1.1.1. L’article défini

L’article défini est, selon Eisenberg et al. (1998 : 314ff), celui qui marque clairement la spécificité, c’est-à-dire que le substantif qui suit est défini dans le contexte et que le locuteur et le destinataire peuvent l’identifier. Il a alors clairement une fonction anaphorique, comme le souligne Pattee (1994 : 33). Ainsi, le substantif a le plus souvent (mais pas tout le temps) été évoqué auparavant. Ceci peut se faire explicitement ou implicitement. Selon Eisenberg et al. (1998 : 315), le groupe nominal est évoqué explicitement si le substantif est identique avec un autre substantif évoqué auparavant. Ainsi, pour pouvoir utiliser un article défini dans la phrase 1, il faut que le référent de das Auto ait déjà été représenté en langue auparavant. De plus, le groupe nominal contenant un article défini peut reprendre un objet de pensée qui a été évoqué implicitement auparavant, par exemple par un nom collectif (cf. phrase 2).

1. Peter hat ein Auto bestellt. Er hat das Auto bekommen. Eisenberg et al. (1998 : 315)

Pierre a commandé une voiture. Il a reçu la voiture.

2. Eine Schulklasse kam vorbei ; die Kinder sangen. Pattee (1994 : 36)

Une classe passa, les enfants chantaient.

Il s’agit alors d’un « anaphore associative » (Pattee (1994 : 42)), parce que « le deuxième objet de pensée est impliqué dans le premier ». Cet objet ne doit pas forcément faire partie intégrante d’un ensemble. Il est par exemple également possible qu’il participe seulement à l’action décrite auparavant (cf. phrase 3).

3. Eine Trauung war eben zu Ende. Man wollte die Braut sehen. Pattee (1994 : 45)

Un mariage venait d’avoir lieu. On voulait voir la mariée.

Le substantif peut également être défini par le fait d’être unique. Ainsi, dans la phrase 4, le substantif peut être clairement identifié, même s’il n’a pas encore été mentionné auparavant.

4. Der Papst besucht Deutschland. Eisenberg et al. (1998 : 316)

Le pape visite l’Allemagne.

Ces substantifs uniques sont d’un côté tous ceux qui existent réellement seulement une fois (comme die Sonne, der Mond, der Himmel 2 etc.), mais il peut également s’agir de noms de masse (comme das Blut, die Milch) 3 où cela dépend cependant du contexte si l’emploi avec un article défini est possible. De plus, Eisenberg et al. (1998) décrit qu’une unicité relative peut également avoir lieu si le substantif en question est à la portée de main ou à la portée visuelle des deux interactants. Son emploi est souvent accompagné d’un geste.

5. Gib mir mal den Bleistift ! Eisenberg et al. (1998 : 316)

Passe-moi le crayon !

Dans le cas où l’article défini ne renvoie pas à un élément mentionné auparavant ou présent dans la situation, le substantif doit être accompagné d’un complément qui permet de situer la nouvelle information dans le contexte.

6. Er setzte sich an den Tisch, an den er sich immer setzte. Pattee (1994 : 68)

Il s’assit à la table à laquelle il s’asseyait toujours.

Eisenberg et al. (1998 : 316f) constate également que l’article défini au singulier exprime le générique et que cette manière de l’exprimer est une des plus courantes que l’on trouve surtout dans des textes scientifiques. Cette forme de généralisation, nommée généralisation extensionnelle (« Extensionale Generalisierung »), signifie que le locuteur désigne aussi bien un élément de la classe que la classe entière. En effet, dans la phrase 7, le groupe nominal peut aussi bien être compris comme un élément en tant que représentant de la classe que la classe en général. L’article défini au singulier peut être remplacé par le pluriel sans que le contenu de la phrase change particulièrement.

7. Die Katze ist ein Haustier. Eisenberg et al. (1998 : 316)

Le chat est un animal domestique.

8. Die Katzen sind Haustiere. Eisenberg et al. (1998 : 317)

Les chats sont des animaux domestiques.

Notes
2.

Le soleil, la lune, le ciel.

3.

Le sang, le lait.