I - Aménagement et représentations du territoire

Si l’on ne revient pas sur la polysémie du concept de territoire, il est cependant intéressant de pointer sa dimension politique, après avoir rapidement évoqué sa dimension économique par le biais de la notion de système productif local. Le territoire est en effet défini comme une « étendue de la surface terrestre sur laquelle vit un groupe humain, et plus précisément une collectivité politique », et par extension une « étendue sur laquelle s’exerce une autorité, une juridiction » 11 .

Le territoire constitue ainsi une subdivision administrative ayant une personnalité propre, pouvant être un Etat, une région, une commune, ou un rassemblement de plusieurs entités administratives (établissement public de coopération intercommunale, Union européenne). « Pour le droit, le territoire est un élément constitutif de la collectivité ou limite de compétence » 12 . Outre sa dimension politique, le territoire est ainsi également caractérisé par sa finitude, c’est-à-dire par son bornage spatial, ses limites, en premier lieu physiques, matérialisées par ses frontières (George, 1996). Pour M. Le Berre (1993, p.604), le territoire est avant tout une « simple aire d’extension d’un phénomène et ses limites ».

Le concept d’aménagement du territoire est également susceptible d’apporter des clés de lecture plus problématisées quant à l’analyse des représentations du territoire qu’ont les acteurs qui conduisent l’action économique dans la métropole lyonnaise. En effet, la politique économique déployée par les autorités locales depuis la survenue de la crise relève du vaste champ des politiques publiques, et plus globalement de l’aménagement du territoire, compte tenu des compétences d’intervention mobilisables par les acteurs locaux (urbanisme, aménagement de l’espace, planification), qui sont éminemment spatiales et territoriales. « Une politique d’aménagement est déterminée par l’objectif que l’on cherche à atteindre, mais aussi par la représentation que les responsables politiques se font de leurs territoires » (Lacoste, 1995).

Il est donc possible de postuler que la façon dont est perçue et analysée le territoire local, et particulièrement la base économique de l’agglomération lyonnaise et les particularités du système productif local, déterminent en grande partie, avec le contexte idéologique et économique d’ensemble et les moyens disponibles pour la mettre en œuvre, les orientations et les choix stratégiques de la politique économique développée à l’échelle de l’agglomération.

« A chaque génération, les sociétés héritent d’un territoire spécifique avec ses répartitions spatiales et avec lequel elles doivent compter dans leurs pratiques territoriales. A un moment donné, en fonction de ses préoccupations, la société perçoit ces caractéristiques, soit comme des atouts, soit comme des obstacles, vis-à-vis des objectifs qu’elle s’est fixé » (Le Berre, 1993, p.608). Le territoire et ses attributs socio-économiques constituent donc bien le référentiel incontournable, primordial de la politique économique qui vise ce même territoire. Selon cette acception, la territorialisation de l’action économique au niveau des territoires infranationaux peut être vue comme un processus d’ancrage référentiel de l’action dans les attributs spécifiques de chaque territoire local.

Ainsi, les représentations collectives de l’espace de manière générale, et plus précisément du territoire concerné, doivent être prises en compte dans l’analyse dès lors que l’on étudie des interventions politiques relevant de l’aménagement du territoire. « Privilégier le terme de territoire par rapport à celui d’espace, c’est admettre que le sens donné à l’étendue est plus important que l’étendue elle-même ; c’est retenir le symbolique comme pertinent dans un processus de structuration et d’organisation de l’espace » (Gumuchian, 1991).

Notes
11.

Selon le Petit Robert.

12.

Définition du Petit Robert.