Les aspirations d’une famille des classes moyennes

La définition de la position sociale occupée par les Remillieux au sein de la société lyonnaise se heurte au problème de vocabulaire classiquement rencontré par tous ceux qui ont eu à réfléchir à la question des classes moyennes 279 . Quand Bernadette Angleraud veut tracer les limites sociales du groupe des boulangers dans l’introduction de sa thèse, elle se résigne à le définir par la négative : « bloc social entre classes populaires et bourgeoisie », la « petite bourgeoisie » boutiquière n’appartenait ni au « milieu ouvrier » ni à « la bourgeoisie » 280 . Elle ne fait que reprendre là les conclusions adoptées par Christophe Charle dans son ouvrage de synthèse sur l’histoire sociale de la France au XIXe siècle 281 . Dans le chapitre qu’il consacre à « l’essor des classes moyennes » durant la Troisième République, il commence par attirer l’attention du lecteur sur la diversité de ces classes moyennes et explique que, s’il existe bien une certaine unité, elle est « pour partie négative » 282 . Il conclut en revenant sur cette définition par la négative : « L’expression “classe moyenne”, synonyme de bourgeoisie dans la première moitié du XIXe siècle, a pris un sens tout autre en se déclinant au pluriel à la fin du siècle. Elle sert à englober tout ce qui cherche à échapper au peuple (ouvrier ou paysan) sans être sûr d’accéder à un statut bourgeois incontestable » 283 . Entre son introduction et sa conclusion, Christophe Charle décline toutes les façons d’être des classes moyennes. Dans son inventaire, on a pu reconnaître à plusieurs reprises le cas des Remillieux, héritiers d’une petite bourgeoisie 284 boutiquière ou participant du monde des employés. Il sera facile de montrer qu’ils rassemblaient effectivement les critères délimitant ce bloc social intermédiaire, taraudé par la hantise du déclassement et animé par l’espoir de la promotion sociale 285 . Mais l’entrée de Laurent Remillieux dans le groupe des employés ajoutait encore d’autres paramètres à ceux de l’héritage boutiquier. On ne reviendra évidemment pas sur les problèmes épistémologiques liés au thème de l’histoire des employés en ce début du XXe siècle et concernant d’abord la complexité d’une définition de ce groupe social. Delphine Gardey, dans sa thèse sur les employés de bureau en France de 1890 à 1930, a résumé dans un premier chapitre ces problèmes et a retracé les caractéristiques générales et la diversité du groupe 286 . Cette synthèse a aussi permis de saisir Laurent Remillieux père dans la spécificité de son emploi de comptable.

Le travail de Delphine Gardey nous renseigne effectivement sur la place des comptables au sein de la hiérarchie qui structurait le groupe des employés. On apprend qu’avant 1914, les fonctions financières et celles de calcul étaient les mieux rémunérées, et que sur ce point les comptables semblaient donc au sommet de la hiérarchie. Ils appartenaient ainsi à la minorité d’employés qui « conserv[aient] un certain niveau social, et continu[aient] de bénéficier de l’aura sociale qui [avait entouré] la position d’employé de bureau au XIXe siècle » 287 . Leur recrutement ne dépendait pourtant pas encore d’une formation professionnelle spécifique. On ne réclamait qu’un bon niveau d’instruction et une bonne culture générale, autrement dit principalement la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul. « L’essentiel se jou[ait] dans l’apprentissage in situ ». Il faut cependant préciser que le « savoir-être » comptait tout autant que le « savoir-faire » 288 . Les attitudes et les comportements de Laurent Remillieux devaient donc se conformer à ceux de ses employeurs et en cela on rejoignait l’aptitude des classes moyennes à imiter le mode de vie des élites. La position de Laurent Remillieux découlait aussi de celle de son patron. La Maison Beaumont était implantée au 17 de la rue de la République, l’ancienne Rue Impériale qui avait focalisé les projets d’urbanisme du préfet Vaïsse sous le Second Empire. Désormais au centre d’un quartier d’affaires rénové, elle jouissait d’un environnement propice à l’artisanat et au commerce de luxe que représentait bien la joaillerie. Dans la correspondance familiale des Remillieux des années 1901 et 1902, le travail du père « au magasin » était à plusieurs reprises commenté. On se ravissait de l’installation du téléphone et on évoquait les diamants que Laurent Remillieux était amené à approcher. Chaque mention de la famille des Beaumont était entourée d’un respect jamais dissimulé.

