Conclusion de section

La mise en application de la politique économique de l’Etat français dans la métropole lyonnaise repose donc sur la toute puissance des services de l’Etat. Elle vise à réaliser les conditions de développement optimales pour les grandes firmes nationales en cours de constitution sur le territoire local, grâce à l’imposition de nouveaux concepts spatiaux et d’outils opérationnels véhiculés par les services de l’Etat. La puissance publique s’appuie sur le système de l’économie dirigée et de la concertation des forces vives du pays au niveau national pour se saisir de la promotion et du développement des intérêts économiques à l’échelle de l’agglomération lyonnaise, au nom de l’intérêt général.

Si l’intervention directe en faveur de la croissance et de la modernisation des structures productives est essentiellement conduite au niveau central par le biais de mesures financières incitatives, de dispositions réglementaires contraignantes et de grands programmes de soutien à l’innovation technologique et à la concentration économique, les actions d’accompagnement et d’encadrement spatial du développement, de nature indirecte, comportent un volet essentiellement territorialisé. La planification spatiale, l’aménagement et l’urbanisme sont en effet convoqués pour assurer la mise en œuvre des objectifs de la politique économique au niveau local. Ils s’appuient sur un vaste dispositif conceptuel, institutionnel, juridique et organisationnel qui confère un rôle central et dominant aux services de l’Etat dans la conduite de cette régulation économique indirecte par le biais de l’espace.

Dans ce contexte marqué par le dirigisme et le centralisme de la régulation économique publique, le système d’acteurs local de l’agglomération lyonnaise se trouve ainsi en situation de soumission au leadership de la puissance publique étatique. L’enjeu de la compétitivité économique du territoire et des firmes, comme l’intérêt des entreprises sont exclusivement portés par le niveau central, en référence à l’échelle du pays. Le territoire local ne constitue qu’un support pour la politique économique nationale et pour le redéploiement des structures productives et tertiaires, il n’est qu’un simple maillon de la chaîne de croissance.

Cependant, Lyon est une ville « berceau » du capitalisme libéral moderne. Ses responsables économiques et politiques n’ont donc pas attendu l’émergence de l’Etat dans les affaires économiques au sortir de la seconde guerre mondiale pour prendre en main leur destinée et le développement économique du territoire local. Malgré l’organisation de leur propre système de représentation des intérêts des entreprises et la participation de manière active à la régulation territoriale, grâce à la production d’une expertise solide sur les problèmes économiques et à la réalisation de grands équipements collectifs et d’aménagements de l’espace à vocation économique, ils se trouvent comme les pouvoirs publics municipaux dans une position de soumission aux logiques d’intervention de l’Etat.