II - La régulation économique étatique face au cas lyonnais

L’action directe de l’Etat en matière de régulation économique au niveau local est assez limitée, en dehors des dispositifs financiers de primes et d’exonérations fiscales. De fait, l’analyse de la mise en œuvre de la politique économique sur le territoire révèle la primauté des leviers financiers dans l’ensemble des outils utilisés par les pouvoirs publics pour atteindre les objectifs fixés, mais aussi leur incidence limitée. Leur attribution est cependant déterminée par des critères de localisation géographique (zones en crise) ou de transformation structurelle (reconversion), qui ne sont pas remplis dans l’agglomération lyonnaise. Par ailleurs, les actions de soutien ou de participation directe de la puissance publique au développement des secteurs industriels et tertiaires moteurs s’opèrent surtout au niveau national, à travers la prise de contrôle des grandes entreprises ou le soutien financier massif à la concentration des capitaux privés au sein de grands groupes industriels et bancaires.

Pour mettre en application la politique économique prévue par le Plan au niveau local, l’Etat dispose donc essentiellement d’outils territoriaux, comme la planification spatiale, la production d’équipements collectifs nécessaires au fonctionnement et à l’amélioration de l’environnement des entreprises, et l’aménagement de l’espace. Ils lui permettent non seulement d’intégrer les collectivités locales dans l’effort de soutien au processus d’industrialisation, de tertiarisation et de restructuration de l’économie nationale (Veltz, 1975), mais aussi de mieux encadrer et accompagner l’évolution des entreprises et des systèmes économiques locaux. La politique des métropoles d’équilibre de la DATAR offre en outre un encadrement conceptuel central pour la conduite de la régulation économique dans l’agglomération lyonnaise à partir de 1965, en traduisant les objectifs et contenus de la politique économique nationale en termes spatiaux et territoriaux.

La planification économique spatiale n’agit pourtant qu’à la marge en matière de régulation, même si elle occupe une place importante. Elle ne traite que très indirectement du problème économique, en s’inscrivant seulement comme un accompagnement des mesures et interventions directes réalisées par les pouvoirs publics. Le recours systématique à la dimension spatiale et territoriale de l’action publique en faveur de l’économie est ainsi révélateur de la difficulté pour l’Etat d’assurer directement la mise en œuvre de la politique de régulation économique autrement que par des aides financières et par l’accompagnement de la concentration industrielle et tertiaire, publique et privée, en agissant sur l’environnement des entreprises et des activités économiques tout en canalisant les possibilités d’intervention des pouvoirs publics locaux. Il permet aux autorités publiques centrales à la fois de contrôler la réalisation des objectifs de la planification économique nationale au niveau local et de promouvoir les intérêts des grands groupes industriels et bancaires dans l’agglomération lyonnaise.