Toute approche du territoire doit notamment tenir compte des échelles, car le choix même d’une échelle territoriale d’intervention ou de diagnostic renseigne sur la conception qu’ont les acteurs et les experts de l’espace considéré. Dans le cas de la métropole lyonnaise, l’analyse est en effet confrontée à la variété des échelles territoriales de référence : le SPL peut être abordé à l’échelle de l’agglomération restreinte, correspondant à peu près au territoire de la Communauté urbaine de Lyon, mais il peut également être appréhendé à l’échelle de la Région urbaine de Lyon, voire d’un vaste espace ne correspondant à aucune entité institutionnelle ou administrative, située à cheval sur la Région Rhône-Alpes, l’Auvergne et la Bourgogne (Labasse, Laferrère, 1960 ; Damette, 1994).
De la sorte, le territoire fonctionnel du bassin économique lyonnais n’est pas forcément en adéquation avec le ou les territoire(s) institutionnel(s), que ce dernier soit défini à l’échelle de la Communauté urbaine de Lyon, du département du Rhône ou même de la RUL, qui ne constitue cependant pas un niveau territorial de pouvoir, la structure institutionnelle correspondante étant dépourvue de compétence d’action.
Parler de la métropole lyonnaise pour qualifier le territoire institutionnel de la Communauté urbaine de Lyon renvoie donc également à un choix réfléchi de cadrage de l’analyse, déterminé à partir de l’observation du fonctionnement institutionnel local, mais également du contenu des sources disponibles concernant la base économique lyonnaise.
La description du système productif local (supra) s’appuie en effet essentiellement sur des documents d’études et / ou de recherche produits, soit par le milieu de la recherche locale et extra-locale, soit par les différents organismes institutionnels impliqués à des degrés divers dans la conduite de la politique économique territoriale (collectivités locales, Communauté urbaine, Agence d’urbanisme, organismes consulaires, INSEE…). Ces sources renseignent l’analyse sur les aspects structurels, qualitatifs et quantitatifs de la base économique de la métropole lyonnaise, mais ils apportent également un éclairage intéressant sur les choix opérés en matière d’échelle territoriale de référence par les différents acteurs en présence.
Tous ces documents permettent de mettre en évidence la variabilité de l’échelle territoriale de référence quand il s’agit d’étudier les caractéristiques du système productif lyonnais, et posent donc à l’analyse la question du niveau territorial à privilégier pour saisir de manière efficiente les logiques de territorialisation de la régulation économique à l’œuvre au niveau local. Quelle réalité territoriale privilégier ? L’agglomération urbaine ou l’aire urbaine définies par l’INSEE ? Le bassin d’emploi de Lyon ?
A ce problème d’ordre spatial s’ajoute également le problème de la diversité des statuts des différents niveaux territoriaux : certains sont des territoires institutionnels reconnus et compétents, comme les communes, la Communauté urbaine de Lyon, le département du Rhône, la région Rhône-Alpes, d’autres font figures de création institutionnelle dénuée de compétences légales comme la RUL, qui est une association de type loi 1901. Enfin, d’autres encore n’ont qu’une existence statistique, peu significative symboliquement et politiquement, voire même fonctionnellement : le bassin d’emploi, l’aire urbaine, l’unité urbaine…
Le cœur de cette recherche consiste à analyser l’émergence d’une forme de régulation économique territorialisée dans la métropole lyonnaise. Face à cet enchevêtrement d’unités territoriales aux statuts divers et à la grande variabilité des échelles d’analyse potentielles, le risque est grand de se perdre dans des flottements territoriaux. Nous avons donc choisi de privilégier l’échelle territoriale de l’agglomération lyonnaise dans son acception politique, c’est-à-dire le territoire « élargi » de » la Communauté urbaine de Lyon, en référence à la définition politique du territoire donnée plus haut.
Le terme « élargi » renvoie à la prise en compte dans l’analyse des communes du Sud et de l’Est de l’agglomération lyonnaise, qui ne sont pas membres de la Communauté urbaine, mais qui sont incluses dans le périmètre d’étude et d’application du schéma directeur de l’agglomération lyonnaise, « Lyon 2010 ». Ce périmètre territorial peut être considéré comme pertinent concernant l’action économique locale, dans le mesure où celle-ci est en grande partie déterminée par les grandes orientations de principe, ayant valeur réglementaire, fixées par le document de planification en vigueur (SD Lyon 2010) ainsi que par celui actuellement en préparation (SCOT) 13 (Voir cartes n°1 et 2).
Cette maille territoriale correspondant à l’agglomération lyonnaise (COURLY + communes incluses dans le périmètre de planification urbaine) semble ainsi être la plus pertinente pour tenter de répondre à la problématique de cette recherche, dans la mesure où l’objet d’étude est la politique économique conduite par les acteurs institutionnels que sont la Communauté urbaine et ses partenaires locaux. Le territoire effectif sur lequel s’applique le pouvoir politique et les compétences institutionnelles de la structure de coopération intercommunale est celui qui couvre les 55 communes membres, auxquelles s’ajoutent les quelques communes périphériques dont le fonctionnement, notamment économique, est directement rattaché à celui de l’agglomération centrale. Ce rattachement est également motivé par des questions de compétences institutionnelles : l’aéroport Lyon –Saint Exupéry, dont la gestion est assurée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon, qui est l’un des principaux acteurs et partenaires de la politique économique locale, se trouve notamment dans ce secteur de la périphérique de Lyon.
Nous utilisons donc indifféremment les expressions « métropole lyonnaise » et « agglomération lyonnaise » pour qualifier le même territoire d’étude, ainsi défini comme le territoire institutionnel couvert par les documents de planification urbaine et territoriale successifs de l’agglomération lyonnaise (SDAU, SD et SCOT), dont l’organisme institutionnel d’administration et de gestion principal est la Communauté urbaine de Lyon.
Source : SEPAL, 1992
Source : www.grandlyon.org
Le nouveau périmètre du SCOT à l’étude couvre 72 communes (55 du Grand Lyon et 17 extérieures, qui ne sont pas toutes les mêmes que celles du périmètre du SD : Brignais, Chaponost et Vourles en sont sorties, tandis que Communay, Givors, Grigny et Ternay y sont entrées).