3- L’émergence du niveau local comme solution à la crise territoriale du mode de régulation

Les structures administratives nationales et locales participent, sous leur définition territoriale, de la régulation d’ensemble des économies de deux manières (Julla, 1991) :

La crise du modèle de régulation fordiste pousse ainsi l’Etat français à transformer ses modes d’intervention dans le domaine de l’économie, notamment leur organisation territoriale. Il abandonne la plupart de ses politiques d’action économique et d’aménagement du territoire dirigistes et centralisées, définies et conduites à partir du niveau national (voir infra, 2ème Partie), au profit d’une libération des initiatives propres des niveaux territoriaux inférieurs (les collectivités locales). Dans le même temps, les pouvoirs publics locaux en charge de la gestion des territoires locaux s’imprègnent de la vision du développement économique propre aux acteurs de l’économie (les entreprises) et la mettent en application dans la définition et la conduite de politiques locales à base territoriale.

La poursuite de l’intégration économique européenne et de la libéralisation des marchés mondiaux conduit à transférer au niveau supranational la gestion de la monnaie et l’organisation de la concurrence (Union Européenne, OMC…), tandis que la décentralisation des compétences administratives opérée au début des années 1980 confère une nouvelle armature territoriale aux interventions économiques publiques dans le pays. Les collectivités locales, régions et communes notamment, se voient ainsi reconnaître de nouvelles compétences d’action et un nouveau rôle central dans le champ de la régulation de l’économie par le territoire.

La crise territoriale du mode de régulation enclenchée dans les années 1970 conduit donc à une profonde recomposition de l’organisation territoriale de l’intervention publique en matière d’économie, qui s’appuie sur une conception renouvelée du rôle du territoire local dans le fonctionnement de l’économie et des firmes, en termes de ressources, d’organisation des relations entre acteurs politiques, publics et économiques, et de production d’effets d’ancrage ou d’attractivité dans un contexte de compétition exacerbée et généralisée (Pouvoirs locaux, 2004).