1- Le rôle pilote des acteurs économiques dans les années 1980

Les représentants patronaux revendiquent tantôt la liberté de gestion des localisations économiques par le marché privé, tantôt leur nécessaire gestion par les pouvoirs publics à travers les documents de planification et la réalisation (c’est-à-dire le financement) des grandes infrastructures de transport et des grands équipements collectifs à vocation économique (routes, autoroutes, voies de chemin de fer, voies fluviales, barrages et écluses, aéroports, ports industriels, palais des congrès…). Cette ambivalence de la position patronale vis-à-vis de l’interventionnisme public est une constante des relations entre sphères économique et politique partout en France, au moins depuis le 19ème siècle (Autin, 1984). Les acteurs économiques lyonnais (industriels, promoteurs et investisseurs) entendent ainsi faciliter la réalisation de leurs projets de développement, en maintenant leur position avantageuse de « conseiller du prince » dans le système d’acteurs local. Dans l’agglomération lyonnaise, ils bénéficient du rôle central conféré à leurs organismes de représentation (CCIL, GIL) dans le système d’acteurs de la régulation économique territoriale, par le truchement de l’ADERLY.

Le partenariat politique et financier existant entre la COURLY, la CCIL et le GIL matérialise en effet l’établissement au niveau local d’un dialogue étroit et permanent entre les organismes professionnels, les syndicats patronaux, les grands groupes, les entreprises industrielles locales et les collectivités locales (municipalités, CGR, COURLY), au service du développement économique et de l’intérêt des entreprises (voir supra, 2ème Partie, Section 3). La très forte intégration politique et technique existant entre les différents organismes partenaires au sein de l’ADERLY durant les années 1980 (voir supra, Section 2) favorise le fonctionnement optimal du système d’acteurs au service de la politique économique locale, chacun s’attachant à harmoniser et coordonner les diverses initiatives sous une bannière unique.

Elle permet aux autorités politiques lyonnaises d’adapter l’intervention en faveur de l’économie aux attentes et intérêts des acteurs économiques lyonnais à l’échelle du territoire local, de renforcer le pragmatisme de la régulation économique et de faciliter la mise en œuvre de certains volets de l’intervention, pour lesquels la COURLY n’a ni compétences, ni savoir-faire, ni légitimité d’action.

L’ADERLY, et la CCIL qui héberge son personnel technique, occupent ainsi le principal rôle dans la conduite et la mise en œuvre de la politique économique locale jusqu’aux années 1990, en gérant la promotion territoriale, la prospection à l’extérieur, l’accueil des entreprises dans l’agglomération et l’information concernant le marché foncier et immobilier à vocation économique. Elles portent aussi la vision stratégique du développement économique de l’agglomération lyonnaise : réflexions sur la pertinence de l’échelle métropolitaine pour le développement économique (Région lyonnaise) ; stratégie d’internationalisation, et portage de l’argument technopolitain avec le lancement du premier Plan Technopole en 1984.