La Direction des Affaires Economiques et Internationales

L’autre action significative de mise en application de la loi ATR est en effet la création de la Direction des Affaires Economiques et Internationales (DAEI) du Grand Lyon en 1993. Ce nouveau service économique concrétise de façon beaucoup plus visible et technocratique que la SODERLY la légitimité institutionnelle communautaire à intervenir de façon officielle et plus directe dans le champ de l’économie sur le territoire.

Tantôt complémentaire, tantôt concurrente de la MDE et de l’ADERLY, elle est chargée de s’occuper de l’approche stratégique de la politique économique communautaire, de la définition des appuis à apporter aux entreprises existantes, des politiques de filières, de la réflexion sur l’urbanisme commercial, de la coordination des actions avec les autres organismes impliqués dans le développement économique local (AGURCO, CCIL, ADERLY) et de la sensibilisation des services communautaires aux besoins et contraintes des entreprises.

La DAEI fait partie des services opérationnels du Grand Lyon, qui regroupent les différentes missions techniques de l’aménagement et de la gestion du territoire communautaire. La professionnalisation du fonctionnement de la nouvelle direction, majoritairement constituée de techniciens formés aux logiques du management et du développement stratégique, est cependant destinée à favoriser l’efficacité économique de ses interventions, qui visent l’attraction, le développement et l’implantation des entreprises sur le territoire (voir infra, Section 2). Des objectifs de qualité, d’identification et de différenciation sectorielle ou géographique des projets motivent également cette démarche d’encadrement de l’action communautaire en faveur du développement économique.

La DAEI se charge de faire se rencontrer l’offre de sites d’accueil de l’agglomération et les demandes des entreprises porteuses de projets, empiétant sur les prérogatives de la MDE, ainsi que sur celles de l’ADERLY (voir infra, Section 3). Elle s’empare également de l’accompagnement et l’accueil des nouvelles installations d’établissements dans l’agglomération, s’inscrivant dans un rapport ambigu de complémentarité concurrentielle avec l’association pour le développement économique : il devient de plus en plus difficile d’attribuer la réussite d’une implantation à l’une ou l’autre des structures, que chacune revendique dans son bilan d’activités 252 .

Elle se saisit enfin de la problématique industrielle et environnementale, en élaborant une Charte d’implantation d’installations classées 253 et en s’engageant dans la réalisation d’une Eco-ZI 254 localisée sur le site à vocation économique de Porte des Alpes (voir infra, Section 2), en collaboration avec la DRIRE, la CCIL et le GIL. Plus largement, La DAEI investit l’ensemble du champ de la concertation avec les acteurs économiques (syndicats professionnels, artisanat et PME/PMI, grandes entreprises de service public, CCIL, ADERLY) et du dialogue avec les entreprises, empiétant progressivement sur les missions et rôles dévolus aux organismes économiques locaux au sein du système d’acteurs local de la régulation économique territoriale (voir infra, Section 3).

En 1995, la DAEI organise la mission d’accueil des projets des entreprises autour de deux ébauches de services : Entreprises et Projets. Elle change de direction en 1996, mais poursuit les mêmes missions. En 1997, l’organisation interne est encore modifiée pour s’adapter aux nouvelles orientations politiques et stratégiques données à l’action économique communautaire par la mandature de R. Barre (voir supra). Elle s’enrichit notamment d’un nouveau service chargé du marketing territorial, tandis que le service des projets opérationnels se voit confier la gestion du nouveau Plan Technopole, qui occasionne le développement d’actions en faveur de l’innovation et des filières technologiques 255 . Elle développe également les fonctions d’études (études des besoins des entreprises et analyse de marchés, identification des filières d’activités et des fonctions économiques) et de coordination / concertation.

Le rôle de la DAEI se trouve ainsi considérablement renforcé à la fin des années 1990 : accueil et accompagnement des projets des entreprises, aide à la décision pour l’exécutif politique (information économique et veille conjoncturelle et structurelle, renseignement sur les entreprises de l’agglomération, évaluation de la politique économique et définition de la stratégie d’agglomération). Elle escamote toujours plus le rôle de l’ADERLY, qui ne devient qu’une simple agence de promotion territoriale et de prospection agissant essentiellement à l’extérieur de l’agglomération, et n’ayant qu’une mission subalterne de sous-traitance par rapport aux services économiques communautaires (voir infra, Section 3). Si la DAEI est censée organiser les relations entre l’organisme communautaire et l’ADERLY (Côté cour, côté jardin, 1996), elle agit dans les faits plutôt dans le sens d’une substitution de ses services à ceux de l’association de développement économique local.

Le volet opérationnel des projets couvre aussi un large panel d’actions prises en charge par la DAEI, par filières 256 et fonctions prioritaires (activités technopolitaines et sites stratégiques) ou de façon plus thématique (créations et villages d’entreprises, emplois de proximité, équipements structurants). Elle assure plus globalement la mise en lisibilité du potentiel de localisation disponible pour les firmes sur le territoire, en replaçant les différents projets urbains stratégiques au service du développement économique et en veillant à la prise en compte des besoins des entreprises dans les opérations d’aménagement et d’urbanisme de l’agglomération.

Notes
252.

Rapports d’activités de la DAEI dans le Rapport annuel du Grand Lyon, 1994, 1995, 1996, 1997, 1998. Source : Archives du Grand Lyon dépouillées par R. Linossier en juin 2004.

253.

Charte des implantations industrielles, Grand Lyon / CCIL / GIL – Patronat du Rhône, 10 janvier 1995.

254.

Concept de zone industrielle expérimentale, pilote en matière de protection de l’environnement, de services intégrés de traitement des déchets et des effluents, et de partenariat institutionnel pour son portage.

255.

Biotechnologies et Technologies de la Santé, nouvelles technologies de l’information et de la communication.

256.

Agro-alimentaire, textile – habillement, environnement et génie des procédés, logistique, équipement automobile, etc.