Nous en resterons cependant encore au discours religieux du renouveau paroissial, car c’est bien sous cette forme que la paroisse de l’abbé Laurent Remillieux a investi le champ de la mémoire catholique : Notre-Dame Saint-Alban du temps de son curé fondateur est devenue le lieu de l’expérimentation lyonnaise du changement liturgique, le symbole des renouvellements du catholicisme paroissial lyonnais. Pourtant, il n’était finalement que peu question de cette dernière dans La Maison-Dieu, la revue du Centre de Pastorale Liturgique éditée par les dominicains du Cerf, avant le cahier du premier trimestre 1950 qui annonçait le décès de Laurent Remillieux et lui accordait une notice nécrologique le désignant comme un précurseur 366 . La présentation de l’ouvrage de Robert Flacelière n’avait pas mentionné la paroisse de Notre-Dame Saint-Alban et le volume publié dans la collection « Rencontres » du père Chéry n’avait fait l’objet d’aucune notice bibliographique. Laurent Remillieux était cependant cité dans le Cahier n° 2 parmi les amis et correspondants assurant à Lyon la liaison avec le Centre de Pastorale Liturgique. Il figurait dans une liste comprenant aussi le chanoine Michaud, archiprêtre de Saint-Nizier, l’abbé Cinquin, curé de Saint-Denys de la Croix-Rousse 367 et l’abbé Chirat de l’Institut catholique 368 . Le cahier n° 6 proposait, en appendice et en illustration d’un article intitulé « Sévérité ou vérité dans l’administration des sacrements », une interview de l’abbé Remillieux, curé de Saint-Alban à Lyon, par le père Chéry et qui racontait l’ « histoire d’un sacrement refusé » 369 . Ce sacrement était celui d’un mariage demandé par un incroyant subissant une pression familiale, celle de la grand-mère de la future épouse, et l’on précisait que l’anecdote était extraite d’un livre à paraître. Rien de plus n’était dit sur Notre-Dame Saint-Alban. Ce même cahier contenait des extraits des statuts du Centre de Pastorale Liturgique et la composition de son comité de direction, au sein duquel on retrouvait le chanoine Michaud aux côtés de l’abbé Michonneau, curé du Sacré-Cœur de Colombes. Enfin, Laurent Remillieux était encore nommé dans le rapport sur le congrès qui s’était tenu à Lyon du 17 au 22 septembre 1947, à l’occasion d’un développement écrit par le père Duployé et justifiant la tenue dudit congrès à Lyon.
‘« Pourquoi avoir choisi Lyon ? Parce que le CPL y comptait de nombreux amis. Lyon est la ville qui, depuis près de trente ans, abrite celui que la pastorale liturgique française reconnaîtra de plus en plus comme un de ses maîtres et un de ses prophètes : le curé de Saint-Alban, l’abbé Remillieux. Nous savions que bien des efforts moins connus que ceux du curé de Saint-Alban avaient été faits dans le diocèse de Lyon. Il nous souvient d’une matinée de semaine en février 1945 où nous avons eu, en l’espace de quelques heures, la révélation de communauté liturgique lyonnaise extrêmement fervente : une messe célébrée à Saint-Nizier, où spontanément les trente circumstantes nous avaient entouré de leur ferveur intelligente ; un passage inopiné à Saint-Martin-d’Ainay, qui nous avait permis d’assister à une messe de funérailles, si simple, si recueillie, si priante qu’il ne nous souvenait pas d’en avoir jamais vu une semblable ; une visite à M. le curé de Saint-Denys de la Croix-Rousse…La mise en exergue de Laurent Remillieux était porteuse d’équivoque. On lui reconnaissait un droit d’aînesse et un consensus admiratif semblait se dégager autour de son action. Mais pourquoi cette dernière n’avait-elle jamais été décrite dans les cahiers précédents, pourquoi n’était-elle pas l’objet d’une remarque plus précise au cours de ce paragraphe ? Fallait-il en déduire que la paroisse de Notre-Dame Saint-Alban était unanimement connue du milieu réformiste grâce à la publicité orchestrée par l’ouvrage du père Chéry, publié justement l’année du congrès de Lyon ? La présentation du père Duployé avait en fait le mérite de replacer Notre-Dame Saint-Alban dans son contexte lyonnais et elle montrait que les tentatives de renouvellement de la vie liturgique dépassaient le cadre d’une paroisse exceptionnelle. L’environnement lyonnais de l’après-guerre apparaissait favorable aux mouvements de réforme et les expériences se développaient dans des paroisses bourgeoises du centre de la ville, comme dans des paroisses populaires de la périphérie confiées aux prêtres du Prado. Dans le chapitre consacré à la liturgie des funérailles, le père Chéry signalait aussi l’exemple de la « très bourgeoise » paroisse de Saint-Martin d’Ainay : son curé avait « supprimé toutes les distinctions extérieures et notamment les tentures » et « ne manqu[ait] pas de traduire les prières de la liturgie et de les expliquer ». Et il précisait que « nombreux [étaient] les curés de ce diocèse et d’ailleurs qui travaill[aient] dans le même sens 371 . La participation du curé de Saint-Jacques-des-Etats-Unis à la session de Vanves des 7-9 avril 1948 confortait, pour sa part, l’implication des prêtres lyonnais des quartiers périphériques 372 . Quelle position occupait Notre-Dame Saint-Alban dans cette configuration ? Tout à la fois proche, puisque son curé figurait parmi les correspondants du Centre de Pastorale Liturgique et était utilisé comme une référence, et lointaine, puisque Laurent Remillieux ne participait pas directement aux débats et qu’il n’était pas partie prenante des instances dirigeantes ; la paroisse acquérait son rôle d’initiatrice quand elle était replacée dans son contexte lyonnais. La notice nécrologique consacrée à Laurent Remillieux proposait quelques pistes d’interprétation de ce statut particulier. Son auteur, Maurice Michaud, évoquait, dès le deuxième paragraphe, la santé déclinante du prêtre, qui l’avait obligé dans les deux dernières années de sa vie à se retirer partiellement de la vie publique 373 . Il racontait les initiatives anciennes de Laurent Remillieux en établissant une filiation entre Notre-Dame Saint-Alban et l’expérience de Croix-Luizet, vécue en compagnie de son frère Jean avant 1914. Il replaçait dans la durée son amitié avec le défunt, qu’il connaissait « depuis plus de quarante ans ». Il renvoyait par là Laurent Remillieux à une génération qui avait contribué au mouvement de l’Eglise et avait permis aux nouveaux réformateurs d’exister, mais qui, dorénavant, s’effaçait devant l’actualité des changements. Son discours participait d’une quête des origines : paroisse tutélaire du changement, Notre-Dame Saint-Alban légitimait la force de l’apport lyonnais et, une fois son curé mort, il ne s’agissait plus que de retenir d’elle les éléments qui prouvaient la présence du mouvement réformiste à Lyon.