Au fur et à mesure des années passées dans la Maison Beaumont, Laurent Remillieux était devenu l’employé de confiance auquel on faisait partager des moments de l’intimité familiale. En mai 1901, Augustine Remillieux aidait à la préparation du mariage du fils de Jean Beaumont, Joseph. Le couple était aussi invité avec ses enfants dans la propriété que les Beaumont possédaient à la périphérie de Lyon, dans les environs de Cusset 289 , dans le quartier de Croix-Luizet en formation, encore largement marqué par son passé rural. L’agriculture n’y avait pas encore été chassée par les activités industrielles qui commençaient tout juste dans les années 1890 à marquer l’espace de cette périphérie de Villeurbanne 290 . Les Beaumont avaient fait construire une des « habitations d’été » qui accueillaient le long de la route de Vaux ou du chemin Gaillard des bourgeois profitant le dimanche ou pendant les mois d’été des charmes d’une campagne proche de Lyon 291 . C’était d’ailleurs par leur intermédiaire que les frères Remillieux avaient commencé à nouer des liens avec la paroisse de Saint-Julien de Cusset. Les Remillieux pouvaient profiter de la mise en service, aux alentours de 1900, d’une ligne de tramway qui les conduisait depuis les Brotteaux jusqu’à Croix-Luizet. Ces invitations venaient renforcer les rêves de résidence secondaire d’Augustine Remillieux qui aimait à passer ses vacances, entourée de ses enfants, à la campagne, dans une propriété à Saint-Clair, près de Vienne. En ce XIXe siècle finissant, alors que la bourgeoisie s’était mise à imiter le modèle aristocratique, l’élite urbaine sacrifiait au plaisir de la villégiature pendant la belle saison 292 . Si l’on ne possédait pas de propriété personnelle à la campagne, on louait une maison de vacances ou on s’installait à l’hôtel. Cette pratique qui ne valait que pour les classes dominantes, Augustine Remillieux tentait de l’approcher lors des vacances de Pâques ou d’été dans la région d’origine de la famille de son mari. Ses enfants, en revanche, concevaient différemment leur séjour dans les environs de Vienne. C’était « le retour aux sources et aux origines familiales » qui interpellaient d’abord les aînés, de la même façon que ce fut plus tard la préoccupation qui marqua le « retour à la campagne » des ouvriers et des employés 293 . En 1900, parti à la recherche des origines familiales, le jeune Laurent Remillieux avait consulté, à la cure de la paroisse de Saint-Clair, un registre de catholicité où il avait retrouvé la trace d’un Simon Remillieux qui habitait Chuyer (dans la Loire ?) en 1660. Mais il annonçait aussi fièrement à ses frères que la maison où ils résidaient était « une très illustre maison » 294 . En fait, comme le révélait une lettre d’un certain Joseph Levet, c’étaient les relations familiales de leur père qui les avaient amenés à fréquenter cette maison. Le nom des Levet était en effet apparu lors de la consultation des registres d’Etat civil dans un acte de mariage liant cette famille à celles des Joly, des Dutrieux et des Remillieux. Joseph Levet apparaissait dans sa lettre comme le gardien de la propriété.

‘« S’est bien temps que je me décide pour accuser réception de l’envoi que vous m’avez envoyé le trois octobre. Je peut bien dire que avec les vendanges et les pressailles on ne pouvaient pas arrivé à faire son travail. Maintenant nous sommes un peu moins pressés. Je vais vous dire que j’ai fait tout le nécessaire chez Mr Jullien. Le tapis est lavé le billard est couvert. J’ai mis une bonne dose de la boîte que Madame avait laissé ainsi que sur les lits et les effets. Je pense que rien ne craindrat pour les bêtes. A Saint-Clair depuis le départ de ces Messieurs sa fait un grand vide il n’y a pas de mouvement ; nos enfants tous les jours en parlent il voudraient d’abord les vacances pour pouvoir faire quelques petites parties. Dans l’attente de se revoir ma femme et mes enfants se joignent pour présenter nos meilleures amitiés. [sic] » 295

L’orthographe et la syntaxe mal maîtrisées renseignent sur le niveau culturel et social de l’auteur de la lettre. Ce dernier s’adressait avec une déférence incontestable à Laurent Remillieux qui, avec ses enfants, symbolisaient ces « messieurs » venant de la grande ville pour les vacances. Mais ils n’en appartenaient pas pour autant au monde inabordable des classes dirigeantes. Joseph Levet pouvait encore leur présenter ses amitiés et rappeler les jeux communs des enfants. La frontière entre les classes populaires et les classes moyennes demeurait perméable.

Les rapports entre les Beaumont et leur employé restaient beaucoup plus marqués par la différence sociale qui séparait les deux familles, mais les Remillieux ne semblaient pas s’en offusquer. On ne peut bien sûr envisager les relations développées en dehors de la vie professionnelle, que dans une perspective paternaliste que favorisait la structure de la petite entreprise. Elles étaient cependant appréciées des Remillieux qui avaient de cette façon l’occasion de côtoyer des membres reconnus de la bourgeoisie lyonnaise. Ainsi Laurent Remillieux ne se formalisait aucunement du désistement de Jean Beaumont invité à la cérémonie de son sous-diaconat en décembre 1904, et se contentait de ses vœux qui accompagnaient la réalisation en cours de sa vocation sacerdotale 296 . Dix ans plus tard, il annonçait avec plaisir à Louis et à sa mère la participation d’Emilie à une soirée mondaine organisée au profit de la paroisse de Croix-Luizet, dont les Beaumont figuraient parmi les instigateurs 297 , même si la présence de sa sœur ne s’expliquait que par la fonction de serveuse qu’on lui demandait de remplir pour un soir.

‘« Hier soir a eu lieu à l’hôtel de la chanson une très sélecte réunion mondaine au profit de Croix-Luizet. La tenue de soirée était conseillée dans un article du “Tout Lyon”. Vous voyez la note… Or M. Beaumont a fait demander Emilie et Mlle Pailleux pour tenir le buffet. » 298

Les conseils des Beaumont étaient sollicités dans maintes affaires, surtout celles qui mettaient les Remillieux aux prises avec des notaires pour des questions d’héritage ou de vente de biens immobiliers. Durant les années qui précédèrent la guerre, la protection que les Beaumont accordaient à la famille Remillieux s’étendit à une aide financière. Lors de la maladie de son père et après sa mort, Laurent Remillieux sollicita d’eux un prêt personnel qui lui fut accordé moyennant des garanties qui montraient qu’on restait tout de même dans le domaine quelque peu impersonnel des affaires. Les difficultés financières des Remillieux, déjà esquissées depuis 1904, remplissaient une large part de leur correspondance à partir de 1908. C’est dire que le cancer de Laurent Remillieux qui s’était apparemment déclaré en 1911 n’expliquait pas à lui seul l’infortune familiale. Il était difficile d’entretenir un ménage qui comportait cinq enfants et dont les trois fils avaient suivi de longues études. Mais les habitudes de consommation et le mode de vie des Remillieux étaient aussi en cause.

