2- L’organisation territoriale comme forme institutionnelle partielle de la régulation économique

Les travaux portant sur les dynamiques territoriales de l’économie (Gilly, Pecqueur, 2002 ; Julla, 1991) enrichissent la configuration d’ensemble du mode de régulation d’une sixième forme institutionnelle, émanant de l’ensemble des rapports administratifs propres aux cinq autres formes classiques de la régulation, et particulièrement de la politique étatique d’aménagement du territoire. Il s’agit de l’organisation territoriale, c’est-à-dire du type (ou niveau) de territoire associé aux autres formes institutionnelles constitutives du mode de régulation, qui rend compte des lieux / zones de souveraineté économique (totale ou partielle). La forme territoriale est une forme institutionnelle de régulation de l’économie partielle, car elle est intrinsèquement liée aux cinq autres formes pour être opérationnelle. Elle peut être plus précisément rattachée à la configuration des relations entre l’Etat et l’économie, dont on a vu qu’elle revêt une importance particulière dans le cadre de notre analyse de la politique économique dans l’agglomération lyonnaise.

L’organisation territoriale assure une triple fonction dans la régulation d’ensemble. D’abord, elle limite les lieux de validité d’un ensemble de compromis sociaux, en bornant, au travers de l’appareil administratif et des découpages territoriaux, des zones de souveraineté plus ou moins explicites relatives à des formes précises de régulation (Etat, collectivités locales). Ensuite, elle diffuse l’homogénéité de l’ensemble des normes sociales au sein de ces ensembles bornés, tandis que l’Etat en assure l’unicité (Julla, 1991). Enfin, l’organisation territoriale aurait également comme propriété plus large de contribuer à la régulation de l’espace macro-économique du régime d’accumulation, notamment par le biais de l’aménagement du territoire, de la planification spatiale et urbaine et des politiques publiques locales (Gilly, Pecqueur, 2002). Elle s’avère donc être déterminante pour notre analyse de la politique économique à Lyon et des modalités de son organisation selon des bases territoriales et locales.

Le rôle du territoire, comme construit sociopolitique, et des structures administratives qui lui sont associées (collectivités locales, services de l’Etat), apparaît dès lors comme central en matière de régulation de l’économie par la puissance publique. En effet, la souveraineté et la légitimité à intervenir pour la puissance publique, tant au niveau national qu’au niveau local, sont d’abord fondées sur la compétence territoriale. Le territoire est ainsi « le cadre physique et juridique de l’action publique » (Joye, 2002), et donc par extension, des processus régulateurs.

La mise en évidence de la dimension territoriale de la régulation (Julla, 1991) offre ainsi une grille d’analyse de la régulation directement mobilisable pour appréhender le cas lyonnais, qui repose sur deux orientations principales :