1 - Un espace en cours d’urbanisation

Un plan de Lyon datant de 1873 et localisant les barrières et octrois de la ville situait le futur territoire de la paroisse à l’extrême sud-est de Lyon, dans le périmètre communal mais à l’extérieur des bornes de l’octroi, le signalant ainsi comme un espace de transition entre Lyon et sa campagne environnante, ni tout à fait hors de la ville, ni tout à fait dans la ville 17 . En 1902, un autre plan fixait clairement sa limite à l’Est en délimitant la commune de Bron par le chemin vicinal d’intérêt commun n°45 de Villeurbanne à Vénissieux 18 . Cet espace, compris dans le 3e arrondissement de Lyon, marqué par une forte emprise rurale, pouvait être confondu avec le secteur qui donnerait plus tard naissance au quartier des Etats-Unis ou comparé avec le quartier de Croix-Luizet à Villeurbanne 19 . Les voies radiales qui le reliaient à la Guillotière et donc au Rhône, via Monplaisir, marquaient en même temps ses contours nord et sud : au nord, la Grande rue de Monplaisir qui rejoignait le cours Gambetta prolongé par la route nationale n°6 de Paris à Chambéry, au sud le chemin vicinal n°49 de la Guillotière à Saint-Priest, voire la Route Nationale n°12 bis de Lyon à Heyrieux. En 1910, un nouveau plan distinguait nettement au sud de Villeurbanne, au nord de Vénissieux et à l’ouest de Bron, les zones de Montchat et de Monplaisir 20 . Des noms écrits en caractères plus petits et en italique subdivisaient les secteurs urbains en « quartiers » : au sud de Monplaisir, Croix Morlon, les Hérideaux, Combe Blanche, Grange Rouge. « St-Alban » était inscrit dans l’angle que formait la route nationale n°6 avec le chemin vicinal n°45, au bout du chemin vicinal n°52 de Monplaisir à Saint-Alban, laissant un grand vide qui semblait montrer l’excentration de cet espace. La voirie présentait un réseau de plus en plus lâche quand on se dirigeait vers le Sud et l’Est et de toute évidence inachevé : toutes les voies n’étaient pas reliées entre elles, on distinguait plusieurs impasses et l’essentiel du réseau viaire était constitué par des chemins qui suivaient les vieux tracés ruraux. Au-delà de la route nationale de Paris à Chambéry au nord et du chemin vicinal n°155 de Monplaisir à Grange Rouge à l’ouest, le tissu urbain se resserrait brutalement. En deçà, l’espace conservait sa fonction de frontière, au sens pionnier du terme, une frontière urbaine et industrielle qui se déplaçait lentement. Par leur morphologie, Monplaisir et sa périphérie paraissaient fonctionner comme les territoires en train de se constituer en banlieues 21 .

Notes
17.

Plan de Lyon au 1 / 10 000e, 1873, A.M.L., 1 S 5c – ½.

18.

Plan de Lyon au 1 / 20 000e, 0,770 x 0,585, Service géographique de l’armée, 1902, A.M.L., 2 S 484.

19.

Sur la question de l’urbanisation de Villeurbanne, on peut consulter les travaux de Marc Bonneville, Naissance et métamorphose d’une banlieue ouvrière : Villeurbanne. Processus et formes d’urbanisation, Lyon, P.U.L., 1978, 287 p et son article sur « Le quartier de Croix-Luizet à Villeurbanne », Bulletin du Centre d’histoire économique et sociale de la région lyonnaise, 1979, n° 2, p. 21-57.

20.

Plan de Lyon au 1 / 20000e, 1910, A.M.L., 2 S 444.

21.

Marc Bonneville, Villeurbanne, naissance et métamorphose d’une banlieue ouvrière. Processus et formes d’urbanisation, op. cit..