Laurent Remillieux naquit le 26 février 1882 au domicile de ses parents, 41 rue Franklin, dix mois après leur mariage. La famille habita plus de dix ans à cette adresse, avant de déménager pour le 8 de la rue Bourgelat qui se situait tout près de la basilique d’Ainay. En 1896, dix-sept ménages étaient recensés dans cet immeuble. La seule occupation des femmes nous donne une idée du niveau social de ses habitants. Plusieurs d’entre elles travaillaient même quand elles n’étaient pas seules à subvenir aux besoins de la famille : ouvrière, couturière ou chevilleuse, elles renvoyaient à la nécessité économique d’un deuxième emploi vécue par de nombreuses familles des classes populaires. Une blanchisseuse et une domestique se comptaient aussi parmi les chefs de ménage. Pourtant l’immeuble offrait une certaine diversité sociale à laquelle contribuaient les Remillieux. Le grand-père, Laurent Combet, vivait désormais avec eux et ses revenus de rentier s’ajoutaient à ceux de son gendre. Augustine Remillieux ne travaillait pas mais était aidée dans ses tâches de ménagère par une domestique. La famille s’était agrandie de quatre nouveaux enfants, Jean né en 1886 après le décès d’un deuxième fils, Louis né en 1889, Emilie et Marie nées en 1891 et 1893. Les listes nominatives du recensement suivant notaient la présence d’un petit dernier, Joseph, né en 1897. Le 8 de la rue Bourgelat accueillait alors une population quelque peu différente. En 1901 en effet, quand le chef de ménage était un homme, l’épouse ne travaillait plus et ce de façon systématique. Parmi les chefs de famille, cinq se trouvaient sans profession, un se déclarait papetier, quatre autres appartenaient à la catégorie des employés et le dernier dont on connaissait l’occupation professionnelle était ouvrier. Les Remillieux employaient toujours une domestique. La présence d’une employée de maison logée à leur domicile assurait leur appartenance au monde des classes moyennes et on verra que les Remillieux étaient prêts à bien des sacrifices pour conserver cet attribut. A l’automne 1901, les lettres de Laurent Remillieux à ses parents commençaient à évoquer la perspective d’un déménagement, très attendu, qui devait les conduire dans le cinquième arrondissement, sur la colline de Fourvière. Des travaux étaient menés pour rénover un appartement au 14 du chemin de Montauban où la famille sembla s’installer au cours de l’hiver suivant.

Le dénombrement de la population de 1906 trouva donc les Remillieux chemin de Montauban. Les deux aînés n’habitaient plus avec eux, mais à la domestique s’ajoutait maintenant une pensionnaire autrichienne recensée comme étudiante. Le voisinage mêlait aux employés (parmi lesquels on distinguait un autre comptable) appartenant à la classe moyenne des salariés, des représentants du petit patronat (un tailleur ou encore un artiste peintre) et des rentiers, membres d’une classe moyenne indépendante. On trouvait donc en ces lieux un véritable concentré du monde des classes moyennes et finalement le fait d’avoir quitté le quartier d’Ainay ne constituait pas le signe d’un déclassement social pour les Remillieux, si l’on comparait les résidents du 8 rue Bourgelat à ceux du 14 chemin de Montauban. Un dernier changement de domicile, avant la mort du père, amena la famille en 1910 dans le troisième arrondissement, au 18 du quai de la Guillotière. La correspondance échangée entre Laurent Remillieux et ses parents au cours du premier semestre 1910 rendait compte de la recherche d’un nouvel appartement et des tractations liées à sa prochaine location. Les Remillieux voulaient trouver un grand appartement qui leur permît d’accueillir des pensionnaires plus nombreux. Alors que Laurent Remillieux tentait de circonscrire les recherches au quartier des facultés et évoquait même la possibilité de se renseigner sur les locations du quartier Perrache, ses parents avaient jeté leur dévolu sur un immeuble du quai Gailleton, solution qui les ramenait en fait dans le quartier d’Ainay. Le prix trop élevé de la location (deux mille sept cents francs pour une année autrement dit la moitié environ du salaire du père) découragea leur fils aîné qui tenta de les raisonner et leur vanta les avantages du quai de la Guillotière, « plus près du magasin, assez proche de la faculté, plus près du centre, moins de frais de tram, proximité du marché… » 299 . L’appartement « agréable et confortable » du quai Gailleton ne pouvait pas rivaliser avec le loyer annuel de mille huit cents francs du logement qui serait finalement choisi. Des réparations et la pose de l’électricité devaient cependant assurer à ce logement tout le confort moderne désiré par les Remillieux. De plus, si le 18 quai de la Guillotière les maintenait dans le monde des classes moyennes, c’était dorénavant dans la compagnie de professions libérales et de cadres essentiellement. En 1911, neuf ménages étaient recensés en comptant celui des Remillieux et, parmi les chefs de ces ménages, hormis la concierge de l’immeuble et un contremaître de la Buire au statut ambigu, on distinguait un médecin exerçant dans son propre cabinet, un « vice-président », un négociant, un gérant d’immeubles, un représentant et un rentier. Six de ces ménages logeaient au moins une employée de maison, domestique ou bonne. Le négociant avait deux domestiques et le rentier payait même les services d’une servante, d’une cuisinière et d’un cocher. Depuis le milieu des années 1870, la Guillotière, sur la rive gauche du Rhône, avait connu un changement social qui avait modifié sa réputation de quartier peuplé de classes dangereuses 300 . Les plus pauvres avaient été évincés au profit de commerçants, d’employés, de fonctionnaires, de petits entrepreneurs. Et une nouvelle bourgeoisie industrielle avait même élu les quais du Rhône et les grandes artères comme lieu de sa résidence principale. L’immeuble confortait la nouvelle réputation des quais du Rhône de ce troisième arrondissement accueillant ainsi, entre les bâtiments de la Préfecture et ceux de l’Université, une population de classes moyennes qui côtoyait parfois des membres de la classe dirigeante.