De nombreuses erreurs émaillent la notice nécrologique (des origines sociales de Laurent Remillieux, soi-disant issu d’une « famille de bourgeoisie aisée », à sa lucidité envers le nazisme – « L’avènement d’Hitler le laissa sans illusions » 374 –). Le même amalgame réunit encore rénovation liturgique et désir de mission au sein d’un « quartier populaire » et dans « la hantise de ces pauvres gens et des adaptations nécessaires » 375 , alors que sont pourtant mentionnés « des bourgeois de l’assistance qui chaque matin lisaient pieusement leur Nouvelliste » 376 . Mais les silences du texte sur l’existence d’œuvres paroissiales traditionnelles et sa focalisation sur les nouveautés orientaient vers une lecture univoque de l’expérience paroissiale. Laurent Remillieux, par ses contacts avec le catholicisme allemand ou ses préoccupations œcuméniques, devenait l’un des passeurs du catholicisme lyonnais et offrait à ce dernier une dimension nationale et internationale. Le premier paragraphe de la notice comme le dernier témoignaient de ce changement d’échelle qui permettait aux catholiques lyonnais, par une interpénétration des différents types d’espaces (paroisse, ville, diocèse, pays, monde) d’affirmer leur centralité et de concurrencer l’initiative parisienne.
‘« Le 21 août dernier mourait à Lyon, dans cette paroisse de Notre-Dame Saint-Alban qu’il avait fondée en 1919, l’abbé Laurent Remillieux. La disparition de ce prêtre qui fut un précurseur a été vivement ressentie parmi les amis innombrables qu’il comptait dans la France entière et à l’étranger. » 377 ’ ‘« Son action a rayonné bien au-delà des limites de Saint-Alban. Beaucoup des initiatives de M. Remillieux sont d’ailleurs aujourd’hui universellement acceptées et devenues presque banales, la messe dialoguée par exemple, ou l’autel face au peuple, de sorte qu’on oublie aisément qu’il en était autrement il n’y a pas si longtemps : chapelets ou cantiques à longueur de messe, et Salut du Saint-Sacrement pour “ compléter ” la dite messe…Entre ces deux paragraphes, le résumé de la vie et de l’œuvre de Laurent Remillieux évacuait même les nuances introduites deux ans auparavant par le père Chéry, disant pour sa part la différence qui existait entre les paroisses de Notre-Dame Saint-Alban et du Sacré-Cœur du Petit-Colombes.
Une fois posés les éléments du discours, nous pouvons maintenant reprendre plus sereinement la recherche des faits et retourner aux premiers temps de l’histoire paroissiale, que nous avait évoqués le témoignage de Jules Monchanin, pour tenter d’établir la réalité des originalités de Notre-Dame Saint-Alban. Une feuille distribuée aux paroissiens le 14 mai 1920 signifiait déjà assez clairement les intentions de l’abbé Remillieux de renouveler le cadre du déroulement de la vie liturgique. En insistant sur les relations horizontales que devaient nouer les fidèles, tous « frères » et « solidaires » au sein d’une même « famille », en réclamant leur proximité lors de la célébration de la messe, leur rassemblement autour de l’autel, il établissait déjà de nouvelles règles qui contrevenaient à l’ordre traditionnel.
‘« Ces relations fraternelles qui mélangent leurs racines profondes aux fibres les plus intimes de notre âme chrétienne resteront-elles une haute théorie sans application dans la pratique ? Il ne le faut pas, sous peine de nier par nos actes ce que nous affirmons être le vrai. Entre autres conséquences – elles sont innombrables – remarquons celle-ci. Elle revêt l’allure d’un détail : il a encore son importance. Dans notre oratoire provisoire et bientôt dans notre église, nos assemblées, messes, offices, réunions doivent être marquées au coin de la plus franche et plus simple fraternité. La maison du Bon Dieu est la Maison de tous. Serrons-nous les uns les autres comme nous le ferions sous le toit paternel, à la table de famille, sans cesser de prier, de penser, de nous humilier, de faire provision de force, veillons à ce que la prière soit aisée à tous. Ne laissons jamais personne debout quand il y a encore des chaises inoccupées : ne nous approprions pas les chaises qui sont proches de la porte : elles sont réservées pour ceux que leurs pressantes occupations exposent à être retardés. Ne faisons pas l’injure à N. S. de nous tenir éloignés de Lui autant que possible. Nous ne sommes plus au temple de Jérusalem où seul l’orgueilleux pharisien se croyait chez lui. Il montait à sa place près de l’autel en frappant sur les dalles pour qu’on remarque sa vertueuse personne. » 379 ’Etaient ainsi annoncés l’inexistence des chaises réservées, louées, achetées, et donc le refus des privilèges au profit d’un égalitarisme qui ouvrirait l’église à tous, l’implication des fidèles dans les célébrations par leur proximité de l’autel et de l’officiant, au contraire de la distance qui favorisait ailleurs leur passivité. La différence que revendiquait Laurent Remillieux pour son église en fondation résidait essentiellement dans le bouleversement des relations sociales, que supposait la nouvelle organisation matérielle et physique du culte. L’église n’était que prévue et c’était l’oratoire provisoire, une baraque en planches rectangulaire, qui accueillait les pratiquants. L’église paroissiale fut conçue, au-delà du problème des contraintes financières qui limitaient les possibilités architecturales, pour répondre à ces exigences. La première description qu’on en possède est consignée dans la visite canonique de 1930, les informations fournies s’ajoutant à l’inventaire du mobilier qui a été évoqué dans le troisième chapitre en même temps que la souscription qui devait servir à le payer. D’une longueur de trente-trois mètres sur une largeur de treize mètres, l’église construite en 1924 ne possédait pas de clocher et se réduisait à une salle ne comportant aucun pilier.
Deux autels se dressaient à l’intérieur et l’autel majeur consacré était orienté face aux fidèles. C’était du moins la précision sur laquelle insistait le père Chéry dans l’ouvrage de la collection « Rencontres », mais on pouvait penser que c’était déjà un premier glissement que les témoignages postérieurs imprimaient à la mise en place des faits et dont il fallait se méfier. On ne sait pas précisément à quelle date l’abbé Remillieux commença à célébrer la messe « face au peuple » ni exactement sous quelle influence. On ne sait pratiquement que ce que la mémoire a retenu et ce qu’il rapporta lui-même dans un bulletin paroissial de février 1943 :
‘« Comme tout le monde, j’ai été moi-même conquis un jour à la célébration face au peuple. Le prêtre célébrant était le Cardinal Pacelli avant qu’il devint notre Pape Pie XII. L’immense peuple qui faisait face au célébrant si recueilli, non seulement ne le gênait pas, mais soutenait son âme montante avec le Christ vers le Père. Et ce peuple c’était des milliers de personnes dont les yeux et les cœurs convergeaient vers le centre de l’assemblée, la table où le prêtre, le Cardinal Pacelli, célébrait le mystère. » 380 ’Le curé de Notre-Dame Saint-Alban se réclamait de la plus haute autorité pour justifier son choix devant ses paroissiens, pour les introduire aussi aux débats en cours. Le père Chéry expliquait que l’autorisation avait été délivrée par le cardinal Gerlier, archevêque de Lyon. Au cours du deuxième trimestre de l’année 1946, La Maison-Dieu rappellerait la réglementation adoptée par l’Assemblée des cardinaux et archevêques les 18-20 juin 1945 381 . La célébration de la messe face au peuple devait faire l’objet d’une demande motivée, adressée à l’évêque du diocèse et la décision possédait encore à cette date un caractère exceptionnel. On peut donc supposer qu’en 1943, au moment où le curé de Notre-Dame Saint-Alban éprouvait le besoin de légitimer la célébration face aux fidèles, l’usage était sur le point d’être introduit officiellement dans la paroisse et que cette situation apparaissait déjà des plus avancées.
