4.4.1.10. La juxtaposition éventuelle entre des pratiques de travail antérieures à la prise en responsabilité de classes et des pratiques strictement liées à l’exercice professionnel

Nous avons émis cette hypothèse auparavant. En substance, nous rappelons que l’absence de visibilité, et donc de lisibilité, des pratiques professionnelles de travail personnel des professeurs du second degré nous incite à postuler les points suivants :

  1. Rien ne nous autorise à affirmer, avant d’en avoir recherché la trace dans les entretiens, que des pratiques nouvelles, à caractère explicitement professionnel, supplantent intégralement et durablement, dès l’entrée dans la profession, les pratiques préalablement maîtrisées dans le champ de la discipline d’enseignement.
  2. Rien ne nous permet d’assurer, sous la même réserve que dans le précédent alinéa, que les pratiques professionnelles prescrites, dans les champs pédagogique et didactique en particulier, se traduisent ipso facto par des options homogènes dans les pratiques de travail personnel des professeurs. Selon ceux qui les reçoivent, à discipline et modalités de formation comparables, l’organisation qu’ils adopteront en matière de temps et d’espace de travail personnel ne sera pas nécessairement la même.
  3. Rien ne nous garantit non plus que la légitimité du discours sur la professionnalité enseignante et les aménagements qu’elle devrait engendrer prenne le pas sur une autre légitimité : celle du discours relatif à la prééminence de la discipline, sous sa forme académique, sur les formes scolaires, et donc didactiques, de la même discipline. Les modes de travail engendrés par les deux conceptions précitées se distingueraient notamment dans leurs conséquences sur les usages du temps et de l’espace que les professeurs privilégieraient selon leurs inclinations. Les premiers, plus enclins à s’inscrire dans la continuité de leur champ disciplinaire initial, adopteraient des pratiques individuelles et privées ; les seconds, sensibles aux modalités pragmatiques de diffusion des connaissances acquises antérieurement, consentiraient plus aisément à partager leurs approches et à faire de l’établissement un lieu de travail collectif possible, sinon habituel.

Les entretiens devront nous fournir des moyens de clarifier cela et de mesurer l’influence potentielle sur les pratiques.