Il reste cependant un problème à élucider. Seuls les logements locatifs ont été invoqués dans ces changements successifs de domiciles. Dans la démonstration de l’appartenance des Remillieux aux classes moyennes, il manque donc un argument. Car la limite qui séparait les classes moyennes du prolétariat passait par la possession d’un patrimoine 301 . Ce patrimoine, Augustine Remillieux pouvait l’avoir reçu en héritage de son père, et effectivement des revenus personnels lui étaient attribués dans une des lettres de son fils aîné proposant une liste des recettes familiales en 1910 302 . Mais Laurent Remillieux père recevait lui-même deux mille francs d’une maison qu’il possédait dans Lyon et qui lui était revenue, en indivision avec les membres héritiers de sa famille, à la mort de sa mère apparemment. Cet héritage avait posé des problèmes et une querelle l’avait opposé notamment à l’une de ses sœurs en 1905. En dehors de ce patrimoine immobilier possédé par Laurent Remillieux ou des rentes versées à son épouse, il n’en restait pas moins que la compétence professionnelle acquise par le père ou les diplômes obtenus par les fils faisaient aussi partie de ce patrimoine qui permettait aux membres des classes moyennes de se protéger des « aléas de l’existence » et « d’envisager l’avenir avec une certaine confiance » 303 . Des sacrifices avaient été consentis pour que les garçons entreprissent des études supérieures. Laurent Remillieux avait d’abord offert à ses fils une scolarité au sein de l'enseignement catholique, dans le pensionnat lyonnais « Aux Lazaristes ». Louis avait continué à bénéficier dans la même institution d'un enseignement secondaire orienté vers les sciences, proposant en fait des études pratiques pour une formation à des carrières commerciales et industrielles, qui s’adressait avant tout aux classes moyennes et leur ouvrait la voie de l’ascension sociale par l’intermédiaire d’une réussite professionnelle 304 . Jean entama, pour sa part, des études classiques quand il entra en sixième au petit séminaire de Saint-Jean. Même si les deux aînés choisirent d’accomplir une vocation sacerdotale, ils poursuivirent des études de lettres et de langues dans le cadre du Séminaire universitaire et des Facultés catholiques jusqu’à la licence.

Ce fut cependant Louis qui réalisa pleinement l’orientation donnée « Aux Lazaristes » en intégrant l’Ecole Centrale de Lyon et en devenant ingénieur. Il cristallisait ainsi les désirs de promotion sociale de toute la famille, comme le dévoilait en 1905 une lettre de son frère aîné envoyée d’Autriche pendant les vacances d’été.

‘« Et toi, mon bien cher Louis, tu es l’objet de toutes nos préoccupations, te le dirai-je aussi l’objet de mes rêves. […] [Tes] projets nous paraissent excellents, bien pensés. La question se pose : dans quelle maison feras-tu ta philosophie. Tu y penses sans doute. C’est du reste une question secondaire. […] Ne ferais-tu pas bien, mon Louis, d’aller trouver toi-même, tout seul, le directeur de l’école centrale et de lui faire part de tes projets ? C’est une excellente formation. Dans tout cela, tu le conçois, le principal c’est le travail sérieux, persévérant, opiniâtre, et puis la volonté ferme d’arriver comme tu parais l’avoir. Allons mon Louis, courage, nous voulons, il faut que tu réussisses. » 305

Le benjamin de la famille, Joseph, serait investi quelques années plus tard des mêmes désirs. Si Laurent Remillieux se félicitait de sa piété à l’occasion de sa première participation à un office religieux en qualité de thuriféraire, c’était pour y déceler « un présage » de résultats trimestriels brillants 306 . Il l’avait inscrit dès octobre 1908 à l’Institution Saint-Joseph de Roanne, où il venait d’être nommé comme enseignant, pour lui donner la meilleure éducation possible sous son contrôle direct. Les progrès scolaires de Joseph étaient étroitement surveillés par tout le reste de la fratrie. Il subissait une pression constante et il était censé conquérir toutes les premières places. Le moindre fléchissement de ses résultats faisait le désespoir de Laurent Remillieux qui organisait alors pour lui, pendant les vacances, des séances de rattrapage. Dans une lettre écrite à Laurent, Louis Remillieux formulait explicitement en 1910 les espoirs fondés sur Joseph.