Un dossier conservé aux Archives de l’Archevêché de Lyon permet cependant d’apporter quelques précisions. Deux lettres adressées au cardinal Gerlier, l’une datée d’août 1944 et écrite au nom de la « Ligue féminine d’action catholique » et de « l’Union Saint-Pierre et Saint-Paul », l’autre envoyée par Laurent Remillieux le 5 octobre 1944, posent le problème de « la célébration des Saints Mystères face aux fidèles, au cours des messes dialoguées » 382 . Les laïques défendaient avec ferveur cette pratique instaurée « depuis plus de vingt ans » en en définissant tous les bénéfices.
‘« Cette révélation – car ce fut une révélation – attire de nombreuses âmes, leur fait saisir le sens profond de la Messe. Au cours de ces vingt ans, les plus surpris, les plus lents, ou les plus réfractaires aux innovations sont devenues, parmi nous, de vrais fidèles, parfois même de vrais fidèles agissants. Et chaque jour, chaque dimanche, voit croître le nombre des âmes attirées de l’extérieur (paroisses voisines ou lointaines, familles passées par l’Institut médico-légal pour cause tragique et gagnées à cette Messe de funérailles si prenante) qui viennent participer aux Saints Mystères avec nous, au milieu de nous, uniquement parce que, là, elles les comprennent mieux, elles les vivent plus intensément. »’La suite de la lettre valorisait le rôle de l’abbé Remillieux. Ce dernier expliquait à son archevêque qu’il exprimait dans sa lettre le désir de ses paroissiens. Des allusions à une conversation antérieures montraient que le sujet avait déjà été abordé entre le cardinal Gerlier et Laurent Remillieux. Ce dernier revenait d’abord sur la messe des funérailles de Francis Chirat et Gilbert Dru, militants chrétiens et résistants fusillés sur la place Bellecour le 27 juillet 1944, messe exemplaire qui avait été célébrée à Notre-Dame Saint-Alban par le curé de la Nativité de Villeurbanne, le chanoine Borel, « face à la foule ». Puis il abordait sa propre action pastorale.
‘« Depuis que je suis à Notre-Dame Saint-Alban, vingt-cinq ans dans deux mois, nous nous sommes lentement préparés. Nous sommes, semble-t-il au terme de cette préparation. La Messe face au peuple est chez nous tellement naturelle qu’à tous sans exception un retour à la Messe célébrée dos tourné à l’assistance paraîtrait comme un recul ; ce serait très pénible aux âmes.Laurent Remillieux entourait sa demande de toutes les précautions nécessaires et assurait que sa paroisse constituait un cas d’exception. Il espérait voir Notre-Dame Saint-Alban appartenir bientôt au Prado et la qualité de la formation des célébrants préviendrait les risques et les dérives. De plus, le public des fidèles formé de « chrétiens exemplaires », « cultivés » – et il citait Robert Flacelière –, issus du « milieu fervent des étudiants », garantissait la valeur de la demande. Mais il soulignait à nouveau pour finir la portée de la décision à prendre sur les plus communs des paroissiens.
Les témoignages des anciens paroissiens, garants de la mémoire paroissiale, se refusent systématiquement à la prudence chronologique, attitude réservée à l’historien. Originaires de Domène en Isère, dans le diocèse de Grenoble, les parents de Joseph Charlas, déjà évoqué pour ses activités de scout, s’établirent une première fois sur le territoire paroissial au début des années 1930. L’inscription de leur fille sur le registre des confirmations célébrées le 29 avril 1932 en reste la seule preuve tangible. Même si Joseph Charlas assure qu’ils sont partis de Grenoble en 1930, les listes nominatives des recensements des années 1930 n’ont conservé aucune trace de leur présence, car des déménagements successifs les conduisirent très vite à Montchat, en 1933, puis à Caluire, en 1934, avant leur réinstallation sur la paroisse, rue Victor de Laprade, « quatre années après ». Les contacts avec la paroisse de l’abbé Remillieux furent cependant maintenus, au moins par l’intermédiaire du bulletin paroissial que recevaient chaque semaine les Charlas, plus occasionnellement par leur participation aux célébrations. L’entretien obtenu en mars 1992 avec le fils aîné de la famille, Joseph, se focalisa immédiatement, à l’initiative du témoin, sur les questions liturgiques qui polarisaient la différence de Notre-Dame Saint-Alban et de son curé, « prêtre exceptionnel ». En dépit de ses incertitudes quant à la chronologie de la présence familiale sur le territoire paroissial et donc de ses absences, Joseph Charlas tint à défendre la précocité des innovations introduites par l’abbé Remillieux.
‘« Les choses qui semblent habituelles maintenant, la célébration du sacrement, la vie spirituelle, par exemple ne serait-ce que la célébration de la messe, on célèbre face au peuple, c’est une initiative absolument… euh… absolument in… comment dirais-je… introuvable à l’époque des années 37-38. Je dis 37-38, plutôt 34-35 puisque mes parents habitaient sur la paroisse Saint-Alban il me semble. » 383 ’La date de 1937-1938 correspond pourtant plus aux propos que tiendrait l’abbé Remillieux dans le bulletin paroissial de février 1943. Cette chronologie semble suivre la voie fut ouverte par le cardinal Pacelli au cours des voyages effectués entre 1936 et 1938. Un peu plus tard au cours de l’entretien, à propos d’une question portant sur les réactions des autres catholiques lyonnais aux changements introduits à Notre-Dame Saint-Alban, le témoin revint sur le thème de la célébration eucharistique, en développant le contenu des innovations liturgiques.
‘« Je pense que, dans certaines paroisses lyonnaises traditionnelles, on dit : “oh ! Saint-Alban, c’est un curé original, il fait des choses nouvelles”. Ce n’était pas du tout des choses nouvelles. Tout était expliqué, bien conçu, au contraire très intelligent. Quand on a un prêtre qui célèbre face au peuple, que vous voyez et qui vous cause deux, trois fois au milieu par exemple de la préparation de l’offrande, bon, il vous dit quelques mots qui vont éclairer les gens. Parce qu’à l’époque, théoriquement, on célèbre en latin, et les gens n’y comprennent pas grand-chose, on comprend un peu les gestes, les grandes lignes. Le Père Remillieux célébrait déjà les trois quarts de la messe en français sauf pour la consécration. Pour bien marquer l’obéissance. » 384 ’Joseph Charlas repousse l’idée de nouveauté ressentie à l’extérieur et, tout au long des souvenirs qu’il égrène, il revient à la fois sur la volonté de Laurent Remillieux d’inscrire la liturgie paroissiale dans la tradition de l’Eglise romaine des premiers chrétiens, celles des catacombes, et sur son respect de l’obéissance due à l’institution. Le renouveau s’ancrait dans une fidélité à une tradition plus ancienne, le changement y trouvait sa légitimité. La reconstitution des faits proposée par le témoin était tout autant redevable aux écrits publiés sur Notre-Dame Saint-Alban par ceux qui s’étaient intéressés à la question du renouveau paroissial, qu’à son propre itinéraire religieux. Il rejeta en effet la nouvelle liturgie mise en œuvre après le Concile de Vatican II et opta pour la fréquentation d’une paroisse lyonnaise traditionaliste 385 .
