Le jeune abbé Monchanin fréquentait aussi depuis 1923 les différentes résidences des Carlhian et participait à leur vie familiale, comme à leur vie intellectuelle et religieuse. Dans un témoignage posthume, Victor Carlhian évoquait leur rencontre et confiait que c’était « par le chaînon de l’Abbé Remillieux » [...] quil fut mis en rapport avec Jules Monchanin, alors séminariste 683 . Ce dernier avait effectivement connu Laurent Remillieux en octobre 1917 à l’institution Saint-Joseph de Roanne, où ils exerçaient tous deux une activité d’enseignement. L’abbé Remillieux qui se plaçait depuis le début de la guerre en marge du consensus nationaliste de l’Union Sacrée, marquait clairement ses positions pacifistes. Quand, réformé, il accepta à Roanne l’aumônerie des prisonniers de guerre allemands, il trouva en son jeune collègue, lui aussi réformé pour raison de santé et qui remplaçait un professeur mobilisé, un même rejet critique du conflit mondial 684 . Ils se lièrent d’amitié et cette amitié perdura, alors que chacun reprenait le cours interrompu de sa vie : en octobre 1919, Jules Monchanin retourna aux cours du grand séminaire, ou s’engageait sur une nouvelle voie : Laurent Remillieux débuta au même moment l’expérience de Notre-Dame Saint-Alban. Très vite, on y sollicita la contribution de l’abbé Monchanin, d’abord dans le cadre des cercles d’études, puis dans celui des célébrations liturgiques pour lesquelles son concours a déjà été évoqué. Une feuille annonçait pour le mercredi 27 décembre 1921 une conférence qu’il devait tenir devant l’Union Fraternelle des hommes sur le thème « Il faut être logique avec son christianisme – Paix internationale – Paix sociale » 685 . Le programme des réunions du Petit Cercle d’études établi pour la période d’octobre 1923 à janvier 1924 mentionne une intervention attendue le 11 décembre sur « Les Evangiles et la passion de Jésus » 686 . Cette intervention devait précéder celle de l’abbé Viollet, datée du 20 décembre 1923 et intitulée « Des qualités indispensables aux jeunes gens à fonder plus tard un foyer ». L’abbé Monchanin portait un regard attentif sur l’initiative qui suivrait d’implanter un groupe de l’Association du Mariage Chrétien et signalait à sa mère un numéro du bulletin Le Prêtre et la Famille, proposant « un article assez long et détaillé sur Saint-Alban et l’Association du Mariage Chrétien » et donnant « Saint-Alban comme modèle aux autres paroisses » 687 . Les époux Carlhian avaient adhéré à l’Association et commençaient à accueillir dans leur maison de Saint-Alban des réunions du groupe 688 , ce qui motivait peut-être l’intérêt de Jules Monchanin. Car très rapidement sa participation aux activités paroissiales ne paraît plus liée à des relations particulières qu’il aurait entretenues avec son ancien confrère. Ce dernier est évoqué à plusieurs reprises dans sa correspondance avec sa mère mais sans qu’il ne lui donne une importance spécifique, importance qui semble d’ailleurs décroître avec les années. L’abbé Remillieux est plutôt cité au milieu d’autres noms quand il s’agissait de rencontres qui avaient lieu en dehors de Notre-Dame Saint-Alban (les retraites vécues en commun favorisait une certaine sociabilité cléricale 689 ) ou simplement parce qu’il était le curé de cette paroisse.
Dans le témoignage mentionné précédemment, Victor Carlhian fait ensuite référence à la période de la fondation paroissiale, en montrant une étroite imbrication entre sa rencontre avec Jules Monchanin et l’activité du groupe spirituel qui rappelait la genèse du projet paroissial :
‘« L’Abbé Remillieux [...] avait consenti à ajouter, à ses multiples activités, la formation spirituelle d’un petit groupe féminin, réuni autour de ma femme et dont faisait partie la soeur de l’Abbé : Mademoiselle Antonia Monchanin ». 690 ’Henriette-Antonia Monchanin, surnommée Nina, aurait donc appartenu au groupe de spiritualité pour dames et jeunes filles, animé par Mme Carlhian et qui se réunissait pendant la guerre 691 , celui-là même qui était à l’origine du projet d’évangélisation de la ville imaginé par Victor Carlhian. La sœur de Jules Monchanin se maria le 31 août 1920 à Fleurie avec Elie Vignal, le dirigeant lyonnais de la Jeune République. Ils s’étaient rencontrés au cours de leur fréquentation commune de ces anciens du réseau sillonniste lyonnais : dans une lettre écrite après la mort de Marie Carlhian, Jules Monchanin rappelle à sa mère que Nina et Elie Vignal s’étaient connus par « le cercle Carlhian et par Saint-Alban » 692 . Les Carlhian étaient personnellement liés au couple Vignal, comme le confirmait une lettre de Jules Monchanin à sa mère, rédigée pendant l’automne 1926 : Nina, malade pendant une grossesse, reçut la visite un samedi des Carlhian qui prévinrent son frère 693 . Jules Monchanin était donc aussi intégré dans un réseau familial qui le mêlait à l’aventure de cette émanation politique du Sillon, concrétisation d’une activité militante tournée vers la démocratie chrétienne.
Les fondateurs de Notre-Dame Saint-Alban, issus du même réseau sillonniste, avaient en effet conservé des contacts avec les militants de la Jeune République, même s’ils avaient choisi d’orienter leur action dans un sens différent, comme l’a montré la première partie de la thèse. Au moment où Victor Carlhian annonçait son retrait de l’action politique, il ne cessait de rappeler les liens d’amitié indissolubles qui l’attachaient aux anciens sillonnistes 694 . Le 29 avril 1924, Elie Vignal était invité à donner une conférence sur « L’apostolat dans la Cité et dans le Pays », devant les membres du Petit Cercle d’études 695 . Le parti politique recruta, de façon marginale il est vrai, quelques adhérents sur le territoire paroissial. Le Bulletin d’Action et de Propagande des Jeunes-Républicains du Rhône livre quelques informations sur les liens entretenus par le groupe de Notre-Dame Saint-Alban avec les anciens sillonnistes au travers de la Jeune République : en mars 1926, en deuxième page du bulletin est présentée une liste de souscripteurs parmi lesquels on reconnaît Joseph Remillieux, le jeune frère de Laurent Remillieux, Eugène Pons, Elie Vignal, l’abbé Monchanin et la Maison des Jeunes de Saint-Alban 696 . En octobre 1925, la rubrique « La Vie de la Section » évoquait « Mlle Girard, secrétaire » et en juin 1926, le « Carnet du Propagandiste » faisait encore référence à la paroissienne de Notre-Dame Saint-Alban en la présentant comme « notre dévouée bibliothécaire » 697 .
L’abbé Monchanin restait assez distant de cet engagement temporel en dépit des relations nouées avec plusieurs militants. Mais ce fut par ce même réseau qu’il rencontra Joseph Folliet, dès 1923 selon le témoignage de ce dernier 698 , dans l’entourage de l’abbé Remillieux et chez son beau-frère. Au début de la biographie consacrée à Laurent Remillieux, Joseph Folliet explique, pour sa part, qu’il en vint à fréquenter Notre-Dame Saint-Alban et son curé par le biais de la Jeune République 699 , à laquelle il venait d’adhérer. Il était alors étudiant en histoire et « des amis communs » avaient parlé de son intérêt pour l’histoire comparée des religions aux animateurs de la paroisse. L’abbé Colin lui demanda un exposé pour le Petit Cercle d’études, exposé qu’il présenta le 6 novembre 1923 et qu’il intitula « La supériorité du catholicisme vis-à-vis des religions dissidentes ou païennes » 700 . Toujours au cours de l’automne 1926, Jules Monchanin relatait à sa mère une réunion de la Jeune République troublée par les Camelots du Roy alors qu’Elie Vignal et Joseph Folliet lançaient un réquisitoire contre l’Action Française. D’autres anciens du Sillon apparaissent à la même époque dans l’entourage de Notre-Dame Saint-Alban. L’abbé Fatisson venait soutenir Laurent Remillieux dans son travail paroissial : les registres de catholicité ont conservé son nom et ses interventions apparaissent régulières sur deux périodes de l’histoire paroissiale, de 1927 à 1931 d’abord, puis de 1946 à 1948.