‘« Hier matin, je me trouvais à la messe dans le cœur de Fourvière derrière un élève de l’Ecole des Mines en tenue qui priait avec une piété édifiante ; j’ai pensé tout naturellement à Joseph et moi aussi j’ai prié pour qu’il réalise les espérances que nous fondons sur lui si Dieu veut qu’il entre dans cette voie. » 307

Les Remillieux investissaient donc en 1910 un nouveau lieu qui répondait encore un peu plus à leurs aspirations sociales tout en ménageant leurs possibilités financières. Le « chez nous », toujours affectueusement évoqué par leur fils aîné parce qu’il renfermait l’espace de l’intimité familiale, se conformait aussi aux exigences de la vie sociale. En 1908 déjà, à l’occasion de l’établissement d’un budget annuel par Laurent Remillieux, on pouvait découvrir quelques aspects du mode de vie des Remillieux et commencer à envisager le rapport qu’ils entretenaient avec leur intérieur. La famille ne se contentait pas d’employer à demeure une domestique, elle avait également recours aux services d’une lingère une fois par semaine pour le raccommodage et à ceux d’une femme de ménage, qui venait deux fois par semaine pour sa part « faire les chambres et le salon ». Cette dernière pièce revêtait une importance particulière pour ceux qui désiraient recevoir et paraître. Et l’on a déjà vu que nombreux étaient les invités des Remillieux, le plus souvent ramenés par les fils. La présence de ces employées de maison préservait la « semi-oisiveté » 308 d’Augustine Remillieux et permettait donc de sauvegarder les apparences du modèle bourgeois de la femme au foyer. Pourtant le train de vie était paradoxalement assuré par l’accueil de pensionnaires. Ils justifiaient d’ailleurs le dernier déménagement et, en 1911, on en comptait quatre au sein du ménage, dont un Allemand et Raymond Thomasset qui ne prenait plus seulement ses repas mais logeait aussi chez les Remillieux. Les discussions qui avaient pour sujet les problèmes d’argent empoisonnaient en fait la vie familiale des Remillieux. Elles étaient apparues dans la correspondance au cours de l’année 1905, mais l’optimisme qui avait prévalu jusqu’en 1908 s’était évanoui à partir de 1909. En dépit de la recherche frénétique de pensionnaires dans laquelle tous les membres de la famille avaient été enrôlés, l’équilibre budgétaire restait précaire. On comptait et on recomptait sans cesse, prévoyant les recettes, confrontant celles-ci aux dépenses. L’emploi rémunéré du fils aîné, professeur à l’institution Saint-Joseph de Roanne, ne suffisait toujours pas à compenser les pertes dues aux études des deux autres fils, quand ce n’était pas les années de service militaire qui les empêchaient de gagner leur vie.

Les contraintes financières n’empêchaient pas les Remillieux de prétendre à un autre aspect du mode de vie bourgeois qui concernait cette fois l’occupation du temps libre. Leur budget comprenait un poste important de dépenses extraordinaires liées aux vacances et aux loisirs. On examinera leur expérience du voyage à l’étranger, ses destinations et ses modalités, dans le développement qui sera consacré à l’Allemagne et cela nous amènera à confronter les enfants Remillieux à la classe de loisir qu’ils approchaient dans leurs pérégrinations sans jamais pourtant lui appartenir. On retrouvera là encore l’éternel dilemme des classes moyennes tendant leurs désirs vers l’imitation du mode de vie bourgeois, alors que leurs moyens financiers ne leur permettaient pas de pérenniser leur tentative ni même parfois de la concrétiser. On peut s’en tenir ici à leurs tribulations françaises pour commencer à montrer leur participation à l’avènement d’une société de loisirs d’abord réservés aux classes aisées 309 . La fréquentation de l’abbé Vallas et de Victor Carlhian les avait déjà conduits au cours du premier chapitre en Corse et dans les Alpes, où la pratique de l’alpinisme, à laquelle il faudrait ajouter celle du ski l’hiver, avait enthousiasmé plusieurs des enfants Remillieux. C’est sur ce thème qu’on reviendra dans cette partie en suivant plus particulièrement l’un des frères, Louis, dans cette expérience de la montagne que le Club alpin français avait ouvert à la « population urbaine et petite-bourgeoise » de la fin du XIXe siècle, après l’avoir d’abord réservé à une élite culturelle et scientifique 310 . En effet, si Laurent Remillieux était celui qui encourageait et facilitait l’accès de ses frères aux loisirs offerts par la montagne, Louis demeurait celui pour qui cette expérience semblait la plus vitale, et c’était peut-être lié au statut social qu’il avait rejoint en devenant un ingénieur diplômé de l’Ecole centrale de Lyon.

Le Club français alpin fonctionnait sur le modèle des cercles bourgeois même si « l’origine sociale n’[était] en aucun cas un motif d’exclusion sociale » 311 . Il fallait pourtant payer la cotisation, se procurer un équipement, financer le transport et le logement de ces week-ends sportifs finalement assez coûteux. En dépit des difficultés financières dont il avait tout à fait conscience, Louis Remillieux ne pouvait envisager de se priver de ses loisirs alpins. L’abbé Vallas l’avait initié aux courses en haute montagne à partir de l’été 1910 sans doute. Louis avait alors passé une semaine pendant le mois de juillet, avec son jeune frère Joseph, en sa compagnie, dans un chalet savoyard, aux Evettes, à Bonneval-sur-Arc. A la rentrée, il partait remplir ses obligations militaires à Lons-le-Saunier. Au cours de l’automne, on lui offrait l’occasion de s’inscrire dans un groupe de skieurs formé au sein de son régiment et il se décidait à faire appel à son frère aîné pour réaliser son désir.