En fait, dans les premières années, même dans le cadre de ce qui apparaissait comme emblématique des audaces liturgiques de l’abbé Remillieux, les innovations demeurèrent maintenues dans des limites raisonnables. Si, dans le lieu du culte, les fidèles devaient se grouper autant que possible par familles, car « on ne sépare pas ce que Dieu a uni » 386 , en majorité les hommes demeuraient à droite et les femmes à gauche, ce placement étant « justifié par les nécessités du chant ». La messe chantée avait formé l’un des premiers combats livrés par l’abbé Remillieux pour sortir de leur passivité et de leur isolement les paroissiens qui assistaient à la célébration de l’eucharistie. Il avait été difficile de rompre avec les habitudes et, vingt ans après la première messe célébrée dans l’oratoire provisoire, Laurent Remillieux confiait sa déception : la messe dialoguée ne pouvait même pas être envisagée alors, les chants se réduisaient à une peau de chagrin et il ne se souvenait que d’avoir entendu chanté le commun de la messe par la Schola grégorienne, dirigée par Marguerite Monier, et peut-être aussi la « Prière matinale » et la « Prière des apôtres ». Les papiers de l’abbé Colin ont conservé des indices des efforts demandés aux pratiquants dès le début de l’histoire paroissiale. Des leçons de chant et de solfège, « en principe obligatoires » avaient été organisées pour les garçons du patronage le jeudi matin et elles étaient proposées, depuis 1922 aussi, aux membres du Petit Cercle des Jeunes Gens 387 . En septembre 1924, en vue de la préparation des cérémonies du 12 et du 26 octobre, des répétitions communes, toujours dirigées par Marguerite Monier, étaient prévues pour les enfants, les jeunes gens et les hommes. Les efforts de l’abbé Colin pour convaincre ses interlocuteurs donnent une idée de leurs réticences. La Semaine religieuse du diocèse de Lyon du 20 novembre 1925 conserve la trace des activités de Mlle Monier à la tête d’une Schola Grégorienne, mentionnée pour sa participation à la cérémonie d’ouverture de la saison de travail des cercles d’études féminins de Lyon. Celle du 25 juin 1926 évoque la journée grégorienne du 20 juin précédent et l’intervention de la schola de Saint-Alban, toujours associée à Marguerite Monier. L’abbé Remillieux parviendrait peu à peu à obtenir des paroissiens leur participation à une messe chantée. La seule source primaire donnant un descriptif des offices pour le début des années 1930 est cette même feuille d’octobre 1933 qui a déjà servi à l’étude des œuvres paroissiales. Elle s’adressait aux habitants du territoire paroissial, à tous les catholiques susceptibles de désirer « quelques indications générales concernant la vie de [leur] âme ». Le déroulement des messes du dimanche et ses règles inhabituelles pour les pratiquants était présenté comme “ une coutume de la Maison ”. le texte insiste sur la nécessité de la messe chantée, revient sur les problèmes de placement des fidèles et aborde pour finir le problème de la communion fréquente.
‘« Chaque dimanche, LA MESSE OU TOUT LE MONDE EST SPECIALEMENT CONVIE (hiver et été) est célébrée à SEPT HEURES.Le déroulement de l’office dominical, qui réunissait la « famille spirituelle », a aussi été décrit dans l’essai préparé pour les éditions Bloud et Gay. Le chant en commun des prières liturgiques réunissait le prêtre et ses fidèles, il proposait « la participation la plus directe, la plus vivante du Sacrifice » 388 . Laurent Remillieux détaillait tous les chants de supplication et de louange proposés à la communauté et précisait que, « suivant le conseil de liturgistes connus », on avait pris l’habitude de chanter l’antienne de la communion. La voix humaine demeurait la seule traductrice envisageable « des sentiments profonds de l’âme des chrétiens ». « Aucun silence et surtout aucune musique, fût-elle religieuse » ne pouvait la remplacer 389 . Les « concerts », qu’on entendait dans certaines églises, « donnés avec la louable intention de faire venir du monde », étaient ravalés au rang d’une profanation et Laurent Remillieux rejoignait ici le cadre fixé par l’Eglise de Pie X 390 . A l’époque qui correspond au récit de Robert Flacelière, « la grand’messe [était] chantée quotidiennement » 391 . Mais comme tous les fidèles ne pouvaient prendre part, le dimanche, à cette grand’messe, des messes basses continuaient à accueillir ceux qui la manquaient 392 . La messe dialoguée s’inscrivait dans les limites du « commencement de la messe », même si le dialogue entre le prêtre et les fidèles continuait parfois à plusieurs moments du sacrifice. Les revendications pour une messe dialoguée n’apparaissent pas dominantes dans les textes laissés par Laurent Remillieux, au contraire de celles réclamant la messe chantée pour l’office dominical.
Le dialogue qui s’instaurait, comme la messe chantée, étaient cependant susceptibles d’être gênés par la méconnaissance du latin. C’était bien pour cela que l’abbé Remillieux recommandait l’utilisation d’un missel contenant « une bonne traduction, afin que, sachant ce qu’ils dis[aient], [les fidèles] [pussent] donner leur adhésion de cœur et d’esprit aux grandes prières chantées, faisant retentir unanimement les Amen, Deo Gratias, Laus tibi Christi, Et cum spiritu tuo… » 393 . Dans une lettre envoyée aux parents des enfants se préparant à la communion solennelle, il conseillait donc l’achat du missel de Dom Lefebvre 394 , apprécié ici pour ses traductions fidèles des textes latins. L’usage du latin était ardemment défendu par Laurent Remillieux, car il était la langue de l’Eglise et réalisait son unité au cours d’un sacrifice universel. En 1947 encore, le curé de Notre-Dame Saint-Alban défendait cet usage.
‘« La question tout entière est dominée par deux principes. D’abord celui-ci : la langue de l’Eglise dans notre Occident est le latin. Il n’est pas loisible à quiconque de la considérer comme une gêne et, comme telle de s’en débarrasser. Secondement c’est un autre principe traditionnel aussi que, partout à travers le monde, une âme de bonne volonté qui veut connaître le Christ et participer à son Mystère de Rédemption, ne doit pas être arrêtée par une question de langue, de telle sorte qu’il faut constamment initier au latin les âmes fidèles qui sont de plus en plus communautaires et leur demander à certains jours, surtout le dimanche, de supporter, malgré leurs connaissances personnelles, qu’on songe aux nouveaux venus, qu’on les initie, d’où les traductions, bien lues, par des lecteurs laïcs, zélés, qui sentent la splendeur de leur ministère : transmettre aux âmes la parole de Dieu écrite dans les Saints Livres. A notre sens, il n’y a pas de question. Si on écrit beaucoup sur ce sujet, n’est-ce pas pour défendre les deux principes séparément suivant son point de vue, sans chercher à les appliquer tous deux ? Notre expérience prouve que ce n’est pas impossible. » 395 ’La modération et la tradition se situaient désormais du côté de Notre-Dame Saint-Alban, Laurent Remillieux se tenait en deçà des propositions les plus radicales.
