Conclusion de Chapitre

Malgré les efforts du milieu patronal lyonnais pour développer sa propre capacité d’expertise dans le domaine de l’économie, de la planification territoriale et de l’aménagement spatial, afin d’accompagner et de faciliter l’élaboration des documents de planification dans la métropole lyonnaise, la constitution d’un important système d’expertise par les services de l’Etat et les réformes de l’organisation de la politique d’aménagement du territoire au niveau national remettent en question leur participation au processus de décision et de préparation de l’action en matière de régulation économique.

Les intérêts des grandes firmes nationales et internationales, portés par la technocratie étatique, se surimposent aux intérêts des entreprises locales. Les interrelations très étroites existant entre les responsables patronaux et les élites politiques lyonnais ne suffisent pas à préserver les possibilités d’influence des acteurs économiques locaux sur la conduite de la politique économique à Lyon, face aux logiques de développement et de gestion de la croissance sur le territoire de l’Etat central, qui se place au service de la compétitivité nationale. L’expansion des grands groupes dans l’agglomération lyonnaise conduit également à un certain renouvellement des élites économiques et à une réorganisation sensible des liens traditionnels unissant les représentants des entreprises et les responsables politiques à Lyon.

De la sorte, les objectifs et les orientations prévues pour l’agglomération lyonnaise dans le cadre de la politique des métropoles d’équilibre conduite par la DATAR et l’OREAM à la fin des années 1960 s’imposent de manière relativement autoritaire aux acteurs privés locaux, émanant du monde des affaires et de l’entreprise. Le patronat lyonnais se trouve ainsi dépossédé de ses possibilités d’influence sur la planification et l’aménagement au niveau local, marginalisé par rapport au système de décision local et obligé de subir les principes de la régulation économique territoriale édictés par le pouvoir central de l’Etat, fondés sur le rejet de l’industrie hors de l’agglomération et sur la tertiarisation accélérée de l’économie locale dans le cadre de la politique des métropoles d’équilibre.

Ce processus de mise à l’écart des acteurs économiques locaux s’accompagne d’une refonte profonde de l’organisation institutionnelle et territoriale des pouvoirs publics dans l’agglomération, qui conduit à l’émergence d’un nouveau niveau spatial et politique de régulation et de gestion de l’action publique, mieux adapté aux enjeux de développement et d’aménagement de la croissance portés par l’Etat.