‘« On forme au 44e une équipée de skieurs, la saison s’annonçant bonne. Lundi on doit prendre les noms et dès maintenant ceux qui ont l’intention de se faire inscrire doivent faire venir leurs skis (tout engagement exige la propriété d’une paire). Pouvant y trouver un moyen de mettre de la variété à la vie de la caserne, et de prendre part peut-être à des exercices intéressants, je brûle d’envie de donner mon nom. Je n’en parle pas chez nous sachant bien qu’on ne le peut pas. Pourrais-tu faire l’avance jusqu’au jour de l’an, le prix d’une paire de qualité moyenne est de vingt francs. Quoiqu’il en soit il faudrait s’en remettre pour l’achat à M. Vallas, et au cas où toi-même tu serais gêné, ne pourras-tu pas t’arranger avec lui ? » 312

Louis obtint grâce à son frère les skis demandés. Une lettre de Laurent datée de janvier 1911 évoquait la possibilité de sa participation à des concours de skis, à Chamonix notamment. En fait Laurent Remillieux l’encourageait dans son goût de la montagne. Ses voyages dans le Tyrol autrichien l’avaient déjà sensibilisé aux paysages montagnards et l’année qu’il avait passée à Grenoble en 1907-1908 l’avait introduit dans le monde des loisirs alpins. Une de ses lettres datant de cette époque raconte qu’il avait dit la messe un dimanche de mai 1908 à Saint-Pierre de Chartreuse, à quatre heures et demie du matin, pour le Club alpin 313 . Aussi faisait-il tout son possible pour faciliter à Louis l’accès à ces activités sportives. Il s’entremit pour le faire admettre au sein de la Société des touristes du Dauphiné, dont il était lui-même membre, et lui offrit la cotisation 314 . Il souhaitait que son frère pût bénéficier des leçons de ski qui étaient proposées pendant l’hiver. Louis n’était cependant pas le seul de la famille à connaître les joies de la montagne. En juin 1911, Laurent Remillieux recommandait à Jean de hâter son inscription au Club alpin. Jean Vallas et Raymond Thomasset s’étaient proposés comme parrains 315 . L’inscription fut prise en même temps que celle de Victor Carlhian le 26 juin, avant leur départ pour la semaine de détente passée là encore au chalet des Evettes 316 . La pratique du ski et de l’alpinisme contribuait finalement à renforcer le lien social structurant ce groupe d’anciens sillonnistes et les Remillieux devaient tenir leur place.

Des dépenses imprévues pouvaient aussi remettre en question un équilibre budgétaire difficilement acquis. Les Remillieux durent affronter les soucis de santé en palliant au mieux les désagréments qu’ils engendraient. Avant la maladie qui devait entraîner le décès du père, des ennuis de santé avaient déjà perturbé la vie familiale. Durant l’hiver 1905, Laurent Remillieux était tombé une première fois malade. Au printemps, il était parti en vacances avec Louis à Serrières, en Ardèche. Son fils aîné réclamait pour lui un repos complet au grand air et l’on devait s’organiser pour prolonger la période de convalescence. Il préconisait même un voyage sur la Côte d’Azur où le soleil et la douceur du climat finiraient par guérir son père. Mais il fallut se rendre à la raison. Il était impossible d’offrir au père un séjour dans une des stations en vogue sur les bords de la Méditerranée que le tourisme d’hiver avait contribué à développer depuis les années 1860. Laurent Remillieux, rejoint par son épouse, se contenterait de rester à Serrières durant le mois de mai. Au printemps 1913, alors que l’évolution du cancer du père parvenait dans sa phase terminale, la mère développa elle aussi une grave maladie, diagnostiquée apparemment comme une embolie pulmonaire. Les consultations médicales (trois médecins avaient pris en charge le cancer de la prostate de Laurent Remillieux), les médicaments, les frais d’infirmières (deux se relayaient auprès des malades) grevaient le budget familial au point que les dettes se multipliaient et qu’on songeait bientôt à vendre la maison reçue en héritage. Laurent Remillieux empruntait de l’argent aux amis de la famille et surtout à l’employeur de son père, Joseph Beaumont. Il ne pouvait cependant se résigner à laisser ses malades passer l’été dans Lyon et leur cherchait une maison de santé qui les accueillerait dans la périphérie lyonnaise. Au mois de juin, il annonçait à Jean qu’il avait choisi de les envoyer dans une famille des Monts d’Or avec une infirmière personnelle 317 . Mais il n’avait jamais été question que ces dépenses fussent engagées au détriment des ambitions familiales. Dès l’été 1912, alors qu’il recevait en Angleterre, de Louis, des nouvelles alarmantes de l’état de santé de son père, Laurent Remillieux tenait à rassurer son frère :

