Conclusion de chapitre

La sociologie de la gouvernance, comme grille d’analyse, permet ainsi de prendre en compte les évolutions économiques, politiques et sociales que connaissent les sociétés européennes à différentes échelles, en privilégiant l’entrée par le niveau local, territorial. Cette approche est donc tout à fait adaptée à notre questionnement sur les conditions d’émergence et les caractéristiques d’une forme nouvelle et territorialisée de régulation de l’économie dans la métropole lyonnaise. Nous ne reprenons toutefois pas ici la généalogie de la notion de gouvernance urbaine, amplement détaillée par d’autres (Le Galès, 1999 & 2003 ; Jouve, 2003 ; Gaudin, 2002), mais nous retenons la perspective de la gouvernance de l’économie développée par la sociologie économique et l’économie politique, en référence aux écrits de Max Weber, à l’histoire et à la sociologie des organisations.

Méthodologiquement, nous souhaitons nous inscrire dans cette même perspective d’analyse qui s’intéresse au jeu et aux rôles des groupes sociaux, des intérêts et des institutions locales dans la mise en place de formes de régulation par le territoire, induisant des conflits, mais également des logiques d’intégration entre les différents acteurs impliqués. Nous adoptons donc un angle d’analyse qui envisage la métropole lyonnaise comme une société locale incomplète, développant des formes de régulation de l’économie spécifiques, à travers un système d’action politique et institutionnel territorialisé. Cette analyse de la structuration politique et institutionnelle de la régulation économique au niveau local s’effectue également au regard de l’évolution du capitalisme et de la restructuration de l’Etat en France depuis cinquante ans.

Nous avons choisi de concentrer notre réflexion sur le volet politique et institutionnel de la régulation économique territoriale à l’échelle de la métropole lyonnaise, c’est-à-dire essentiellement sur la définition et la conduite d’actions en faveur de l’économie sur le territoire de l’agglomération lyonnaise. Le territoire de la métropole lyonnaise est ainsi envisagé comme une société locale incomplète et un lieu de régulation économique et politique. Il constitue une scène locale où s’organisent des intérêts et où sont définies des stratégies d’action collectives. Il s’agit dès lors de mettre en évidence le rôle des autorités locales, des institutions et des élites politiques, mais aussi le rôle des structures de représentation des intérêts économiques locaux et des entreprises à titre individuel, dans l’organisation du développement économique sur le territoire de la métropole lyonnaise.