L’abbé Monchanin collaborait déjà aux activités de Notre-Dame Saint-Alban quand les relations entretenues avec la famille Carlhian s’approfondirent. Le témoignage de Victor Carlhian est toujours aussi explicite sur ce sujet lorsqu’il évoque la participation du clerc aux vacances familiales passées dans l’Isère :
‘« L’occasion de mieux le connaître me fut fournie après son sacerdoce [l’ordination de Monchanin eut lieu le 29 juin 1922 en la cathédrale Saint-Jean], lorsque nous lui demandâmes de sacrifier quelques jours de ses vacances à Fleurie, pour nous permettre d’avoir la messe quotidienne dans le petit oratoire d’une propriété familiale à Saint-Ours. » 701 ’L’amitié que Victor Carlhian et l’abbé Couturier ressentaient l’un pour l’autre, la famille que le laïc offrait au prêtre pendant ce mois d’été avaient favorisé le rapprochement de deux hommes aux horizons idéologiques très différents. Les séjours de l’abbé Monchanin à Saint-Ours furent au contraire l’occasion de la découverte d’une complémentarité intellectuelle, l’exploration d’une entente spirituelle qui débouchèrent sur une amitié et sur un cheminement toujours commun, en dépit parfois des distances, et long de toute une vie. Dans une lettre à sa mère envoyée de Kulitalaï, le 11 novembre 1949, Jules Monchanin évoquait au moment du décès de Madame Carlhian son attachement pour Victor Carlhian, son aîné de vingt ans, qu’il pouvait alors considérer « comme un second père » et à qui il devait beaucoup 702 . De son côté, ce second père revivait encore une fois dans leur amitié l’expérience de l’humilité, qui l’avait déjà conduit, lui le laïc, à reconnaître ses limites et sa faillibilité face à un homme plus jeune mais marqué par le sacerdoce. Dans un texte d’adieu adressé à Jules Monchanin peu avant son départ pour l’Inde, Victor Carlhian dévoilait enfin le secret de l’indéfectible et nécessaire soumission du laïc au prêtre.
‘« Quinze ans de sacerdoce vous ont mêlé, dans les milieux les plus divers, aux crises de conscience les plus dramatiques. De ceci, je n’ai rien à dire, c’est affaire entre vous et les âmes et nous l’ignorerons toujours. Nous sommes sûrs, cependant, que cette activité secrète est aussi importante que celle que tous connaissent, cette dernière vous a retenu partout où il y avait à rendre un témoignage neuf à notre vieille Foi. Si je mentionne la première, plus secrète, mais peut-être la plus importante, c’est parce que le laïc ne se rend peut-être pas compte à quel point la vie du prêtre est mangée par les œuvres de la charité spirituelle et combien de détresses l’assiègent. » 703 ’Le laïc n’accèderait jamais au mystère des âmes qui s’ouvraient au prêtre.
Les lettres écrites par Jules Monchanin au cours des années 1920 livrent aussi quelques confidences sur les relations intimes et l’harmonie intellectuelle qui existaient entre les deux hommes. Dans une lettre datée de juin 1923 par Françoise Jacquin 704 , Jules Monchanin, qui se trouvait encore au Séminaire universitaire, annonçait à sa mère qu’il avait réservé la période du 15 août au 1er septembre pour un séjour à la résidence d’été de la famille Carlhian dans le Vercors. Après cet été, Jules Monchanin donna des cours à Jean, le fils aîné, désormais élève de sixième à Lyon. Alors qu’il était vicaire à La Ricamarie depuis juillet 1924, ce fut à lui qu’on demanda de baptiser le sixième enfant, Alice, en janvier 1925. Et lors de ses fréquentes visites à Lyon, il se rendait régulièrement chez les Carlhian et les nouvelles qu’il envoyait à sa mère concernaient très personnellement les membres de la famille, l’évolution des enfants et l’état de leur santé.
‘« J’ai dîné hier chez M. Carlhian. Nous étions quinze à table : il y avait de la famille. Maurice Legros, jeune homme de vingt ans, est toujours entre la vie et la mort (grave péritonite). Tous en sont bien inquiets. » 705 ’ ‘« J’ai été hier à l’enterrement de M. Legros, à la Mulatière, beau-frère de M. Carlhian, et frère de la Visitandine morte, il y a six mois, de la typhoïde. C’est une famille durement éprouvée. » 706 ’Ses lettres le montrent ainsi comme un proche, un intime des Carlhian, auquel le paterfamilias a accordé sa protection. Les échanges entre les deux hommes se multipliaient à travers les conversations sur la philosophie ou les sciences, les prêts de livres et de revues, une correspondance plus espacée par la suite, mais constamment porteuse d’amitié et de soutien, et qui puisait ses ressources dans une avidité intellectuelle partagée.
‘« A Lyon, j’ai vu Carlhian. Nous avons longuement discuté. Il attend son sixième enfant vers le Jour de l’An. Pas mal d’embarras à Saint-Ours : les fermiers s’en vont et il s’agit de les remplacer. Nous avons causé de programmes scolaires, de philosophie, de mathématiques. Il m’enverra régulièrement la Revue de métaphysique et de morale et Scientia, revue de synthèse scientifique : c’est très précieux. » 707 ’Une lettre écrite à son ami Claude Sérol, lui aussi rencontré pendant les années de séminaire, donne une idée du niveau de réflexion et du degré de spécialisation qui caractérisaient ces échanges intellectuels. Jules Monchanin suivait les conseils de lecture de son aîné dans le domaine scientifique et ne refusait pas de partager sa passion pour les mathématiques.
‘« Il m’a été impossible de te rejoindre – j’ai vu les Carlhian – Parlé de sciences. Il me disait que l’œuvre de Meyerson (dont je viens d’acheter et lire : La déduction relativiste) est la plus importante depuis Poincaré, Duhem, Mach et Leroy. Cartrand, m’a-t-il dit, construit une géométrie générale au-delà de celle de Weyl qui, lui-même, a généralisé Einstein. (dans cette géométrie, aucune superposition de figures n’est possible : absence de postulats). » 708 ’Toujours dans les lettres écrites à sa mère, Jules Monchanin évoque régulièrement les repas familiaux et les réunions informelles qui lui offraient, comme à Paul Couturier, l’opportunité de rencontrer d’autres figures clés du catholicisme lyonnais.
‘« Jeudi, je suis allé dîner chez M. Carlhian à Saint-Alban avec une nombreuse société. Le Père Auguste Valensin (jésuite), Mme Waltz (professeur de philosophie au lycée de filles), Albert Gleize, le peintre cubiste, M. et Mme (Sir and Lady) Greenwood, philosophe anglais. Le soir, Société de philosophie […] 709Etienne Fouilloux a reconstitué le « parcours, qui [fit] circuler Monchanin dans nombre de groupes, de cercles ou de réseaux à caractère intellectuel, auxquels il s’[agrégea] dès le milieu des années 1920, puis qu’il contribu[a] à enrichir, après 1932 surtout » 711 . Il repère en fait sa trace dans les « trois réseaux intellectuels coalescents » 712 déjà évoqués à propos de Paul Couturier : le Groupe de travail en commun de Jacques Chevalier, auquel il adhéra au printemps 1925, le Groupe lyonnais d’études médicales, philosophiques et biologiques du docteur Biot, dont il devint le conseiller théologique à partir d’octobre 1926, la Société lyonnaise de philosophie enfin, au sein de laquelle il fut admis en décembre 1927. Etienne Fouilloux montre le rôle primordial joué à chaque fois par Victor Carlhian dans son introduction. Ce fut par exemple dans sa villa de Saint-Alban que la rencontre décisive entre René Biot et Jules Monchanin eut lieu le 27 mai 1926.