L’usage du français avait d’ailleurs toujours été réservé aux traductions et aux explications, qui accompagnaient les textes latins et ne les remplaçaient en aucun cas. Le récit de funérailles célébrées pour un mort de l’Institut médico-légal, reproduit dans l’ouvrage du père Chéry, permet de retrouver avec précision les moments et les circonstances de l’emploi de la langue française au cours de la cérémonie 396 . Les traductions étaient parfois prononcées par un prêtre, elles le furent ensuite par un laïc, mais elles continuaient à doubler le discours du célébrant. Un ancien paroissien, Pierre Isnard, enfant au moment des faits racontés, a d’ailleurs confié les « tensions » engendrées par l’attitude inflexible du curé sur ce point. Il affirme que « les enfants ne comprenaient rien » et, si les homélies lui semblent encore dans son souvenir « révolutionnaires » pour l’époque, il les oppose à une « liturgie célébrée en latin » 397 . La présentation de la liturgie en œuvre dans la paroisse de l’abbé Remillieux par Robert Flacelière reposait en fait sur une ambiguïté, à partir du moment où il en faisait le modèle le plus avancé qui fût.
‘« Mais dira-t-on, il n’est pas nécessaire de sacrifier ce symbole d’unité qu’est une langue commune. Les fidèles aujourd’hui n’ont-ils pas des missels, des rituels où les prières que le prêtre dit en latin sont traduites ? Et dans beaucoup d’églises déjà, ne voit-on pas un laïc ou un prêtre doubler l’officiant, en lisant en français la traduction des textes liturgiques ? Cela ne suffit-il pas ?L’attachement de Laurent Remillieux au Missel quotidien et vespéral du bénédictin Dom Gaspar Lefebvre posait le problème dans des termes explicites. Ce missel était cité à plusieurs reprises dans les textes destinés aux paroissiens et apparaissait comme le seul livre de messe capable d’accompagner les fidèles dans la prière communautaire, telle qu’elle se pratiquait à Notre-Dame Saint-Alban. Publié en 1920, il proposait en effet une traduction intégrale et fidèle des textes latins dans la perspective de « rendre les chrétiens plus saints en éclairant leur intelligence, en leur permettant de “s’associer davantage” à la prière du Christ et de l’Eglise » 399 . Dès 1924, l’ouvrage était réédité. En ce début des années 1920, on y retrouvait toutes les recommandations que Laurent Remillieux aimait à répéter à ses paroissiens et qui se conformaient aux directives des autorités ecclésiastiques : la communion précoce des enfants comme le chant grégorien témoignaient des évolutions liturgiques en cours depuis Pie X et le missel contribuait, toujours dans la lignée officielle, à constituer « l’âme de l’Action catholique, c’est-à-dire de l’apostolat laïc hiérarchisé » 400 . La fidélité à l’institution caractérisait les choix du curé de Notre-Dame Saint-Alban et jamais on ne trouverait trace d’une recherche plus audacieuse, y compris quand Georges Michonneau et l’équipe sacerdotale de Colombes réaliseraient, conformément à l’orientation missionnaire de leur paroisse, un missel destiné à la classe ouvrière et remplaçant les traductions fidèles des textes de Dom Lefebvre par des paraphrases et autres adaptations, plus à même de servir leurs tentatives de pédagogie religieuse, plus proches de leur sensibilité pastorale 401 . L’action de Laurent Remillieux s’inscrivait dans une génération antérieure de réformateurs, autrement dit dans le courant du second mouvement liturgique qui s’était développé, juste avant 1914, dans les abbayes du Mont-César à Louvain, de Maredsous et de Saint-André-lès-Bruges. Exploitant le souci pastoral de Pie X d’une « participation personnelle du croyant » 402 aux célébrations, les bénédictins de Belgique donnaient alors au mouvement liturgique une dimension ecclésiale et missionnaire. La liturgie s’orientait désormais vers les laïcs et, intégrée au ministère paroissial, elle devait contribuer à réaliser l’idéal communautaire, tout entier resserré autour du sentiment de cette proximité divine, tant recherchée à Notre-Dame Saint-Alban. L’édition du Missel quotidien et vespéral de Dom Lefebvre, moine de Saint-André-lès-Bruges, concrétisait cet élan, le rendant enfin accessible à un public paroissial.
Les préoccupations liturgiques de Laurent Remillieux apparaissaient au même moment : jamais les sources antérieures à la fondation de Notre-Dame Saint-Alban n’ont livré d’indice sur un intérêt plus précoce et encore une fois, il faudra se tourner vers le réseau extra-paroissial constitué par le prêtre dans ces années 1920, sur ses premiers contacts avec les mouvements de jeunesse, les Compagnons de Saint-François au premier chef, pour trouver les origines de l’adoption dans sa paroisse des suggestions du mouvement liturgique. Après la guerre, l’abbaye de Maria Laach animait désormais les débats autour de la question liturgique et les travaux de théorisation de Romano Guardini finissaient de signaler que l’Allemagne avait pris « le relais de l’innovation » 403 . Dans un article consacré aux Compagnons de Saint-François et à leurs relations avec l’Allemagne, Régis Ladous a rappelé à son tour les liens tissés, grâce à Romano Guardini, « personnalité dominante » du « cercle dirigeant du Quickborn », entre le renouveau liturgique et son « milieu d’élection : la jeunesse » 404 . Il revient sur la promotion « de la “messe communautaire”, de la messe dialoguée, en latin, entre l’officiant et les fidèles rassemblés devant lui – et complétée par des “paraliturgies” en allemand » 405 . Mais plus intéressante pour nous est la connexion qu’il établit entre les milieux pacifistes de la jeunesse allemande évoluant au sein du Quickborn, d’une part,et Laurent Remillieux et les Compagnons de Saint-François, d’autre part. Entre les organisations allemandes et française, il fait même de Laurent Remillieux « le médiateur » incontournable 406 . Ces relations permettent de comprendre comme on retrouvait à Notre-Dame Saint-Alban toutes les manifestations du renouveau liturgique défini outre-Rhin. La messe dominicale formait notamment l’acmé de la semaine ordinaire, l’événement qui célébrait le sentiment communautaire. C’est en ce sens qu’il faut comprendre la volonté du curé d’intégrer à cette messe les cérémonies de baptême et de mariage, les communions : chaque paroissien partageait ainsi les événements de la vie religieuse avec sa famille spirituelle. L’accueil de l’enfant ou du nouveau couple par le groupe des fidèles et la possibilité laissée par l’heure matinale aux participants de communier lors de l’office réalisaient l’idéal communautaire. Ils amenaient la famille du baptisé ou les jeunes mariés à la participation active qu’attendait le célébrant de l’ensemble des pratiquants. Sans la démonstration liturgique de l’engagement des parents ou des mariés dans la communauté paroissiale, on ne pouvait que s’inquiéter du devenir de l’enfant baptisé ou de la future famille qu’annonçait le mariage. Les grands rites de passage du catholicisme devaient se vivre dans l’intimité de la communauté, comme s’il fallait intérioriser les grands actes liturgiques pour mieux ressentir la proximité divine, gage d’un accomplissement de la foi personnelle.
On peut d’ailleurs se demander si la volonté de combattre les catholiques conformistes participait encore du projet missionnaire à l’origine de la fondation paroissiale. La condamnation de la pratique formaliste était certes sans appel car on considérait qu’elle empêchait l’Eglise de pénétrer le monde des incroyants. La déperdition du sens des gestes religieux dressait un obstacle insurmontable entre les prêtres et les habitants du quartier éloignés de l’Eglise.
