour s’adapter aux modifications du contexte, il peut évoluer. Il passe ainsi d’un régime d’accumulation extensif concurrentiel au début du 20ème siècle, à un régime d’accumulation intensif fordiste marqué par une forte régulation étatique, avant d’évoluer à nouveau vers une forme hybride d’accumulation, qualifiée de post-fordiste, ou encore de flexibiliste, consécutivement à la survenue de la crise. Ce dernier régime d’accumulation est caractérisé par un repli de la régulation opérée par la puissance publique étatique, au profit d’une libéralisation des marchés, mais aussi d’une recomposition sur des bases à la fois infranationales (décentralisation) et supranationales (construction européenne) des formes de régulation relatives aux relations entre sphère publique et économie.

La crise que connaît l’ensemble des économies capitalistes dites développées depuis le milieu des années 1970 correspond donc plutôt au deuxième type, à savoir la crise du mode de régulation. Cela signifie que ce dernier, sous sa forme étatique, centralisée et fordiste, n’est plus à même d’assurer la reproduction du capitalisme à partir des formes institutionnelles existantes.