II – La reconfiguration du paysage institutionnel et opérationnel

Lyon et sa région sont intégrées dans la politique nationale d’aménagement du territoire comme une des huit métropoles d’équilibre, censées assurer un contrepoids économique vis à vis de Paris, fixer spatialement l’expansion et la modernisation des structures productives de la France et accessoirement rivaliser économiquement avec les autres métropoles européennes non capitales. L’agglomération lyonnaise constitue ainsi l’un des supports géographiques nécessaires aux actions de régulation économique et d’aménagement du territoire, qui participent de la mise en oeuvre de la politique économique de l’Etat à l’échelle nationale.

A partir du milieu des années 1960, la mainmise des services étatiques sur la destinée économique et urbaine de l’ensemble lyonnais s’opère essentiellement par le biais de la DATAR et de l’OREAM, ainsi que par la création d’un établissement public de coopération intercommunale pour gérer le développement de l’agglomération lyonnaise : la Communauté Urbaine de Lyon (COURLY). La domination centrale sur le système d’expertise local se traduit également par le recours systématique aux services des bureaux d’études spécialisés de la CDC, directement ou par l’entremise de l’Atelier d’urbanisme de la COURLY (ATURCO) et de la Société d’Equipement de la Région Lyonnaise (SERL), sur lesquels les organismes parisiens et les services ministériels de l’Equipement exercent une influence technique et méthodologique importante.

Ce dispositif est mis en place par les autorités centrales afin de faciliter la mise en œuvre des interventions dans les domaines économique et de l’aménagement de l’espace, et pour renforcer les capacités de contrôle de l’Etat sur la régulation économique opérée par les différents acteurs dans l’agglomération lyonnaise. Il concrétise ainsi l’adaptation des structures locales de régulation économique et territoriale aux impératifs de la politique nationale de modernisation économique et d’équipement de l’espace. Il traduit également la forte centralisation de l’expertise technique et méthodologique organisée par le gouvernement, et sa volonté de canaliser les initiatives locales pour les inscrire dans les cadres définis au niveau central.