‘« Dans combien de paroisses n’assisterons-nous pas à ce désolant spectacle d’une religion sans chaleur et sans mouvement qui semble retenir de la doctrine chrétienne que les conclusions d’un utilitarisme moral sans générosité !Jules Monchanin, confronté aux réalités du ministère paroissial, n’avait pas exposé autrement à sa mère ses déconvenues. Les innovations introduites dans la vie liturgique de Notre-Dame Saint-Alban devaient débarrasser le culte de ses aspects incompréhensibles, du vide formel qui avait envahi ces « rite[s] coutumier[s] », qui interdisait au prêtre d’établir une communication avec l’assistance et qui, selon lui, retenait loin de l’église les non pratiquants. Ainsi s’expliquaient, dans le cas des funérailles, la traduction des textes de l’espérance chrétienne et, dans le cas des baptêmes, celle des textes fournissant le rituel de ce sacrement. Pour convaincre les incroyants et ramener à la foi les baptisés qui avaient abandonné toute pratique, il suffisait de leur découvrir le sens des rites et des sacrements, de les ouvrir à « la vérité » car « la vérité » était agissante, elle possédait le pouvoir de convertir. Cette vérité n’était nullement à inventer. La rénovation liturgique était entendue comme une restauration des rites anciens de l’Eglise des premiers chrétiens. Laurent Remillieux réfutait les critiques formulées par ceux qui lui reprochaient une originalité gratuite.
‘« Il s’agissait seulement dans l’administration ou la réception des Sacrements de comprendre le rituel et d’en suivre sans cesse la lettre et l’esprit.Il intégrait explicitement sa démarche dans les recherches liturgiques menées dans les milieux du catholicisme national et international, qu’il côtoyait avec les Compagnons de Saint-François et les autres mouvements de jeunesse ou à l’occasion de son investissement dans les organisations qui militaient pour le rapprochement franco-allemand, des milieux qu’il rencontrait aussi en participant aux discussions sur le laïcat consacré et aux premières rencontres œcuméniques. La vie paroissiale vivait alors au rythme de ses découvertes et le discours de Laurent Remillieux réconciliait, dans ce cadre, les exigences liturgiques et missionnaires. Mais à aucun moment, on n’échappait au problème d’une distorsion entre les expérimentations qui se déroulaient dans des milieux clos et choisis et les réalités paroissiales de Notre-Dame Saint-Alban.
Les multiples contacts de Laurent Remillieux avec le catholicisme allemand, comme ses fonctions d’aumônier des Compagnes de Saint-François, lui avaient assurément offert des opportunités pour tenter des innovations liturgiques. Il est en effet maintenant établi que les mouvements de jeunesse, qui multipliaient les occasions de célébration du culte en plein air, avaient contribué à lancer la recherche. Les sources qui retracent les audaces liturgiques de Laurent Remillieux le disent aussi : ce sont bien les souvenirs que les anciennes compagnes de Saint-François ou les autres aumôniers du mouvement ont confiés à Joseph Folliet qui valorisent sa manière de célébrer la messe et ce sont eux que le biographe a utilisés pour raconter le changement liturgique 409 . Le témoignage du père Louis Joseph, aumônier national des Compagnes au moment où il répond au questionnaire de Joseph Folliet, en donne un aperçu significatif quand il rappelle les journées du « Grand Pèlerinage de Lourdes » de 1948.
‘« Le Père m’a influencé par son sens communicatif de la liturgie de la messe. Il avait le “charisme” de révéler par ses paroles et par toute son attitude le Mysterium fidei. Il créait une ambiance de foi, de communion avec Dieu et avec l’Eglise. Ses audaces liturgiques, on sentait bien qu’elles venaient non de l’improvisation, mais de sa connaissance des premiers siècles chrétiens, de son expérience de prêtre attentif aux besoins du peuple fidèle. […]Même si les préoccupations liturgiques étaient renvoyées au souci pastoral du prêtre, on ne sait toujours pas dans quel sens il faut observer le passage entre les expérimentations vécues en dehors du territoire paroissial et leur application à Notre-Dame Saint-Alban. La description relève dans ce texte encore d’un discours formel, tout entier construit autour du mystère de la foi et du secret possédé par un personnage charismatique. Mais sur la question de l’origine de la rénovation paroissiale, l’hypothèse selon laquelle les changements introduits à Notre-Dame Saint-Alban furent une conséquence des apostolats menés par l’abbé Remillieux en dehors du cadre paroissial, et qu’ils avaient été réfléchis et expérimentés dans les milieux d’un catholicisme militant, apparaît la plus probable. On ne doit donc pas les présenter comme issus d’une pratique missionnaire attachée à la conversion des milieux ouvriers, et croire en leur efficacité au sein d’une population non pratiquante, voire incroyante, repose sur un amalgame et une illusion, qu’ont cristallisés les récits présentant Notre-Dame Saint-Alban comme une paroisse modèle.
Car si, dans les discours, la liturgie devenait un moyen de la christianisation, elle demeurait dans les faits l’instrument d’un accomplissement personnel, elle guidait le croyant dans une démarche vers un approfondissement de sa foi et elle accompagnait le clergé dans son désir de former une élite paroissiale. On retrouvait finalement les éléments d’une analyse que proposait à l’automne 1943 le manifeste annonçant la naissance du Centre de Pastorale Liturgique et évoquant les débuts français du renouveau liturgique.
‘« Le mouvement liturgique n’a cessé de progresser en France depuis quelque vingt ans. Sans remonter jusqu’à l’impulsion primordiale donnée par L’Année Liturgique de Dom Guéranger et jusqu’aux ouvrages de Huysmans, on peut citer parmi les symptômes de cette renaissance l’usage, maintenant répandu chez un nombre considérable de fidèles, des Missels complets, en particulier celui de Dom Gaspar Lefebvre, et la diffusion du chant grégorien restauré par les moins de Solesmes. »’ ‘« C’est dire que, chez nous, le mouvement liturgique est resté limité, qu’il a atteint des individus et peut-être transformé leur vie intérieure, mais qu’il n’a pas pénétré pratiquement la masse du peuple. » 411 ’Dès sa création, le Centre de Pastorale Liturgique associait étroitement la renaissance liturgique à l’effort missionnaire qui devait être conduit dans le pays. Dans un article de Cité Nouvelle paru en mars 1944, le jésuite Paul Doncœur qui rapportait les débats des journées d’études de janvier 1944, se réjouissait de la conjonction des deux préoccupations, pastorale et liturgique, qui seule permettrait de sortir d’une impasse élitiste 412 . Certes, quelques paroisses avaient su s’ouvrir à une renaissance liturgique mais elles demeuraient l’exception et le mouvement liturgique ne parvenait pas encore à échapper à sa « phase aristocratique » 413 . La liturgie « aura cause gagnée quand le point de vue mis en lumière à Vanves aura conquis l’attention de tous. C’est-à-dire quand le mouvement liturgique de monastique, d’historique, de théologique, d’esthétique, de spirituel, sera devenu pastoral » 414 . Cependant, même quand cette renaissance se produisait dans le cadre paroissial, on ne pouvait pas lui prêter systématiquement un caractère populaire. La paroisse citée en exemple, Saint-François-Xavier, était certes « parisienne » (elle se situait dans le spetième arrondissement) et « bourgeoise ». Mais si l’on se référait à Notre-Dame Saint-Alban, l’ambiguïté n’était pas levée, en dépit de la présence d’une importante population ouvrière au sein du territoire paroissial.