‘« Pauvre cher Petit Père, comme je me sens intimement attaché à lui ! […] Si tu vas dimanche à Lyon dis-lui bien affectueusement de ma part que tout souci d’avenir serait superflu et funeste : je suis là et en toute hypothèse croit savoir la marche à suivre. […] Je vais sous peu écrire une lettre personnelle à Mr Beaumont pour lui demander une entrevue chez lui, à l’insu de Petit Père, le 29 ou 30 septembre. Je lui expliquerai tout et peut-être déjà (cela dépend de la santé de notre cher Petit Père en septembre), je lui proposerai l’affaire dont je t’ai parlé je crois. Au pire, si ces dispositions n’étaient pas ce qu’elles paraissent être, je n’hésiterais pas à engager immédiatement ce que nous avons pour que pas un d’entre nous soit obligé de restreindre ses vues d’avenir, quitte pour chacun de nous ensuite à ne compter que sur son travail. » 318

A l’automne 1912, il persévérait dans sa volonté de protéger la fratrie des ennuis d’argent, soutenu en cela par sa mère. Louis et Marie étaient partis pour un long séjour en Allemagne et leurs frais s’avéraient plus élevés que prévu.

‘« Bien qu’il n’y ait pas suffisamment d’argent à la maison à cause des médicaments, la mère veut vous envoyer cinquante francs. Bien sûr vous avez le droit de manger tous les soirs en ville. C’est beaucoup plus agréable que dans une famille. Dormez. Mangez bien. Amusez-vous bien. » 319

La hantise d’un déclassement social poussait Laurent Remillieux à envisager les solutions financières les plus hasardeuses. Il préférait que la famille fût endettée plutôt qu’elle dût changer son mode de vie. D’ailleurs, chacun saurait remplacer par son travail la perte envisagée du patrimoine hérité. Laurent Remillieux avait sur ce point intégré l’idéologie de ces classes moyennes qui plaidaient pour les vertus de la méritocratie.

Mais à partir du printemps 1913, donc au moment le plus difficile, Joseph Beaumont commença à freiner les requêtes du fils de son employé qu’on savait désormais promis à une mort prochaine. Il s’était engagé le 11 mars 1913 à verser toutes les sommes nécessaires à l’entretien du malade et de sa famille. Les emprunts étaient gagés sur la maison possédée par les Remillieux et ils ne devaient pas dépasser la valeur de ce bien immobilier. Mais les sollicitations continues de Laurent Remillieux lui semblaient certainement déraisonnables et il lui avait conseillé de mieux contrôler les dépenses. Laurent Remillieux emprunta alors deux cents francs à la caisse de la colonie de Chapareillan. La situation financière était désespérée, mais il pensait qu’elle ne pouvait s’éterniser. Effectivement, la mort du père en septembre 1913 délivra la famille d’un poids considérable sur le plan pécuniaire, mais elle concrétisa aussi certaines des appréhensions de Laurent Remillieux. La vente de la maison assura le remboursement des emprunts effectués auprès de Joseph Beaumont. Cependant la situation ne fut pas rapidement assainie, et surtout il fallut abandonner l’appartement du quai de la Guillotière. Augustine Remillieux et Marie quittèrent Lyon pour habiter chez Louis, qui occupait un emploi d’ingénieur dans une entreprise d’Evreux, dans l’Eure. Laurent et Joseph partageaient leur temps entre Roanne et Lyon, ou plutôt Villeurbanne, où ils louaient un appartement, 94 route de Vaux, dans le quartier de Croix-Luizet. Emilie s’y était installée à partir du mois de novembre. La disparition du père avait privé les Remillieux de leur soutien économique le plus important. Leurs aspirations à un mode de vie bourgeois en avaient été malmenées. Mais surtout chacun souffrait de la dispersion de la famille. Les repères affectifs qu’ils avaient toujours cherchés au sein de l’intimité familiale étaient à reconstruire.

Notes
279.

En 1993, la revue Vingtième siècle. Revue d’histoire a consacré à la question des classes moyennes un numéro spécial qui interroge aussi utilement le XIXe siècle, même si les études sont le plus souvent centrées sur le XXe siècle. En ouverture du dossier, l’article de Serge Berstein permet de faire le point sur les problèmes d’existence de ces classes moyennes, de leur définition et de leur évolution. Ses conclusions restent valables pour la fin du XIXe siècle et le début du XXe et nous aident donc à comprendre la trajectoire sociale de Laurent Remillieux père et de ses enfants. Serge Berstein, « Les classes moyennes devant l’histoire », Vingtième siècle. Revue d’histoire, n° 37, janvier-mars 1993, p. 3-12. D’autres contributions sur des thèmes plus spécifiques de l’histoire des classes moyennes seront aussi utilisées par la suite. En fait, le début du chapitre, en retraçant des itinéraires de Lyonnais appartenant au monde de la boutique, a déjà posé le problème des classes moyennes et j’aurais pu amorcer certaines analyses que je vais développer ici en m’appuyant sur un numéro spécial du Mouvement social, « L’atelier et la boutique », n° 108, juillet-septembre 1979. J’ai pourtant préféré m’appuyer sur le dossier plus récent de Vingtième siècle remettant justement en question l’approche de l’histoire sociale de la fin des années 1970, ne serait-ce que par la critique du concept de « petite bourgeoisie » qu’on retrouvait dans le titre de plusieurs des contributions publiées en 1979.

280.

B. Angleraud, Les boulangers lyonnais aux XIXe-XXe siècles (1836-1914), op. cit., p. 4.

281.

Christophe Charle, Histoire sociale de la France au XIXe siècle, Paris, Editions du Seuil, 1991, 399 p.

282.

Ibid., p. 180.

283.

Ibid., p. 226.

