III - Montée en puissance de la compétence économique dans l’organigramme communautaire

Les évolutions rapides de l’organigramme communautaire à partir des années 1980 sont également révélatrices d’un mouvement politique de fond impulsé par l’équipe de F. Collomb et amplifié sous le mandat de M. Noir, qui vise à consolider la capacité d’intervention du niveau intercommunal dans le champ de l’économie, face au volontarisme de certaines communes et à la domination des structures patronales sur la définition de la politique économique au sein de l’ADERLY (voir infra, Section 3). Elles sont donc indissociables des efforts d’affichage et des effets d’annonce réalisés au même moment par les élus en charge des questions de développement pour renforcer la crédibilité et la légitimité du Grand Lyon dans le champ de la régulation économique territoriale, malgré l’absence de compétence officielle en la matière.

Un phénomène analogue est observé par la suite : parallèlement à la mise en avant de l’enjeu économique et de l’impératif de la compétitivité territoriale au sein des agendas politiques locaux successifs, le niveau intercommunal intègre la compétence d’intervention économique au cœur de ses services. Le sésame légal conféré par la loi ATR et la consolidation de la légitimité institutionnelle de l’organisme communautaire accompagnent ce renforcement des équipes techniques chargées de gérer les questions de développement économique dans l’agglomération au cours des années 1990 et 2000. Ils permettent aux services économiques du Grand Lyon de s’étoffer et de diversifier leurs prérogatives d’action, entre aménagement du territoire au service de l’économie et acculturation aux approches stratégiques.

La mise en place de la TPU dans l’agglomération et la conduite de réflexions sur la définition de l’intérêt économique communautaire ouvrent enfin une nouvelle phase de domination politique pour les services économiques du Grand Lyon. Ceux-ci ancrent en effet leur action de développement dans le territoire local, alors qu’ils tentent de jouer le premier rôle dans le système d’acteurs de la régulation économique territoriale en s’appropriant la maîtrise de la poursuite de l’intérêt des entreprises.