L’influence des mouvements de la jeunesse catholique allemande sur Laurent Remillieux aidait même à démontrer le contraire. Paul Doncœur dénonçait le danger d’une liturgie qui ne saurait devenir populaire, en prenant pour preuve l’expérience allemande et son initiateur, Romano Guardini. Il se référait à la traduction de l’Esprit de la Liturgie par Robert d’Harcourt et à l’introduction que ce dernier en avait proposée et qui restait à ce jour « une des meilleures études […] sur le Mouvement Liturgique dans l’Allemagne d’après-guerre » 415 . Les citations qu’il proposait à ses lecteurs mettaient l’accent sur le décalage d’une initiation vécue sur le mode intellectuel, comme une aventure intérieure, sans aucune tentative pour prendre en compte la réalité extérieure et ses exigences.
‘« […] C’est toujours au milieu de haute culture que cet apostolat s’adresse. M. R. d’Harcourt le constate formellement : “ Il est parfaitement exact que jusqu’à présent le mouvement liturgique, en Allemagne, n’a guère débordé la sphère de la jeunesse intellectuelle. Il n’a pas beaucoup entamé l’inertie religieuse du grand public qui continue à ne guère connaître les voies de la prière liturgique. Il demeure une chapelle. Ecclesiola in Ecclesia ”.Les relations de Laurent Remillieux avec les catholiques allemands appellent des éclaircissements qui seront donnés dans le chapitre suivant. Mais d’ores et déjà la question du modèle liturgique appliqué dans sa paroisse et de sa finalité peut être posée. En dépit des discours affichés, les tentatives de renouvellement de la vie liturgique qui se déroulaient dans la paroisse lyonnaise semblaient procéder d’une logique plus élitiste que missionnaire.
On pourra finalement se demander si l’expérience paroissiale de Notre-Dame Saint-Alban ne participait pas plus des phases préparatoires définies par Paul Doncœur pour la période antérieure à la fondation du Centre de Pastorale Liturgique, avec toutes les limites que signifiait ce renvoi, déniant aux réalisations de l’abbé Remillieux l’accomplissement prêté par Robert Flacelière ou le père Chéry. Une citation extraite d’un article écrit en 1948 pour la revue Etudes, semble bien résumer le problème des innovations liturgiques introduites dans certains cercles catholiques avant 1943.
‘« Période d’archéologie savante, illustrée par les noms des Cabrol, des Duchesne, des Battifol […]. Période littéraire et esthétique […] renaissance du chant grégorien, des arts mineurs, vénération des monuments sacrés, nouvelle floraison d’un art religieux. Période des cénacles et chapelles, où des élites intellectuelles, des avant-gardes de jeunes, préludaient avec un mélange de timidité réelle et d’audace apparente à l’affirmation de la grande liturgie populaire. » 417 ’Le jésuite a répondu fort courtoisement à la demande de témoignage formulée par Joseph Folliet au début des années 1950 418 . Il lui précisait qu’il avait rencontré Laurent Remillieux « à Saint-Alban ou en montagne » et qu’il avait été « conquis par sa cordialité et sa foi surnaturelle ». S’il assurait lui demeurer « fort attaché », il écrivait aussi qu’il n’avait « rien de très précis à témoigner » et il renvoyait justement son biographe « à ses amis lyonnais ». C’était cantonner les efforts liturgiques de Laurent Remillieux dans un cadre local, mais plus encore dans un cercle relationnel finalement restreint, c’était lui dénier un rôle majeur dans la réflexion liturgique, à laquelle Paul Doncœur avait activement participé, dans laquelle Laurent Remillieux n’avait peut-être joué que le rôle d’un témoin. Les relations entre les deux hommes connurent d’ailleurs des épisodes moins cordiaux que la lettre à Joseph Folliet passait sous silence. Le témoignage d’un ancien paroissien de Notre-Dame Saint-Alban, Marcel Marchand, évoquait pour sa part « ceux qui en acceptant [Laurent Remillieux] s’acharnaient à voir les petits côtés, ou les « trous » toujours secondaires dans l’action du Père » 419 . Le père Doncœur remettait ainsi en question la messe chantée qui avait les préférences de Laurent Remillieux. Mais sa critique des réalisations du curé de Notre-Dame Saint-Alban semblait aussi plus globale.
‘« Tu connais certainement à ce sujet l’attrapade avec le Père Doncœur en 43 ou 44 je ne sais plus. A la suite de sa venue à Saint-Alban un dimanche, le Père Doncœur, inspiré par des éléments paroissiaux disons « réactionnaires » avait publié un article injuste dans Cité Nouvelle. Le Père Remillieux demande et obtient, je crois, rectification. »’Dans son récit, le témoin liait les critiques formulées à l’encontre de Laurent Remillieux à ses réalisations paroissiales, tout en demeurant très imprécis. Si tel était vraiment le cas, « l’attrapade » montrait que l’expérience de Notre-Dame Saint-Alban avait été relativisée par certains tenants de la réforme liturgique. Mais dans le contexte troublé de la Deuxième Guerre mondiale, le désaccord pouvait aussi porter sur les choix politiques des deux prêtres.
Maurice Michaud, « L’abbé Laurent Remillieux, Un pionnier de la pastorale liturgique », La Maison-Dieu, Cahier n° 19, 1er trimestre 1950, p. 173-176.
Sur cette paroisse, on peut consulter la brochure écrite par Max Bobichon, Saint-Denis de la Croix-Rousse, Histoire d’une église et d’une paroisse, Lyon, Comité pastoral de Saint-Denis, 1983, 119 p.
La Maison-Dieu, Cahier n° 2, juin 1945, p. 173.
La Maison-Dieu, Cahier n° 6, 2e trimestre 1946, p. 106.
« Le Congrès de Lyon – Lyon-Ars – 17-22 septembre 1947 », La Maison-Dieu, Cahier n° 13, 1er trimestre 1948, p. 114-132, p. 117.
Citations extraites de l’ouvrage d’H. Ch. Chéry, O.P., Communauté paroissiale et liturgie…, op. cit., p. 133.
La Maison-Dieu, Cahier n° 15, 4e trimestre 1948, p. 3-4.
Maurice Michaud, « L’abbé Laurent Remillieux, Un pionnier de la pastorale liturgique », op. cit., p. 173.
Ibid., p. 173.
Ibid., p. 175.
Ibid., p. 174.
Ibid., p. 173.
Ibid., p. 176.
Copie d’une feuille paroissiale datée du 14 mai 1920, conservée parmi les Papiers Folliet au Prado, Carton Père Remillieux 3.
Copie d’un extrait du bulletin paroissial de Notre-Dame Saint-Alban, numéro du 7 au 14 février 1943, Papiers Folliet au Prado, Carton Père Remillieux 3. Joseph Folliet certifie que l’abbé Remillieux commença à célébrer la messe « face au peuple » en 1936, « après l’avoir vu célébrer ainsi, en Allemagne, par le cardinal Pacelli », Le Père Remillieux…, op. cit., p. 127. Joseph Folliet commet ici une erreur, puisqu’en 1936, le cardinal Pacelli n’est plus en Allemagne, mais à Rome. Laurent Remillieux n’évoque-t-il pas plutôt ici le séjour que le cardinal Pacelli fit en France en juillet 1937, à l’occasion de l’inauguration de la basilique Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus à Lisieux ? Il peut peut-être aussi faire référence aux célébrations qui se déroulèrent lors du Congrès eucharistique de Budapest entre les 25 et 29 mai 1938.
