6.1.2. Commentaire du tableau n° 1

Les dates des quatre entretiens (A) se situent dans une période s’étendant sur un mois et demi environ, en fin d’année scolaire. Leur relative concentration autorise à considérer ce groupe d’entretiens comme homogène. En outre, la situation dans le calendrier de l’année scolaire a permis de recueillir le discours de personnes qui avaient achevé les épreuves de validation et de certification de l’année de stage en responsabilité et de formation ; cette situation génère plusieurs conséquences : stabilisation raisonnable de l’organisation professionnelle ; capacité de projection dans un service à temps-plein ; réflexion théorique balisée sur la pratique (en particulier à travers la rédaction et la soutenance du mémoire professionnel).

L’homogénéité du groupe se retrouve également dans le cadre institutionnel de l’activité professionnelle (K), puisque les quatre informateurs inscrivent leur projet dans des établissements privés sous contrat. Deux spécificités sont alors à prendre en compte ; le parcours de formation est particulier ; il est conventionné avec l’I.U.F.M. et amène les professeurs-stagiaires à suivre les différents modules pour partie à l’I.U.F.M. et pour partie dans un organisme privé, avec les contraintes supplémentaires que cela suppose, de déplacements et d’appartenance à plusieurs groupes. D’autre part, selon les termes de la Loi Debré, le caractère propre de l’établissement privé sous contrat se traduira, en particulier, par la prééminence de la notion de projet éducatif mis en œuvre par la Communauté éducative, sous la responsabilité du chef d’établissement, selon l’inspiration de la tutelle. Cela pourrait avoir une influence, plus ou moins forte, sur le mode d’organisation des différents corps professionnels qui concourent à la mise en œuvre du projet.

Les autres rubriques contenues dans la fiche signalétique, qu’elles relèvent du registre biographique (C, E, F, G, H ) ou qu’elles appartiennent au champ strictement professionnel (D, I, J), fournissent des éléments de différenciation entre les quatre informateurs ; sans qu’ils puissent toujours trouver un écho ou être traduits de manière incontestable dans chaque entretien, nous ne saurions estimer pour autant qu’ils soient sans validité dans le champ qui mobilise notre attention.

Nous notons ainsi que les contraintes spatio-temporelles qui peuvent peser sur l’organisation du travail personnel des professeurs-stagiaires différent selon les disciplines, en particulier en ce qui concerne le nécessaire travail de laboratoire dans les disciplines scientifiques. Par ailleurs, les professions du père et de la mère sont susceptibles d’avoir joué un rôle indirect en matière d’organisation du travail personnel des jeunes professeurs interrogés ; ceux-ci auraient pu, par la proximité familiale, bénéficier ou non d’une forme de familiarisation avec le travail enseignant en dehors de la classe et de l’établissement. On admettra que le degré de familiarisation ait pu être « probable », s’agissant de parents enseignant eux-mêmes dans le secondaire, « possible », s’ils enseignaient dans le primaire, les deux types d’organisation du travail enseignant présentant, tout à la fois, des similitudes et des différences significatives. Dans le cas de parents ayant eu un autre type d’activité, on pourra considérer qu’il n’y a pas eu de familiarisation possible, même si un modèle exogène peut jouer un rôle indirect.

Considérant la question de l’organisation matérielle résultant de pratiques professionnelles différentes entre conjoints, on pourra estimer qu’il existe un degré de compatibilité plus ou moins grand selon les appariements ; dans les cas qui nous intéressent, cette compatibilité peut être moyenne, dans le cas de professions ou de métiers exercés par les conjoints, relevant du secteur des services administratifs, en particulier. Elle est faible dans le cas d’une activité relevant des métiers de la restauration.

Enfin, la distance moyenne entre le lieu d’habitation et l’établissement où se déroule le stage en responsabilité constitue un autre facteur de distinction. Dans deux cas sur quatre, les informateurs ne sont pas amenés à quitter la ville où ils résident ; dans les deux autres, ils doivent effectuer un parcours de trente à cinquante kilomètres, qui les mobilisera pendant au moins une demi-heure à l’aller, puis au retour. La proximité ou la distance du domicile, ainsi que le mode de travail personnel (appui sur des ressources techniques - informatiques - ou documentaires particulières) constituent deux variables à prendre en compte.

En conclusion, en considérant les deux caractéristiques (A) et (K) concernant le calendrier des entretiens et le type d’institution de référence, le sous-groupe d’entretiens 1 à 4 trouve son homogénéité. Les autres facteurs, qui apportent plusieurs distinctions notables selon les entretiens, n’en affaiblissent pas pour autant la cohérence relative ; les informations biographiques singulières, les distinctions disciplinaires et géographiques sont inhérentes à la population enseignante dans son ensemble. Nous nous efforcerons, dans la partie suivante, de mettre en évidence des liens possibles entre ces caractéristiques et le contenu des synthèses et interprétations des quatre entretiens.