Conclusion de Chapitre

Depuis le début des années 1980, la thématique économique ne cesse de monter en puissance au sein de l’agenda politique de l’agglomération lyonnaise. Elle est saisie par les autorités politiques municipales, mais aussi par les pouvoirs publics communautaires à partir de la fin des années 1980. Les motivations qui expliquent cette prise en main de la régulation économique par les autorités politiques locales sont nombreuses : contexte de crise, suppression d’emplois, mutation de la base productive lyonnaise caractérisée par une importante désindustrialisation du tissu économique qui n’est qu’en partie seulement compensée par le développement des activités tertiaires, légitimité institutionnelle conférée par les transferts de compétences de l’Etat, mais aussi ambition politique de certains dirigeants locaux comme M. Noir.

Plus largement, cet engouement progressif de la classe politique lyonnaise pour l’impératif économique correspond également à une volonté stratégique d’affirmer le pouvoir du niveau communautaire et son rôle en matière de développement économique par rapport aux autres échelons de collectivité locale que sont les communes, le département et la région. L’échelon intercommunal pâtit en effet de son statut d’établissement public, dénué de la légitimité démocratique directe : il compense donc en partie cette faiblesse relative en s’emparant de nouveaux champs d’intervention publique considérés comme stratégiques et primordiaux pour le développement du territoire.

La saisine de l’injonction à la compétitivité territoriale et à l’intégration des logiques de concurrence entre les grandes métropoles européennes par les pouvoirs publics communautaires de l’agglomération lyonnaise favorise en outre la soumission de l’ensemble des politiques urbaines locales à l’enjeu global du développement économique. Cette intégration fonctionnelle des différents domaines d’action publique au service de la régulation économique territoriale permet notamment de contourner le manque de compétences et de savoir-faire économiques spécifiques de l’organisme intercommunal (voir infra, Section 2).

La difficulté de mettre en place une véritable capacité d’intervention au sein du Grand Lyon malgré la reconnaissance légale du rôle de l’intercommunalité en matière de développement économique local constitue en effet l’une des particularités de l’émergence de la politique lyonnaise de régulation économique territoriale.