Une lettre déjà citée de l’hiver 1934-1935 révèle que c’était aussi dans cette maison que l’abbé Monchanin retrouvait son ami intime, l’abbé Duperray, même après le temps passé comme vicaires, respectivement à Saint-Maurice de Monplaisir et à Notre-Dame Saint-Alban. Edouard Duperray connaissait Jules Monchanin depuis 1916, mais leur amitié naquit au grand séminaire de Francheville en 1919. Le premier a livré le récit de leur rencontre à Françoise Jacquin, au cours d’une série d’entretiens enregistrés au magnétophone au printemps 1987 713 . Au-delà de leur différence d’âge (l’un était né en 1895, l’autre en 1900) et d’origines sociales (l’un était issu d’une famille de notables viticulteurs-négociants, l’autre était fils d’ouvriers roannais, tisseurs en soie à domicile), les deux jeunes hommes fondèrent leur amitié sur « plusieurs points communs » : originaires du Beaujolais, ils avaient une « situation familiale identique de petit frère unique d’une sœur sur le point de se marier », partageaient la « même exigence d’absolu », ressentaient le même sentiment de décalage dans l’environnement institutionnel et le contexte patriotique de l’après-guerre. « Leur commune aversion de la vie enrégimentée de l’établissement, leur rejet du patriotisme triomphant et des clichés bien-pensants dont bourdonn[ai]ent les couloirs rapproch[èr]ent les deux séminaristes qui [avaient] vécu la guerre avec un certain retrait. […] Duperray, trop jeune pour avoir été appelé, avait été marqué par les tendances internationalistes de son milieu familial » 714 . Ce fut à ce nouvel ami que le jeune séminariste osa confier son désir de partir en Chine et ce fut ensemble qu’ils construisirent leur vocation missionnaire. Si Jules Monchanin entraînait pour sa part son cadet dans le « monde des idées et des lettres », l’amenant à fréquenter le milieu dans lequel Victor Carlhian l’insérait ou partageant plus intimement l’émotion « de la découverte des grands mystiques chrétiens » 715 , Edouard Duperray lui entrouvrait les enseignements d’une expérience populaire, précipitant ses « tendances pacifistes et ouvriéristes » 716 , ces mêmes tendances qui avaient pu lui rendre Notre-Dame Saint-Alban si attrayante 717 . Les lectures partagées de Barbusse, La douleur dans l’abîme, de l’abbé Beaupin écrivant sur l’intérêt des cercles d’études pour la formation sociale, d’Ollé-Laprune, Certitude morale, de Pierre Benoît, L’Atlantide, disent assez l’éclectisme de la pensée et sa liberté 718 .
On retrouve encore la trace de cette amitié dans les lettres envoyées par l’abbé Monchanin à sa mère, notamment de La Ricamarie. Les deux amis se rejoignaient chaque fois ou presque que Monchanin s’échappait de sa paroisse pour un bref passage à Lyon. Ils partageaient promenades, visites des librairies, des musées ou des expositions, satisfaisant leur amour commun de l’art ; ils échangeaient leurs souffrances et les doutes, mais aussi la lumière que leur apportait, selon leurs paroles, le service de Dieu.
‘« Nous nous sommes retrouvés chez Flammarion avec Duperray et avons déambulé sous les “cloîtres” du Musée et beaucoup causé comme nous n’avions fait depuis longtemps. » 719 ’ ‘« J’ai vu hier Duperray. Il a dîné, seul, de quelques bâtons de chocolat, dans la cour du Musée (nous sommes, tu vois, aussi “fous” l’un que l’autre). Il ne sait rien encore de sa nomination, sinon qu’il sera probablement professeur. Puisse-t-il être à Lyon ! En quelques heures, on ne peut épuiser le cycle des questions de toute sorte qui se pressent dans nos pensées. Nous avons vu chez Flammarion des magnifiques reproductions de manuscrits du Moyen Age […] et des photographies en couleurs de vitraux de Chartres (XIIe et XIIIe siècles). » 720 ’Edouard Duperray fut ordonné prêtre en mars 1925, mais Monchanin, désespéré, annonçait à sa mère qu’il était nommé professeur à l’école cléricale de Tarare :
‘« C’est une grande peine pour lui, un vrai chagrin pour moi : toujours séparés ! » 721 ’En avril 1926 cependant, alors que son ami se trouvait depuis quelques mois déjà dans la paroisse de Saint-Maurice de Monplaisir, l’abbé Duperray devenait le vicaire du curé de Notre-Dame Saint-Alban et ce jusqu’en 1933.
Jules Monchanin connaissait en fait le premier vicaire de Notre-Dame Saint-Alban, Laurent Colin, que nous avons déjà rencontré dans ses fonctions alors qu’il avait pris en charge les jeunes de la paroisse entre 1921 à 1925. Il ne le mentionna dans ses lettres qu’à partir de septembre 1924 722 . Il le rencontrait lors des visites rendues à Notre-Dame Saint-Alban et recueillait parfois ses confidences. L’abbé Colin était un camarade de séminaire, il débutait là son ministère paroissial, dans des conditions exaltantes, mais en affrontant des relations conflictuelles avec son curé, jusqu’à la rupture violente qui l’entraîna à quitter ce premier poste. En septembre 1925, l’abbé Monchanin écrivait à sa mère qu’il « vo[yait] souvent Colin, de plus en plus furieux de son départ » 723 et qu’il s’inquiétait de son avenir. L’année suivante, il le suivait encore dans ses tourments.
‘« Il paraît que l’abbé Colin serait toujours chez lui (cependant il a envoyé une carte aux Vignal, datée d’Oullins), sans poste, assez tourmenté. Ce pauvre abbé, que j’aime beaucoup, est à plaindre, victime et des circonstances et des confrères et aussi de son tempérament, incapable de s’adapter et tout en bourrasques. » 724 .’Mais ce furent précisément les difficultés de l’abbé Colin qui permirent aux deux amis de se retrouver. Dès qu’il eut l’assurance que le premier vicaire de Notre-Dame Saint-Alban abandonnerait son poste, l’abbé Monchanin, tout en continuant à compatir aux souffrances endurées par son confrère, se mit à espérer que la place serait pourvue par l’abbé Duperray.
‘« La tristesse de Colin fait mal. Pauvre ami douloureux et blessé. V. me dit qu’il ne pourrait rester à Saint-Alban que jusqu’à janvier. Alors, il pourrait y avoir une lueur d’espoir. Ah ! si vous étiez là ! » 725 ’En toute logique, Jules Monchanin aurait recommandé son ami à Laurent Remillieux 726 et la nomination d’Edouard Duperray au printemps suivant conclut l’affaire. Jusqu’en juin 1931, date à laquelle Monchanin est transféré à la paroisse Saint-Vincent aux Terreaux, les deux prêtres furent donc voisins et leur collaboration à de multiples travaux de réflexion philosophique parfois, leur fréquentation des mêmes personnes contribuèrent à les rapprocher plus encore, avant de les précipiter, au cours des années 1930 surtout, dans la définition commune d’une vocation missionnaire et dans la recherche parallèle de son accomplissement. Leur collaboration scientifique concernait alors, par exemple, un « article sur les anciennes sociétés chinoises » 727 et leur désir de partir vers l’Inde et la Chine les poussait à effectuer ensemble des démarches auprès des autorités religieuses officielles, démarches que soutenait par ailleurs Laurent Remillieux 728 .
