La deuxième moitié de la mandature de R. Barre est marquée par une nouvelle réorganisation de la DAEI, consécutivement à la montée en puissance de la politique économique communautaire (Plan Technopole, SDE, Millénaire 3) et à l’arrivée de nouveaux responsables de services 257 . A cette occasion, la MDE est absorbée par la DAEI, qui regroupe désormais en son sein l’ensemble des services communautaires en charge des questions économiques. Les années 2000 s’ouvrent ainsi sur la consécration du service de développement économique du Grand Lyon au sein de l’organigramme communautaire, qui accompagne la priorité, voire la primauté conférée à l’enjeu stratégique de la régulation économique territoriale par les deux derniers exécutifs politiques.
Cette période est en effet dominée, du point de vue des questions économiques, par la dimension internationale, l’innovation et les activités technologiques avec la relance du Plan Technopole, ainsi que par les démarches stratégiques et managériales de prospective (voir le rôle de la Mission Prospective et Stratégie d’agglomération dans la démarche Millénaire 3). Les actions de la DAEI, comme son organisation, reflètent alors logiquement ces orientations : études de stratégie et de positionnement, veille et prospective économiques, bench-marking, accent mis sur les filières et les pôles de compétences, etc.
La DAEI est regroupée avec la Direction des Affaires Foncières (DAF) au sein de la nouvelle Délégation Générale au Développement Economique et International (DGDEI). Sa relation hiérarchique avec la présidence du Grand Lyon est plus directe qu’auparavant, afin d’optimiser la réactivité opérationnelle des services et l’efficacité économique de ses actions. Les compétences économiques spécifiques des personnels de la DAEI sont encore renforcées, grâce au recrutement de nouveaux techniciens issus des filières économique, du management et du monde de l’entreprise. L’équipe compte ainsi moins de 10 personnes jusqu’à 1998, mais plus d’une vingtaine de personnes à partir de 1999, 27 en 2000, et près de 40 fin 2003.
Elle est organisée de façon matricielle, d’abord selon 5 missions principales jusqu’à 2001 : animation territoriale, technopôle, filières et pôles d’excellence, implantation et accompagnement, développement et communication. Les fonctions de veille, de prospective, d’études, d’évaluation et de financement sont conduites de façon plus ou moins transversale (DAEI, 2001). Entre 1998 et 2001, la DAEI voit donc ses préoccupations en matière de stratégie économique et de logiques de filières fortement augmenter, avant que ces logiques d’action très immatérielles, à la marge du champ de compétences et des savoir-faire techniques du Grand Lyon, ne connaissent un certain repli après l’arrivée de l’équipe politique de G. Collomb, du moins ne soient réinsérées dans un dispositif d’intervention économique plus territorialisé et plus proche des prérogatives d’action de la collectivité.
Le changement de mandature entraîne en effet un nouveau remaniement de l’organigramme de la DAEI en 2002. L’organisation matricielle est cependant conservée, mais sous la forme de trois pôles thématiques placés sous la responsabilité d’animateurs. La logique transversale est également réaffirmée et renforcée, au gré d’un dispositif alliant les démarches « schémas », « transversalité » et « mode projet », centrées sur la logique du développement local (voir infra, Section 2).
Le Pôle Innovation est chargé de l’approche par filières d’activités (Bio-Santé, Numérique et Mode-Création), des relations internationales, des actions en faveur de la création d’entreprise et des dynamiques d’innovation à travers la réalisation de schémas thématiques de développement économique. Le Pôle Développement local s’occupe de l’animation territoriale économique et technopolitaine, de la requalification des zones industrielles, de la veille économique et des relations avec les plus grandes firmes de la métropole, selon une approche de l’action centrée sur la transversalité des actions avec les deux autres pôles. Le Pôle Implantation gère l’urbanisme commercial et les loisirs marchands, l’offre foncière et immobilière et les salons ou autres dispositifs de communication économique (événements médiatiques, site Internet, etc.).
Cependant, deux postes de chargés de mission « animation territoriale » sont créés au sein de la DAEI en 1999. Ils marquent un tournant dans la conception de l’action économique du Grand Lyon, jusque là fortement centralisée et peu territorialisée. Leur rôle est d’assurer l’interface entre les services communautaires et les acteurs du développement économique présent sur le territoire (communes, entreprises, représentants de la CCIL, associations, etc.). Une démarche analogue est mise en place pour gérer le Plan Technopole au plus près du terrain, concrétisée par le recrutement d’animateurs sur les sites technopolitains de Gerland, la Doua et Vaulx-en-Velin (voir infra, Section 2).
Cette territorialisation progressive de l’intervention économique amorcée par la DAEI participe d’une double dynamique qui vise d’une part à rapprocher les services communautaires des entreprises, et d’autre part à mieux occuper le terrain au niveau local, notamment en lieu et place des services économiques des communes membres et de la CCIL (voir infra, Section 3). Les premiers ont en effet développé depuis les années 1980 de nombreuses initiatives en faveur du développement économique sur leur territoire municipal, qui concurrencent, doublent ou masquent parfois les interventions communautaires. Les communes sont notamment actives en matière d’animation et de promotion économique locale, de soutien aux projets de création ou de développement d’entreprises, de gestion du marché immobilier d’entreprises et des zones d’activités, de commerce de proximité et d’artisanat. Les élus municipaux sont également jaloux des relations souvent étroites et directes qu’ils entretiennent avec les chefs d’entreprise et le tissu économique local.
Ainsi, la volonté des responsables du Grand Lyon et de la DAEI d’asseoir une action de plus en plus globale et transversale en matière économique se heurte à un problème de légitimité et de concurrence institutionnelle préoccupant, essentiellement vis-à-vis des services économiques municipaux et des élus locaux. En effet, la compétence de développement économique conférée par la loi ATR n’a pas été actée par un vote officiel du conseil communautaire en 1992, plaçant les interventions communautaires dans une situation de flou juridique problématique, particulièrement vis-à-vis de la légitimité institutionnelle de l’action déployée par les communes. La relance de l’intercommunalité à travers l’instauration de la TPU et l’attribution de nouvelles compétences à la Communauté urbaine, promue par la loi Chevènement de 1999 (voir supra), aggrave encore le dilemme, obligeant l’organisme communautaire à revoir ses statuts et la répartition des compétences entre le niveau intercommunal et les municipalités.
J.-L. Meynet, délégué général au développement économique et international et F. Payebien, son adjoint chargé de diriger la DAEI avec N. Sibeud, ancienne responsable de la MDE.