284.

Ce terme que j’ai employé déjà à deux reprises et que j’ai repris à Bernadette Angleraud est en fait contestable, comme je l’ai précédemment laissé entendre, car il appartient à une classification issue de la pensée binaire marxiste et qu’il a pu être utilisé par ceux qui niaient l’existence des classes moyennes et leur autonomie dans le champ social.

285.

Deux critères caractérisant la notion de classes moyennes que Serge Berstein reprend à son compte en leur ajoutant cependant celui d’une « conscience de classe moyenne », « c’est-à-dire le sentiment clairement perçu par les intéressés d’appartenir au sein de la société française à des catégories intermédiaires qui ne se confondent ni avec les prolétaires ni avec les strates supérieures de la société ». Voir S. Berstein, « Les classes moyennes devant l’histoire », Vingtième siècle…, op. cit., p. 7-8.

286.

Delphine Gardey, Un monde en mutation. Les employés de bureau en France. 1890 – 1930. Féminisation, mécanisation, rationalisation, Paris, Université Paris I, Thèse sous la direction de Michelle Perrot, 1995, 3 vol., 946 p. la première partie retrace donc un panorama d’ensemble du groupe des employés de bureau depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à la crise de 1929. Le chapitre 1 « rappelle les impasses auxquelles mènent la définition et le positionnement a priori des employés en tant que groupe social, en exposant les différentes théories et traditions existantes » (p. 24). Delphine Gardey se livre ensuite à un « examen détaillé des métiers, tâches, conditions et lieux de travail, des modalités et niveaux de rémunération de ceux qui consacrent l’essentiel de leurs journées au travail de bureau » (p. 29).

287.

Ibid., p. 87.

288.

Citations reprises de D. Gardey, Un monde en mutation…, op. cit. , p. 112.

289.

Témoignage de l’abbé Corsat, ancien curé de Saint-Julien de Cusset, adressé à Joseph Folliet en avril 1951, conservé au Prado dans les papiers Folliet, « Le Père Remillieux », carton 1.

290.

Bernard Meuret, Croix-Luizet, quartier de Villeurbanne, Programme de recherche en sciences humaines dans la région Rhône-Alpes : observation du changement social et culturel, Paris, Editions du C.N.R.S., 1980, 76 p.

291.

Ibid., p. 27.

292.

A. Rauch, « Les vacances et la nature revisitée », in A. Corbin, L’avènement des loisirs…, op. cit., p. 90-91.

293.

Ibid., p. 92.

294.

Lettre de Laurent Remillieux à ses frères, datée du 20 mai 1901 et envoyée de Saint-Clair.

295.

Lettre de Joseph Levet à Laurent Remillieux père, datée du 21 octobre 1901 et envoyée de Saint-Clair.

296.

Lettre de Jean Beaumont à Laurent Remillieux, datée du 16 décembre 1904.

297.

Dans son témoignage d’avril 1951, l’abbé Corsat considérait Mr Beaumont comme « un homme de haute valeur morale et un grand chrétien ».

298.

Lettre de Laurent Remillieux à Louis, datée du 16 mai 1914.

299.

Lettre de Laurent Remillieux à ses parents, datée du 27 février 1910.

300.

R. Curtet, « Rénovation et extension de Lyon dans la deuxième moitié du XIXe siècle », Cahiers de Rhône 89, 1991, 8, p. 3-18.

301.

S. Berstein, « Les classes moyennes devant l’histoire », op. cit., p. 7.

302.

Lettre de Laurent Remillieux à Jean, datée du 9 janvier 1910.

303.

S. Berstein, « Les classes moyennes devant l’histoire », op. cit., p. 7.

304.

Fabienne Montibert, Vie et rayonnement des Frères des Ecoles chrétiennes au pensionnat lyonnais " Aux Lazaristes ", 1839-1914, Mémoire de maîtrise sous la direction de Xavier de Montclos, Université Lumière Lyon 2, Octobre 1988, 170 p.

305.

Lettre de Laurent Remillieux à sa famille, datée d’août 1905.

306.

Lettre de Laurent Remillieux à ses parents, datée du 10 janvier 1909.

307.

Lettre de Louis Remillieux à Laurent, non datée, estimée de fin novembre ou décembre 1910.

308.

S. Berstein, « Les classes moyennes devant l’histoire », op. cit., p. 7.

309.

L’ouvrage déjà cité d’Alain Corbin, L’avènement des loisirs, 1850-1960, continue de guider de nombreuses réflexions de ce chapitre.

310.

A. Rauch, « Les vacances et la nature revisitée », in L’avènement des loisirs…, op. cit., p. 105-109.

311.

Ibid., p. 107.

312.

Lettre de Louis Remillieux à Laurent, datée du 25 novembre 1910.

313.

Lettre de Laurent Remillieux à Louis, datée du 8 juin 1908 et envoyée de Grenoble.

314.

Lettre de Laurent Remillieux à Louis, datée du 23 février 1910.

315.

Lettre de Laurent Remillieux à Jean, datée du 23 juin 1911.

316.

Réponse de Jean Remillieux à Laurent, datée du 26 juin 1911.

317.

Correspondance entre Laurent et Jean Remillieux, avril-juin 1913.

318.

Lettre de Laurent Remillieux à Louis, datée du 28 août 1912 et envoyée de Paignton.

319.

Lettre de Laurent Remillieux à Louis et Marie, datée du 4 novembre 1912.