Dans des propos recueillis une cinquantaine d’années après les événements évoqués et cités par Françoise Jacquin dans son édition critique des lettres que Jules Monchanin lui a adressées, Edouard Duperray soulignait la multiplicité des expériences partagées pendant le temps de son vicariat, multiplicité qui semble être rapportée au dynamisme et à l’originalité de Notre-Dame Saint-Alban et à laquelle il associait le vicaire de Saint-Maurice, « qui pein[ait] dans une paroisse trop traditionnelle à son goût » 729 . Lui louait au contraire la paroisse de l’abbé Remillieux pour sa « prise en charge de toutes les grandes questions qui se posaient après la guerre : la réconciliation franco-allemande, la rénovation liturgique, l’apostolat de milieux ouvriers et l’évangélisation outre-mer ». Il « a[vait] conscience », commente Françoise Jacquin, de participer à la construction d’une « Eglise en miniature, tournée vers l’avenir, où la paix, l’œcuménisme et la mission étaient les trois préoccupations principales, pour qui la lutte contre tous les préjugés de race ou de classe a[vait] toujours été un objectif très fondamental », et là elle cite les propos du témoin. L’image que les souvenirs d’Edouard Duperray renvoyaient de la paroisse en 1979 est conforme aux représentations que la biographie de Joseph Folliet avait déjà cristallisées. Peut-être peut-on penser que l’élargissement de la dimension missionnaire aux terres lointaines, plus en phase avec les vocations des deux amis qu’avec les préoccupations de Laurent Remillieux, est l’élément le plus personnel de cette interprétation. Mais le reste du témoignage rend bien compte des priorités décidées par Laurent Remillieux et qui firent de sa paroisse un lieu de ralliement des catholiques engagés dans un des trois combats menés pour la paix, l’œcuménisme ou la mission.
L’ouvrage de Françoise Jacquin est aussi l’occasion d’une redistribution des rôles qui montre combien l’entourage de Laurent Remillieux a compté pour faire de Notre-Dame Saint-Alban une paroisse renommée pour le foisonnement de ses initiatives. On avait déjà compris la part essentielle prise par le premier vicaire dans l’encadrement des jeunes et le fonctionnement des cercles d’études et des autres œuvres paroissiales. Edouard Duperray semble lui aussi avoir été un instigateur puis un animateur de plusieurs activités qui ont fait la renommée de la vie paroissiale 730 . Envoyé à Paris pour être formé à l’apostolat du milieu ouvrier et à l’accompagnement des familles, il fut hébergé rue du Moulin-Vert par l’abbé Viollet. « Deux fois par semaine, il se rend[ait] à Clichy, dans la paroisse ouvrière Saint-Vincent-de-Paul de l’abbé Guérin afin de le seconder dans son patronage de la “Jeune Garde” où se constitu[a] la première équipe de la JOC. Il y [fit] la connaissance du Père Desbuquois de L’Action Populaire ainsi que de Robert Garric et de plusieurs compagnons des Equipes Sociales. […] Sitôt rentré à Lyon, Duperray s’affair[a] à susciter une section de la JOC en 1928. » La version donnée par Joseph Folliet des origines de l’Action Catholique spécialisée à Notre-Dame Saint-Alban diverge sur la responsabilité de l’initiative, qu’il laisse pour sa part à Laurent Remillieux, conformément à son désir de revaloriser la modernité d’une figure cléricale attachée à l’institution paroissiale.
Jules Monchanin, déçu par le climat intellectuel et religieux qui caractérisait la paroisse de Saint-Maurice de Monplaisir 731 , continuait apparemment, comme au début des années 1920, à participer concrètement à l’expérience pastorale conduite à Notre-Dame Saint-Alban. D’après les commentaires négatifs envoyés à sa sœur et à sa mère alors qu’il était en poste à Roanne puis à La Ricamarie, on était en droit de supposer que c’était l’expérimentation d’une liturgie nouvelle qui l’intéressait et l’attirait, alors que le ministère paroissial ne semblait pas le passionner par ailleurs 732 . Mais les registres paroissiaux, qui conservent à trois reprises sa trace pour l’année 1935, laissent entendre que ses interventions étaient plutôt liées à sa fréquentation des réseaux catholiques où l’avait introduit Victor Carlhian et qu’on touchait là, par son intermédiaire, à la réalité extra-paroissiale de Notre-Dame Saint-Alban. Le 22 juillet 1935, il célébrait le mariage de Louis Marguin et de Madeleine Besse 733 . En mai 1940, il annonçait à sa mère avoir appris le baptême du marié par un article de La Croix qu’elle lui avait envoyé 734 et revenait sur les circonstances qui avaient amené les jeunes gens à se marier à Notre-Dame Saint-Alban.
‘« Les coupures de journaux que tu m’envoies – La Croix – m’est une grande joie. Il s’agit assurément de M. Marguin, qui fut professeur d’André. Il était venu me trouver quelques semaines avant son mariage. Le temps était court. Il m’avait paru insuffisamment instruit – peut-être aussi insuffisamment convaincu – pour le baptême. Je l’ai donc marié AVEC DISPENSE à Notre-Dame Saint-Alban en cette même « catacombe » dont il est question. Il était très ému. Très pris par son enseignement et sa nouvelle vie. Je l’ai à peine revu depuis et j’avais presque un remords de n’avoir pas hâté le baptême. Sa femme, très catholique et cultivée (elle est helléniste, ils lisent tous deux le Nouveau Testament en grec) – sa sœur est philosophe et fait un mémoire sur “ le temps et l’éternité ” chez Bergson – a achevé de mûrir sa foi. C’est un homme très droit, très réservé aussi, presque farouche, d’une franchise d’or. Avec des scrupules intellectuels bien compréhensibles. Je suis très heureux de son baptême. Il m’avait été adressé par un de ses collègues, philosophe, catholique fervent. Une des formes les plus consolantes de mon ministère à Lyon aura été mon apostolat auprès des professeurs de lycée » 735 ’Notre-Dame Saint-Alban formait un lieu d’accueil pour les catholiques qui se retrouvaient dans le Groupe lyonnais d’études médicales, philosophiques et biologiques ou dans la Société lyonnaise de philosophie, et pour ceux qui les côtoyaient dans le cadre de leurs activités professionnelles et intellectuelles. Les fils qui reliaient ces individus et ces réseaux à la paroisse conduisaient d’abord plus souvent à Victor Carlhian qu’à Laurent Remillieux. C’était avec le laïc que les échanges s’étaient construits et que l’intimité était la plus grande. La place que tenait Victor Carlhian dans la vie intellectuelle lyonnaise explique largement la visibilité de la paroisse au sein de ce milieu catholique.
Mais quand Edouard Duperray évoque les liens de son ami avec Notre-Dame Saint-Alban, c’est encore par un autre aspect de sa collaboration qu’il aborde la question.