La Maison-Dieu, Cahier n° 6, 2e trimestre 1946.
A.A.L., Papiers Gerlier, 11 / II / 127, Dossier Notre-Dame Saint-Alban.
Témoignage de Joseph Charlas recueilli le 20 mars 1992.
Ibid.
Au cours de l’entretien, Joseph Charlas refusa toujours de répondre aux questions qui portaient directement sur les changements liturgiques vécus par l’Eglise catholique post-conciliaire. Quand, prenant conscience de ses réticences, j’essayai d’y revenir, il détournait systématiquement la question. Ce furent d’autres paroissiens, rencontrés après lui, qui me retracèrent, parfois spontanément, son parcours après son départ du territoire paroissial, me confiant à ce sujet leur surprise.
« Envoi Bloud et Gay », p. 39.
Lettre de 1922 (aucune date précise) envoyée aux parents des enfants du patronage et lettre du 18 juillet 1922 destinée aux jeunes gens du Cercle d’études, Papiers Colin.
« Envoi Bloud et Gay », p. 51.
Ibid., p. 56.
Le 22 novembre 1903, par le Motu proprio Tra le sollicitudine, Pie X rétablit l’ancien chant grégorien dans les fonctions du culte. Il recommandait le renouveau de la musique sacrée, moyen d’élévation de l’esprit vers Dieu, aide précieuse dans une participation active aux saints mystères et à la prière publique et solennelle de l’Eglise.
C’est en tout cas ce qu’affirme Robert Flacelière dans son ouvrage Renaissance liturgique et vie paroissiale, op. cit., p. 95. Il met l’adverbe en italiques pour souligner le fait. Il précise même qu’ « en semaine, évidemment, l’assistance des circumstantes est beaucoup plus réduite, elle est pourtant suffisante pour que la paroisse offre tous les jours le saint sacrifice sous sa forme la plus pleine et la plus solennelle ».
R. Flacelière, Renaissance liturgique et vie paroissiale, op. cit., p. 95-96.
« Envoi Bloud et Gay », p. 55.
« Lettre aux parents datée du 11 juin 1935 », citée dans le dossier « Envoi Bloud et Gay », p. 95.
Copie d’un extrait de la Semaine religieuse et familiale du 19 au 26 octobre 1947, Papiers Folliet.
H. Ch. Chéry, O.P., Communauté paroissiale et liturgie…, op. cit., p. 137-140.
Témoignage de Pierre Isnard recueilli le 17 janvier 1992. Son père, André Isnard était l’un des paroissiens engagés dans les œuvres de Notre-Dame Saint-Alban. Militant pour les associations familiales, il fut d’ailleurs président de l’Association des familles de Lyon, il a aussi fréquenté la Chronique Sociale.
R. Flacelière, Renaissance liturgique et vie paroissiale, op. cit., p. 37.
Michel Albaric, o.p., éditeur, Histoire du missel français, Editions Brepols, 1986, 256 p., p. 116.
Ibid., p. 118.
Ibid., voir le chapitre IV consacré à une analyse de l’intention des auteurs de missels, p. 89-111.
E. Fouilloux, Histoire du christianisme…, op. cit., p. 211. La présentation du mouvement liturgique associe à la réflexion menée par les bénédictins belges puis allemands les efforts de quelques « paroisses pilotes souvent citées en exemple » et parmi lesquelles on trouve Notre-Dame Saint-Alban. Elle replace le Centre de Pastorale Liturgique créé en 1943 par les dominicains dans la continuité des recherches bénédictines. Mais elle redit le lien entre la rénovation liturgique et les mouvements de jeunesse, le Quickborn en Allemagne, « incomparable terrain d’expérimentation ».
Ibid.
Régis Ladous, « Des chrétiens pour la paix : les Compagnons de Saint-François et l’Allemagne », Chrétiens et sociétés. XVIe – XXe siècles, Bulletin du Centre André Latreille (Université Lumière – Lyon 2) et de l’Institut d’Histoire du Christianisme (Université Jean Moulin – Lyon 3), 1999, n° 6, p. 133-157, p. 137-138. Pour prendre connaissance de la situation des catholiques en Allemagne sous la République de Weimar, voir P. Colonge et R. Lill (Sous la direction de), Histoire religieuse de l’Allemagne, op. cit., p. 181-197. Quelques pages et une notice biographique (p. 394-395) présentent Romano Guardini.
Ibid., p. 138.
Ibid., p. 139.
« Envoi Bloud et Gay », p. 243 et 122.
« Envoi Bloud et Gay », p. 102.
Ces témoignages, guidés par un questionnaire type établi par Joseph Folliet, se trouvent dans les Papiers Folliet conservés au Prado. La célébration de la messe y fait presque toujours l’objet d’une remarque particulière sinon d’un paragraphe entier, répondant soit à la question « A-t-il exercé sur vous une influence ? Laquelle ? Dans quelles circonstances ? », soit à la question suivante, « Pouvez-vous citer quelques paroles de lui qui vous aient particulièrement frappé ? Pouvez-vous rappeler quelques-uns de ses actes ou quelques-unes de ses attitudes qui vous aient frappé ? ».
Témoignage du père Louis Joseph, Papiers Folliet, Carton Père Remillieux 1.
La Maison-Dieu, Cahier n° 1, janvier 1945, p. 172-173.
Paul Doncœur, « Les journées d’étude du “Centre de Pastorale Liturgique de Vanves ”, 26-28 janvier », Cité Nouvelle, 10-25 mars 1944, p. 339-349. La thèse de Dominique Avon, Paul Doncœur S.J. (1880-1961). Splendeur humaine et grandeur française par un christianisme intégral ?, Doctorat d’Etat es lettres et sciences humaines – Histoire –, sous la direction de Gérard Cholvy, Université Paul Valéry Montpellier III, Janvier 1999, 3 vol. 808 p., développe la contribution du jésuite au mouvement liturgique dans le chapitre X, p. 616-678, intitulé « Renaissance liturgique : un pionnier ». Dominique Avon évoque à cette occasion le contexte du mouvement qui associa dans les années 1940 les partisans de la réforme liturgique aux défenseurs d’une paroisse missionnaire. Cette thèse a été publiée sous le titre Paul Doncœur, s. j., un croisé dans le siècle (1880-1961), Paris, Editions du Cerf, coll. « Petits Cerfs Histoire », 2001, 400 p.
Ibid., p. 341.
Ibid., p. 340.
Ibid., p. 342-343.
Ibid., p. 343.
Paul Doncœur, « Etapes décisives de l’effort liturgique contemporain », Etudes, novembre 1948, p. 200-210, p. 200.
Les citations qui suivent sont extraites d’une lettre écrite par Paul Doncœur à Joseph Folliet, non datée mais classée parmi les témoignages reçus au début des années 1950, Papiers Folliet, Prado.
Lettre de Marcel Marchand à Joseph Folliet, datée du 13 novembre 1949, Papiers Folliet, Prado. Je n’ai pas retrouvé l’article de Cité Nouvelle dont il est question dans ce témoignage.