Conclusion de chapitre

La déclinaison de la politique économique de l’Etat dans l’agglomération lyonnaise consiste donc principalement en des dispositions relatives à l’aménagement de l’espace, à l’urbanisme et à la planification territoriale, qui n’interviennent que de façon indirecte et marginale dans la régulation économique d’ensemble, malgré leur très forte dimension normative et le profond renouvellement des concepts territoriaux et opérationnels qu’elles occasionnent. Quelques mesures financières, incitatives ou contraignantes, accompagnent la logique d’intervention publique en faveur du développement économique au niveau local, mais elles n’ont qu’un impact effectif très limité sur les processus de localisation des activités industrielles ou tertiaires à l’échelle nationale.

Les leviers financiers, comme les possibilités d’intervention directe de la puissance publique sur le fonctionnement de l’économie et les dynamiques de croissance n’existent ainsi véritablement qu’au niveau étatique central. La politique économique conduite au niveau local se borne essentiellement à la production de surfaces d’accueil pour les activités industrielles ou tertiaires, ainsi qu’à la réalisation de grands équipements collectifs structurants à vocation économique. Ce type d’action correspond à la production d’externalités de substrat pour les entreprises (Cauquil, 2000), c’est-à-dire au niveau le plus basique de l’intervention publique dans le champ de l’économie (voir supra, 1ère Partie, Section 3).

En outre, la planification territoriale déployée à travers le SDAM de l’OREAM apporte seulement un encadrement, certes normatif pour le développement économique de la métropole lyonnaise, notamment vis-à-vis des projets spatiaux élaborés par les acteurs locaux, mais qui reste globalement limité à une dimension incitative vis-à-vis du comportement des entreprises sur le territoire. Le territoire n’est envisagé par la politique économique et d’aménagement de l’Etat que comme un simple support du développement par la technocratie étatique, il n’est pas utilisé comme un moyen mobilisable pour assurer ou faciliter l’expansion économique, ni comme une ressource et un outil à part entière de la régulation économique.

Les acteurs principaux de la mise en œuvre de la politique économique à Lyon, par le biais de l’aménagement du territoire, sont essentiellement extérieurs à l’agglomération lyonnaise et à sa région. L’importation de nouveaux concepts territoriaux et opérationnels au niveau local par les services de l’Etat est particulièrement visible à travers la définition spatiale de l’aire métropolitaine à l’échelle de la RUL, ainsi qu’à travers le développement des complexes industriels régionaux et du centre directionnel de la Part Dieu. Ces projets servent de vecteur pour la diffusion de la pensée aménagiste et planificatrice propre à la technocratie étatique, qui déploie son système d’expertise au service de la vision du développement économique portée par l’Etat au niveau local.

Cette conception de la gestion de la croissance sur le territoire s’avère être en grande partie calée sur les besoins et les intérêts des grandes firmes nationales et internationales. Il s’agit ainsi pour les services de l’Etat, grâce à la centralisation des capacités d’expertise et de production de l’aménagement spatial de la métropole lyonnaise, de contrôler directement les logiques de développement économique au niveau local, en s’assurant notamment la maîtrise des documents de planification territoriale et des grandes opérations d’aménagement, afin de les rendre conformes aux attentes des grands groupes industriels ou financiers du pays.