‘« L’abbé Remillieux qui venait de fonder la paroisse Notre-Dame Saint-Alban lui avait demandé de collaborer avec lui pour la formation d’un groupe d’action et de spiritualité » 736 . ’Déplace-t-il dans le temps la demande déjà formulée, selon Victor Carlhian, pendant la guerre ou veut-il plutôt faire référence aux tâches remplies par Jules Monchanin auprès de L’Association, le groupe constitué sur la nouvelle base du laïcat consacré et qui fonctionna après la guerre ? Toujours est-il qu’on sait déjà qu’après 1923, Laurent Remillieux, sur le désir des Associées, fit appel à d’autres clercs pour assurer le suivi spirituel du groupe, soit pour la retraite annuelle, qui se tenait à l’abbaye bénédictine de La Rochette, soit pour les sessions ou cours de dogme et de spiritualité, donnés tous les samedis à 17 heures 30 au 23 bis chemin Saint-Alban. Ces réunions accueillaient aussi les jeunes filles qui faisaient partie de l’Association du Mariage Chrétien 737 . Au printemps 1925, Jules Monchanin évoquait dans ses lettres ses activités de l’année précédente concernant les Associées : au cours d’une visite à Saint-Alban, il prit le temps de regretter la vieille chapelle en planches qu’il préférait à la nouvelle église avant de rencontrer « le 23 (le petit groupe de personnes d’œuvres que je catéchisais, ou “théologisais”, l’an dernier : les jours défunts) ! » 738 . Jules Monchanin fut aussi sollicité pour prêcher une retraite à La Rochette. Son intervention est ici difficile à dater, peut-être octobre 1927 ? Par contre, les Archives municipales de Lyon livrent un texte rapportant le sujet traité au cours de la retraite : dans une approche du mystère trinitaire, l’abbé Monchanin présenta le Christ comme un médiateur et exposa la vision de saint Paul 739 . L’abbaye de La Rochette ne semble pas avoir accueilli seulement le groupe des Associées. La retraite était proposée aux jeunes filles de la paroisse. Ainsi en 1929, on comptabilisait par exemple 57 participantes.
Les liens établis entre Jules Monchanin et L’Association touchèrent aussi à la nature de l’action menée par les membres du groupe sur le territoire paroissial. L’abbé Monchanin sembla suivre parallèlement l’évolution qui transforma la Maison des Jeunes en Maison Sociale. En 1933, il prêcha une retraite aux jeunes filles de l’Ecole du service social 740 qui préparait aux professions d’assistante sociale, infirmière et jardinière d’enfants, autant de services proposés à Saint-Alban, et, en 1934, il donna une conférence dans cette même école, rue Alphonse Fochier.
‘« Lundi, conférence à l’école du service social (innovation à Lyon) sur la sociologie du XIXe siècle. Jeunes filles attentives et pleines de bonne volonté mais un peu courtes d’information et de formation. » 741 ’Il profitait aussi lui-même, ou plutôt sa famille, sa soeur Nina en l’occurrence, des services offerts. Une lettre envoyée de Monplaisir à sa mère à l’automne 1931 742 , rend compte d’une maladie de Nina, une méningite cérébro-spinale, et mentionne la visite de Marie-Thérèse Isnard, une des paroissiennes les plus actives de Notre-Dame Saint-Alban qui, après avoir pris la direction de la première troupe lyonnaise de Guides, avait fondé le service de « L’aide aux mères ». Mlle Isnard était montée chez elle et lui avait offert une des meilleures jeunes filles de ce service pour garder ses enfants.
Enfin, la présence de Jules Monchanin à Notre-Dame Saint-Alban, tout au long des années 1920 puis dans la première partie des années 1930, marqua plus particulièrement quelques jeunes filles appartenant à la paroisse et qui lui devaient leur initiation spirituelle. Par les relations qu’il entretenait avec L’Association et la Maison des Jeunes, par ses interventions dans la vie paroissiale, l’abbé Monchanin contribua à influencer leurs destinées et, en ouvrant leur foi vers la possibilité d’un ailleurs, suscita une vocation missionnaire qui trouva à s’épanouir dans un apostolat contemplatif ou actif en terre d’Islam, en Inde et en Chine. Nombreuses sont les références que l’on peut trouver dans sa correspondance à ses « filles spirituelles », comme les nomme Edouard Duperray. Clotilde Vacheron fut l’une d’entre elles. Elle avait connu la paroisse de l’abbé Remillieux dès sa fondation car ses parents habitaient dans le quartier du Transvaal 743 . Elle explique dans un témoignage qu’à cette époque, elle ne s’était pas intégrée au noyau de chrétiens actifs. Mais sa présence à l’église un jour de Pâques 1923 n’avait pas échappé à son curé. En l’abordant, Laurent Remillieux aurait remis en question sa pratique conventionnelle en lui démontrant qu’elle ne lui avait pas permis de rencontrer le Christ. En 1926, une révélation de la passion du Christ l’amenait à s’interroger à nouveau sur sa foi. Pensionnaire à l’Ecole Supérieure de Villefranche, elle revint peu après à Saint-Alban et rencontra Ermelle Ducret qui, face à ses interrogations, la dirigea vers Jules Monchanin, vicaire à Saint-Maurice de Monplaisir, où habitaient désormais les parents de Clotilde, chemin Grange Rouge. Clotilde Vacheron adhéra ainsi en 1928 à la troupe des Guides de Saint-Alban, placée désormais sous la responsabilité de l’abbé Duperray, troupe qu’elle quitta très vite quand on choisit de lui donner le nom de Guynemer plutôt que celui du Père de Foucauld 744 . Elle partit l’année suivante travailler au Maroc, à Rabat, avant d’entrer chez les Clarisses, dans la communauté audoise d’Azille, qui avait fondé un petit couvent à Rabat. En 1933, elle fut élue supérieure de ce couvent, alors qu’elle n’avait pas encore prononcé ses vœux perpétuels 745 . En juin 1934, Jules Monchanin écrivait à sa mère de Balmont qu’il avait reçu « l’image de vêture de Clotilde Vacheron, la Marocaine – en religion, Sœur Marie Véronique du Verbe Incarné, lundi de Pentecôte » 746 .
Les abbés Monchanin et Duperray accompagnèrent aussi les vocations de Juliette Lucas et de Marguerite Gulier, toutes les deux entrées dans la congrégation des « Thérésiennes » fondée par le père Lebbe et devenues religieuses en Chine sous les noms de Sœur Lou et de Sœur Lin Tchao. La première avait connu Clotilde Vacheron lors de son passage dans la troupe des Guides de Notre-Dame Saint-Alban, alors qu’elle-même y occupait un poste de cheftaine 747 . Elles bénéficièrent ensemble de l’instruction de Jules Monchanin et d’Edouard Duperray. Ainsi en 1930, elles participèrent, avec les deux prêtres et sur l’initiative de ces derniers, à la Semaine Sociale de Marseille sur la question sociale aux colonies 748 . Marguerite Gulier a aussi été rencontrée par l’intermédiaire de Saint-Alban 749 : étudiante, elle était la dirigée de Laurent Remillieux et fit partie de la première équipe de la Ligue missionnaire des étudiants de France, dont la section lyonnaise fut prise en charge par Edouard Duperray à partir de 1932. Jules Monchanin suivit leur engagement religieux en Chine et ses péripéties tout au long de sa vie.
