II – L’instauration de relations directes entre le Grand Lyon et les entreprises

Au tournant des années 1990, les autorités politiques lyonnaises s’emparent de la thématique du développement économique au sein du Grand Lyon. Elles multiplient les relations directes avec les entreprises, confortées et légitimées dans cette démarche par le nouveau cadre légal de l’intercommunalité en France, qui confère la compétence de l’action économique au niveau intercommunal. L’adoption de la TPU en application de la loi Chevènement de 1999 accélère encore le processus d’affirmation du pouvoir politique du Grand Lyon sur les questions relatives à la régulation économique territoriale. Elle permet en effet à l’organisme communautaire de revendiquer une nouvelle légitimité institutionnelle à se saisir des questions de développement économique.

La DAEI du Grand Lyon s’approprie la culture managériale et le sens de la défense des intérêts des acteurs économiques au contact direct avec les entreprises. Le renforcement des relations et des échanges avec ce milieu à partir du milieu des années 1990, que ce soit par le biais des opérations d’urbanisme concédées à des opérateurs privés ou par l’entremise d’une augmentation de la participation des entreprises à la conduite de la politique économique, favorise en effet les logiques d’imprégnation culturelle des services techniques et de transfert de compétences de la sphère privée vers la sphère publique.

La principale conséquence de ce mouvement de rapprochement entre pouvoirs publics locaux en charge de la politique économique et acteurs économiques privés porteurs de l’intérêt spécifique des entreprises, tant du point de vue des méthodes d’action que des approches culturelles et professionnelles (voir supra, Section 2), est un phénomène d’intégration progressive de la défense de l’intérêt des entreprises par l’organisme communautaire. Celui-ci interroge les limites de l’action publique en faveur du développement économique territorial sous un jour nouveau, puisqu’il conduit à confondre l’intérêt général, collectif ou public local, avec celui d’une partie seulement des acteurs présents sur le territoire local.