1- L’échec de la décentralisation industrielle et tertiaire

A Lyon, la politique des métropoles d’équilibre et la politique de décentralisation tertiaire se déclinent principalement à travers le projet d’aménagement du territoire régional et de planification spatiale contenu dans le SDAM. Les services de l’Etat posent ainsi les principes d’une politique volontaire et dirigiste de l’aménagement industriel, de la décentralisation tertiaire et du renforcement des fonctions de commandement économique dans la métropole lyonnaise. Le pouvoir central utilise les leviers financiers directs et les mesures réglementaires restrictives à sa disposition pour inciter les entreprises à adopter un comportement dans l’espace, qui soit conforme aux objectifs de la politique nationale (voir supra, Section 1). Pour améliorer l’impact limité de ces outils et favoriser la réalisation de ses objectifs économiques dans la métropole lyonnaise, l’Etat recourt également à des actions de nature plus indirecte relevant de l’aménagement spatial.

Sur le plan opérationnel, la politique économique et spatiale de l’Etat est en effet essentiellement mise en application à travers l’aménagement de deux complexes industriels régionaux situés en dehors de l’agglomération lyonnaise et la réalisation du centre directionnel de la Part Dieu dans le centre de Lyon. Les premiers sont voués à l’accueil de la grande industrie, notamment pétrochimique et sidérurgique, mais n’arrivent pas à s’inscrire en adéquation avec les enjeux et intérêts très changeants des grands groupes industriels visés. Le nouveau quartier d’affaires est quant à lui censé améliorer la capacité directionnelle de la métropole d’équilibre lyonnaise et attirer des sièges sociaux de grandes entreprises nationales ou internationales en dehors de Paris, mais il peine à contrebalancer les logiques de fonctionnement très centralisées de l’économie en France, dominées par les intérêts des grands groupes (voir supra, section 1).

La politique de décentralisation tertiaire s’accompagne pourtant d’un projet ambitieux au début des années 1970, qui consiste à faire de Lyon une place financière et bancaire de premier ordre, ressuscitant au passage un peu du glorieux passé économique de la ville. Ce projet, à l’instar des opérations d’aménagement spatial développés par l’Etat, est cependant également tenu en échec par les logiques économiques de fonctionnement très centralisées des grands groupes bancaires et d’assurances en France. De façon plus globale, l’entrée en crise du système économique d’ensemble contribue aussi pour une large part à faire échouer les initiatives déployées par l’Etat pour influencer le comportement des firmes et le fonctionnement de l’économie à l’échelle du pays et de la métropole lyonnaise.