Mais ces rencontres directement liées au territoire de Notre-Dame Saint-Alban interféraient aussi avec celles réalisées par l’intermédiaire des réseaux relationnels au milieu desquels l’abbé Monchanin, toujours initiateur et éducateur, guide des consciences, évoluait en raison de ses liens avec les acteurs de la paroisse. Le prêtre a ainsi rencontré Lucie Lose parce qu’il avait accepté, sur la demande de Victor Carlhian, de donner des causeries à un groupe d’Eclaireuses fondé par Marie-Louise Charvat, ancienne du Sillon et amie des Carlhian 750 . La cheftaine de cette section d’Eclaireuses, dite « Jeanne d’Arc », militait à la Jeune République dont elle portait l’insigne. Sur la proposition de Marie Carlhian, elle participa aux retraites fermées qui rassemblaient annuellement les jeunes paroissiennes de Saint-Alban à l’abbaye bénédictine de La Rochette et on la retrouve associée à des cérémonies célébrées par le Père Remillieux à Notre-Dame Saint-Alban. Le 30 mai 1926, Marie-Louise Charvat fut l’un des témoins du mariage de Jules Louis van Hemebrijek et de Jeanne Hofer qui ne demeuraient pas sur le territoire paroissial. Plusieurs jeunes filles de la troupe, des lycéennes boursières, avaient choisi d’adhérer « avec le désir précis de connaître le milieu populaire de leur quartier de la Guillotière ». Elles connaissaient l’existence de Saint-Alban, mais la paroisse leur paraissait très éloignée et beaucoup d’entre elles n’étaient pas catholiques. Elles avaient surtout entendu parler de Notre-Dame Saint-Alban par rapport à l’engagement de son curé en faveur de la réconciliation franco-allemande. La brochure dédiée à Marie-Louis Charvat par les anciennes Eclaireuses de la section Jeanne d’Arc inclut la reproduction d’une photographie d’un « feu de camp de la paix » allumé dans le « quartier de Saint-Alban », en présence de Marc Sangnier et de Joseph Folliet 751 . Mais en ces années 1924-1925, elles ignoraient tout des velléités pastorales de Laurent Remillieux. Victor Carlhian prêtait aux Eclaireuses pour leur camp de Pâques son domaine de Saint-Ours et s’y rendait pour les voir. Leurs liens les plus directs avec le territoire paroissial passaient par la Maison Sociale où elles étaient sûres d’être accueillies et aidées car elles étaient les « filles de Mlle Charvat ». Lucie Lose était infirmière et avait expliqué aux autres jeunes filles de la troupe qu’elle avait choisi de cumuler les gardes de nuit pour se consacrer la journée à un travail spirituel. L’abbé Monchanin qui ne pouvait pas partir l’envoya, toute seule à 22 ans, comme infirmière et sage-femme dans un village des Indes 752 . En dépit des relations que Jules Monchanin établit avec plusieurs Eclaireuses et même avec leurs familles, il ne semble pas les avoir emmenées à Notre-Dame Saint-Alban 753 : encore un indice qui montre que sa propre fréquentation de la paroisse était surtout liée au réseau articulé autour de la personne de Victor Carlhian.
En janvier 1947, après un voyage en Europe, sur le chemin du retour en Inde, l’abbé Monchanin s’arrêta à Rabat et donna à la Communauté des Clarisses une conférence 754 . Il rappela qu’en 1928, selon la date qu’il donne, il avait fait la connaissance à Saint-Alban de l’abbé Boland, co-fondateur avec le Père Lebbe de la Société des Prêtres Auxiliaires des Missions. Françoise Jacquin a répertorié les personnalités attachées à l’œuvre missionnaire en Chine et qui sont passés par la paroisse de l’abbé Remillieux 755 . La fréquentation de Notre-Dame Saint-Alban gardait par dessus tout cet attrait : en multipliant les occasions de rencontre parce qu’elle accueillait des personnes circulant dans différents réseaux, la paroisse semblait toujours à l’origine de nouvelles expériences. Dans un ouvrage consacré à l’abbé Monchanin, Henri de Lubac raconte aussi que ce fut « par les hasards de son ministère à la paroisse Saint-Alban […] que l’abbé Duperray avait reçu la Chine en héritage » 756 . La première évocation du catholicisme chinois trouvée dans les papiers paroissiaux date de 1924. La copie d’un extrait du bulletin paroissial du 23 février 1924 fait état d’une conférence donnée dans la salle des fêtes, au 8 de la rue Victor Laprade, par un jésuite chinois, le père H’hang, qui venait présenter la place que la Chine, « vieille de soixante-dix siècles [pouvait et devait] prendre dans le monde et dans la grande famille chrétienne ». Peut-on établir un lien entre cette conférence et le passage à Lyon de Vincent Lebbe ce même mois de février 1924 ? Il faut aussi remarquer que les propos du père H’hang étaient présentés par Laurent Remillieux comme un exemple de la réalisation d’une « fraternité universelle » qui semblait rejoindre son combat pour la paix : à l’issue de la réunion, le curé avait ainsi prévu un chant d’Henri Colas, « La Paix entre les hommes ». Ce fut donc à Saint-Alban qu’Edouard Duperray aurait rencontré les étudiants catholiques de l’Institut franco-chinois « qui avaient élu Saint-Alban comme paroisse pour échapper à leur aumônier qu’ils trouvaient trop paternaliste » 757 . En 1927, Edouard Duperray fut nommé aumônier de l’Institut et s’occupa activement du foyer, quai Romain Rolland. Mais « l’encadrement religieux se [faisait] à la paroisse Notre-Dame Saint-Alban où [étaient] célébrés baptêmes, communions, mariages, obsèques » 758 . Ainsi, le 10 mars 1929, Laurent Remillieux célébra le baptême de Jean Raymond Yong Koei Yu, né le 7 mars 1896 en Chine, puis son mariage avec Marthe-Marie Portier 759 . Les cérémonies sont racontées dans un numéro de L’Etincelle, qui reproduit le discours du parrain et témoin du marié, Raymond Tan, étudiant chinois en droit, lui-même récemment converti au catholicisme 760 .
Ce fut aussi à ce moment-là que Jules Monchanin et Edouard Duperray commencèrent à animer les réunions qui rassemblaient, autour des deux prêtres, les jeunes filles attirées par une vocation missionnaire. Les itinéraires de Clotilde Vacheron, de Lucie Lose ou encore de Juliette Lucas naquirent ou se précisèrent dans le cadre de ce « Cercle missionnaire », qui se retrouvait dans la petite chambre de Jules Monchanin, une mansarde sous les toits d’une grande maison de la place Saint-Jean 761 . A la Chine, à l’Inde et au Maroc, se rajoutait bientôt une quatrième terre de mission, dans le Sud algérien, en terre d’islam aussi. En 1932, quelques jeunes lyonnaises, membres de la Ligue missionnaire des étudiants de France y implantaient la communauté de Bou-Saada sous la responsabilité de Claude Bouiller. Ce n’était pas un hasard si Laurent Remillieux appelait de ses vœux la naissance « de vocations missionnaires pour la Chine, l’Afrique, les Indes » 762 .
Quand Jules Monchanin quitta définitivement Lyon pour l’Inde, Edouard Duperray organisa pour lui une réunion d’adieux, qui se tint le 18 avril 1939 à l’Ecole de service social et qui réunit ses amis les plus proches. Etaient notamment présents le père de Lubac, le docteur Biot, Robert Flacelière et bien sûr Victor Carlhian 763 . Dans son adresse d’adieu, celui-ci confiait le déchirement de son âme et les regrets que provoquait l’éloignement définitif de son ami.
‘« Regrets, car si nous ne pouvons vous oublier, et si nous avons la certitude que nous nous retrouverons à travers toutes les distances dans une prière commune, nous ne pouvons pas ne pas souffrir d’être séparés par l’espace et par nos préoccupations. L’amitié c’est une présence de l’un à l’autre qui, si elle est harmonie des âmes, affirmation d’une même façon de penser et de juger les choses divines et humaines, est aussi respiration de la même atmosphère spirituelle et morale, et coude à coude dans la collaboration aux tâches nécessaires de notre temps et de notre milieu. Il ne se peut pas que nous ne souffrions à la rupture de ces liens que vous coupez pour être davantage à Celui à qui vous vous êtes donné par votre sacerdoce. » 764 ’La définition que Victor Carlhian donnait de l’amitié correspondait à celle qu’il vivait en ouvrant à Jules Monchanin ou à Paul Couturier sa vie et sa pensée, en suscitant et en soutenant les audaces intellectuelles du premier et les réalisations œcuméniques du second, en accompagnant jusqu’à leur terme leurs vocations. Cette amitié contribuait à constituer les réseaux où l’on rencontrait son semblable et elle supposait en contrepartie le partage des expériences. En ce soir d’avril 1939, l’unique façon de rester au plus près des préoccupations de l’abbé Monchanin fut peut-être le cadeau suggéré par Edouard Duperray et patronné par Victor Carlhian : la promesse de constituer une association de soutien matériel à l’œuvre de Bou-Saada, « Les amis de l’âme musulmane », lui était offerte par ceux qui « avaient compris le sens de son départ » 765 et qui lui en donnaient la preuve par cette action. Le 31 août 1939, Jules Monchanin annonçait à sa mère la constitution du groupement en mettant en avant le rôle tenu par Victor Carlhian et en lui assurant qu’il était désormais « en paix de ce côté-là » 766 .
L’abbé Jules Monchanin, témoignages posthumes, présentés par Edouard Duperray, Tournai, Casterman, 1959, p. 41.
Voir le développement traitant de la période passée à l’Institution Saint-Joseph de Roanne dans l’ouvrage de J.-G. Petit, La jeunesse de Monchanin, 1895-1925. Mystique et intelligence critique, op. cit., p. 99-118.
Papiers Colin, Prado.
Ibid.
Lettre de Jules Monchanin à sa mère, non datée, envoyée de La Ricamarie, A.M.L., Fonds Jules Monchanin, 18 II, 3 / a.
Madeleine Duc, une des filles de Victor Carlhian, a gardé le souvenir de ces réunions, propos recueillis le 25 mai 1992.
Laurent Remillieux apparaît ainsi dans une lettre datée par F. Jacquin de septembre 1925, évoquant une retraite prêchée par l’abbé Verdier, Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p.141.
L’abbé Jules Monchanin, témoignages posthumes, op. cit..
Note de Françoise Jacquin, Abbé Monchanin, Lettres à sa mère,…, op. cit., p. 165.
Lettre de Jules Monchanin à sa mère, rédigée à Kulitalaï le 11 novembre 1949, Abbé Monchanin, Lettres à sa mère…, op. cit., p. 417.
Lettre datée de l’automne 1926, Abbé Monchanin, Lettres à sa mère…, op. cit., p. 164-165.
Lettre de Victor Carlhian à René Lemaire et à Marc Sangnier, datées respectivement des 19 et 30 mai 1919, Fonds René Lemaire, 6, Institut Marc Sangnier.
Programme du Petit Cercle d’études de janvier-mai 1924, Papiers Colin, Prado.
Bulletin d’Action et de Propagande des Jeunes-Républicains du Rhône, mars 1926, p. 2, Papiers Folliet, Carton Jeune République, Prado.
Bulletin d’Action et de Propagande des Jeunes-Républicains du Rhône, octobre 1925 et juin 1926, Papiers Folliet, Carton Jeune République, Prado. Yvonne Girard, déjà citée dans le chapitre précédent pour avoir été membre de L’Association, a milité pour la Jeune République, et c’est dans ce cadre qu’elle se lia d’amitié avec Joseph Folliet. Voir N. Malabre, « Yvonne Girard, femme, catholique et militante (1905-1932) », op. cit..
L’abbé Jules Monchanin, témoignages posthumes, présentés par Edouard Duperray, op. cit., p 53.
J. Folliet, Le Père Remillieux, op. cit., p. 7-8.
Programme du Petit Cercle d’études d’octobre 1923 - janvier 1924, Papiers Colin.
L’abbé Jules Monchanin, témoignages posthumes, op. cit..
Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, 1913-1957, présentées par Françoise Jacquin, op. cit., p. 416.
Victor Carlhian, Adresse d’adieu à l’abbé Monchanin, avril 1939, texte conservé dans les Papiers Carlhian prêtés par Louis Carlhian.
Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 79.
Ibid.
Lettre datée de juin 1928 et envoyée de Saint-Maurice de Monplaisir, Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 174.
Lettre de l’abbé Monchanin à sa mère, datée de la fin de l’année 1924 et envoyée de La Ricamarie, A.M.L., Fonds Jules Monchanin, 18 II, 3 / a.
Lettre de Jules Monchanin à Claude Sérol, non datée, fragment copié par un inconnu dans un classeur d’inédits, Fonds Jules Monchanin, 18 II. On peut supposer que cette lettre a été écrite au cours du printemps 1925, car une lettre écrite à sa mère, envoyée de La Ricamarie et datée de mai 1925 par Françoise Jacquin, évoque de façon semblable un passage à Notre-Dame Saint-Alban, au cours duquel Jules Monchanin a visité l’église neuve qui lui faisait regretter la chapelle en planches des débuts.
Lettre datée d’avril 1934 et envoyée de Balmont, Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 194.
Lettre datée de l’hiver 1934-1935 et envoyée du Collège des Lazaristes, Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 206. Et l’on pourrait multiplier les citations semblables.
E. Fouilloux, « Jules Monchanin dans les milieux intellectuels lyonnais de l’entre-deux-guerres », in Jules Monchanin (1895-1957). Regards croisés d’Occident et d’Orient, op. cit., p. 53-71, p. 55.
Ibid.
Une dactylographie de ces entretiens (28 pages), revue par Edouard Duperray, a été déposée aux Archives de la Société des auxiliaires de mission. L’ouvrage de Françoise Jacquin, Une amitié sacerdotale, Jules Monchanin, Edouard Duperray, 1919-1989, Bruxelles, Editions Lessius, 2003, 299 p., est une édition commentée des lettres écrites par Monchanin à Duperray. Ce sont essentiellement les deux premiers chapitres recouvrant les années 1919 à 1938 qui ont été utilisés dans le développement en cours.
Informations et citations empruntées à F. Jacquin, Une amitié sacerdotale…, op. cit., p. 20.
Ibid., p. 21.
Ibid., p. 22.
Dans une lettre écrite à Claude Sérol, déjà citée, Jules Monchanin raconte donc que, de passage à Notre-Dame Saint-Alban il a visité « la neuve église qui [lui] fait regretter la chapelle en planches ». Il rajoute : « Une des institutrices me citait avec fierté ce mot charmant d’une fillette de 9 ans (son élève) à qui on demandait : « Quel est ton pays ? Française, Anglaise etc. ? – Je ne sais pas – Je sais seulement que je suis chrétienne » : christianisme des catacombes et non des banquiers… ».
Notes de lecture indiquées dans une lettre écrite par Jules Monchanin le 9 juillet 1920, Ibid., p. 22-23.
Lettre de Jules Monchanin à sa mère, datée de novembre 1924 et envoyée de la Ricamarie, Abbé Monchanin, A.M.L., Fonds Jules Monchanin, 18 II, 3 / a.
Lettre de Jules Monchanin à sa mère, datée de 1925 ou de 1926, A.M.L., Fonds Jules Monchanin, 18 II, 3 / a.
Lettre de Jules Monchanin à sa mère, datée de 1925 et envoyée de Monplaisir, A.M.L., Fonds Jules Monchanin, 18 II, 3 / b.
Lettre datée de septembre 1924 et envoyée de La Ricamarie, Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 94.
Lettre datée de septembre 1925 et envoyée de Monplaisir, Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 141.
Lettre datée de l’automne 1926, Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p.164.
Lettre non datée de Jules Monchanin à Edouard Duperray, citée par F. Jacquin, in Une amitié sacerdotale…, op. cit., p. 39-40.
En note, F. Jacquin avance que Jules Monchanin a servi d’intermédiaire pour faire remplacer Laurent Colin par son ami Duperray au printemps 1926, in Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 141.
Lettre de Jules Monchanin à sa mère, 1932-1934, A.M.L., Fonds Jules Monchanin, 18 II, 3 / d.
Laurent Remillieux aurait en particulier abordé le problème de leur vocation au cours de l’audience que lui accorda Pie XI le 15 novembre 1935. J’ai retrouvé une copie du compte-rendu de cette audience à l’Institut Marc Sangnier parmi les Papiers Francisque Gay. Certains passages du texte polycopié sont difficilement lisibles et l’épreuve envoyée à Francisque Gay n’est pas signée. Mais un mot écrit de la main de Laurent Remillieux ne laisse aucun doute sur son auteur.
Citations empruntées à F. Jacquin, Une amitié sacerdotale…, op. cit., p. 41. Les propos d’Edouard Duperray sont extraits d’un entretien enregistré par Clotilde Vacheron le 29 août 1979 à Aubazine, « Souvenirs d’Oumma », inédit.
Les informations suivantes, comme les citations du paragraphe, sont tirées de l’ouvrage de F. Jacquin, Une amitié sacerdotale…, op. cit., p. 42-43. Elles proviennent du témoignage d’Edouard Duperray enregistré par Françoise Jacquin et déposé aux Archives de la Société des auxiliaires des missions, p. 16.
Les lettres à sa mère renferment des critiques acerbes à l’encontre de l’équipe ecclésiastique, de sa pauvreté intellectuelle et de l’indigence de la vie religieuse proposée aux paroissiens, qui ne sont pas non plus épargnés. Ainsi, Jules Monchanin écrit dans une lettre envoyée de Saint-Maurice et datée de juin 1926 par Françoise Jacquin : « Evénements depuis ? Nuls. Deux réunions ecclésiastiques : une DITE conférence (j’y ai lu un travail sur les « Actes », que personne n’a paru suivre) ; c’est plutôt un dîner se servant de la conférence comme d’un PRETEXTE. L’autre, fête de M. le Curé : nouvelle conférence sans conférence. L’une et l’autre avaient le visage même du Néant. », in Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p.147.
Edouard Duperray a retracé les difficultés éprouvées par son ami lors de son vicariat à Saint-Maurice de Monplaisir : « Chargé des œuvres de jeunesse, il éprouva une certaine difficulté à remplir ce ministère, peu préparé qu’il était à organiser des représentations théâtrales, des compétitions sportives ou des excursions en montagne. Mais il consacra tous ses soins à la direction des âmes, à la visite des malades et des pauvres. », L’abbé Jules Monchanin, témoignages posthumes, présentés par Edouard Duperray, op. cit., p. 20.
Registre de catholicité de Notre-Dame Saint-Alban, acte de mariage du 22 juillet 1935.
Françoise Jacquin explique que l’article de La Croix évoquait le baptême de Joseph-Louis Marguin, célébré à Notre-Dame Saint-Alban par Laurent Remillieux le 4 septembre 1939 (Registre de catholicité, acte de baptême n° 34 daté du 4 septembre 1939), pour son exemplarité liturgique. Le journaliste rappelait dans son article les relations spirituelles nouées avec Jules Monchanin au moment du mariage du futur baptisé. Voir Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 352, note 1.
Lettre de Jules Monchanin à sa mère, écrite de Panneipatti en mai 1940, in Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 350-351.
L’abbé Jules Monchanin, témoignages posthumes, présentés par Edouard Duperray, op. cit., p. 19.
Réunions annoncées dans les bulletins paroissiaux de 1927.
Lettre de Jules Monchanin à sa mère, envoyée de La Ricamarie en mai 1925, in Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 125-126.
Notes de retraite prêchée à La Rochette par l’abbé Monchanin, A.M.L., Fonds Jules Monchanin, 18 II, 6 / b.
Lettre de Jules Monchanin à sa mère envoyée de Balmont et datée de 1933 par F. Jacquin, in Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 190.
Lettre de Jules Monchanin à sa mère envoyée de l’Aumônerie à Balmont, 1932-1934, A.M.L., Fonds Jules Monchanin, 18 II, 3 / d.
Lettre de Jules Monchanin à sa mère, 1932-1934, A.M.L., Fonds Jules Monchanin, 18 II, 3 / b.
« Petit historique demandé à notre Mère », Agape, Bulletin des moniales d’Aubazine, 1975.
Ibid.
Informations données par F. Jacquin in Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 198, note 2, et interview de Mère Véronique recueilli par J. Pélissier, publié sous le titre « Dans l’esprit de l’abbé Monchanin, de la médina de Rabat à Nazareth », La Croix, 17 janvier 1961.
Lettre de Jules Monchanin à sa mère datée de juin 1934 par F. Jacquin, in Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 197.
C’est ainsi que la présente F. Jacquin dans une note commentant une lettre que Jules Monchanin a écrite à sa mère du Collège des Lazaristes en mars 1936, in Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 214, note 6.
F. Jacquin, Une amitié sacerdotale…, op. cit., p. 49.
Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 464, note 1.
Témoignage écrit que Marie-Louise Achard m’a adressé de Paris le 20 mars 1995. Son témoignage avait déjà été recueilli par J.-G. Petit et est conservé aux A.M.L., Fonds Monchanin, 18 II, 8 / c. Il reprend certaines des informations de la brochure éditée par les anciennes Eclaireuses de la section Jeanne d’Arc, rassemblant leurs souvenirs et leurs témoignages sur Marie-Louise Charvat. Le témoin faisait partie de ce groupe d’Eclaireuses non confessionnel, qu’elle a rejoint quand elle était en classe de Seconde au lycée et elle a rencontré Jules Monchanin, que leur avait adressé Victor Carlhian, aux environs de 1924-1925. Elle avait alors 16 ans. Marie-Louise Achard présente Victor Carlhian comme un « inspirateur, rassembleur et mécène ». Marie-Louise Charvat « restait protégée par lui dans tout ce qu’elle réalisait » et les Eclaireuses bénéficiaient, comme le « Père Remillieux » de sa générosité et de son soutien. Après ces années de lycée, Marie-Louise Achard intégra l’Ecole normale supérieure de Sèvres puis fut nommée loin de Lyon.
La photographie date certainement de 1929 et du passage d’une des colonnes pacifiques de la Croisade de la Jeunesse pour la Paix lancée sur les routes de France par Marc Sangnier et ses Volontaires.
Témoignage de Marie-Louise Achard daté du 20 mars 1995.
C’est en tout cas ce qu’affirme Marie-Louise Achard dans son témoignage : « Je soupçonne qu’il était trop intellectuel et peut-être trop esthète pour s’intéresser vraiment à l’organisation d’une paroisse fût-elle novatrice ».
Propos destinés à la Communauté des Clarisses de Rabat, janvier 1947, A.M.L., Fonds Monchanin, 18 II, 6 / c.
F. Jacquin, Une amitié sacerdotale…, op. cit., p. 44.
Henri de Lubac, Images de l’abbé Monchanin, Paris, Aubier-Montaigne, 1967, 156 p., p. 40.
F. Jacquin, Une amitié sacerdotale…, op. cit., p. 45.
« Le Foyer franco-chinois de Lyon », Rapport de l’abbé Duperray au IVe Congrès de la Ligue missionnaire des étudiants de France sur « Les ententes fraternelles entre les races », Toulouse, 17-19 mars 1934, Bulletin LMEF (Ligue missionnaire des étudiants de France), n° 24, avril 1934, p. 186-195, cité par F. Jacquin in Une amitié sacerdotale…, op. cit., p. 47.
Registre de catholicité de Notre-Dame Saint-Alban, acte de baptême n° 39 et acte de mariage n° 6 datés du 10 mars 1929.
Information donnée par Laurent Remillieux dans son manuscrit pour Bloud et Gay, p. 251-256, Papiers Folliet, Prado.
« Petit historique demandé à notre Mère », op. cit.
Envoi Bloud et Gay, p. 256.
F. Jacquin, Une amitié sacerdotale…, op. cit., p. 91.
Victor Carlhian, Adresse d’adieu à l’abbé Monchanin, avril 1939, op. cit..
Voir F. Jacquin in Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 293, note 2. Elle cite une circulaire rédigée à l’occasion de la réunion constitutive des « Amis de Bou-Saada », qui s’est tenue le 22 juin 1939 chez Victor Carlhian.
Lettre de Jules Monchanin à sa mère, datée du 31 août 1939, in Abbé Monchanin, Lettres à sa mère, …, op. cit., p. 306.