2.3.2. L’emploi générique des déterminants français

En ce qui concerne l’emploi générique, nous avons constaté dans le premier chapitre que surtout la généralisation exemplaire, les noms de masse et l’effet de massification devraient poser des problèmes aux apprenants germanophones, puisque le déterminant français diffère de celui en allemand. Par contre, la généralisation extensionnelle ne devrait pas être difficile.

En ce qui concerne la généralisation extensionnelle, nous avons proposé les phrases suivantes :

98. ____ frites, c’est bon.

99. ___ chat est un animal domestique.

100. Je déteste ___ animaux.

Si l’on regarde les réponses données par les apprenants, il faut se rendre compte qu’une grande confusion prévaut chez les apprenants. Ainsi, au niveau A1, seulement un tiers des réponses ont été correctes. Pour le reste, l’article indéfini a été préféré, ou même une fois le déterminant de. Au niveau A2, on peut observer qu’il y a plus de sécurité qui baisse pourtant à nouveau au niveau B1. En effet, les apprenants du niveau A2 donnent les bonnes réponses aux phrases 98 et 99, mais ont les mêmes doutes que A1 en ce qui concerne la phrase 100. Ceci peut être expliqué par le fait qu’ils savent que le verbe détester (tout comme aimer etc.) doit être traité d’une manière différente, mais qu’ils ne se rappellent plus de quelle manière. Cette doute se poursuit au niveau B1, où aucun apprenant n’a donné la bonne réponse pour la phrase 100. Un seul apprenant a proposé le bon déterminant, mais a avoué en même temps qu’il n’était pas sûr s’il en fallait mettre un. Comme déjà dit auparavant, les autres phrases ont également posées des problèmes aux apprenants du niveau B1, moins que la moitié des réponses étant correctes. En ce qui concerne le niveau B2, l’apprenant a trouvé la bonne réponse à deux des trois phrases.

La généralisation exemplaire a été testée avec les phrases suivantes :

101. ___ Américain a marché sur la Lune.

102. ___ enfant aime sa mère.

103. ___ société repose sur des valeurs.

Comme déjà mentionné dans la section précédente, les phrases 102 et 103 peuvent également être accompagnées de l’article défini, même si cela change le contexte. Comme il n’a pas été possible de donner le contexte, nous avons alors également accepté cette possibilité. Pourtant, dans la phrase 101, nous n’avons pas accepté l’article défini.

Les apprenants de tous les niveaux ont préféré l’article défini dans la phrase 103. La plupart d’eux l’a également choisi pour la phrase 102. En ce qui concerne la phrase 101, nous pouvons pourtant observer qu’à partir du niveau A2, l’emploi de l’article indéfini dans ce contexte a été compris et utilisé par les apprenants. Seuls les apprenants du niveau A1 ont encore préféré l’article défini.

En ce qui concerne les déterminants qui accompagnent les noms de masse et les noms abstraits, nous avons proposés les phrases suivantes :

104. Pour préparer ce gâteau, il me faut ___ farine, ___ oeufs, ___ sucre, ___ pommes, ___ huile et 500 g de beurre.

105. Est-ce que tu as ___ argent dont tu m’as parlé?

106. C’est agréable d’avoir ___ argent à dépenser.

107. Il faut ___ courage pour faire cela.

108. Il ressentait ___ rage contre eux.

Dans la phrase 105, il ne faut pas ajouter le partitif, mais l’article défini puisqu’il s’agit d’une absence d’identification préalable avec un complément explicatif. Nous l’avons pourtant ajouté dans cette rubrique pour voir si les apprenants savent faire la différence entre un nom de masse spécifié et non spécifié. Pour cela, nous avons de plus ajouté une phrase où le mot utilisé (argent) est un nom de masse non spécifié. A côté de la phrase 104 « typique » (apparaissant dans tous les manuels), nous avons également ajouté deux phrases avec un nom abstrait pour pouvoir analyser si la connaissance du partitif s’étend également sur les noms abstraits et non seulement sur les noms de masse.

En ce qui concerne les résultats, nous devons constater qu’au niveau A1, moins de la moitié des réponses ont été correctes, mais qu’il y a une lente amélioration dans les niveaux au-dessus. Si un apprenant connaît la règle, il donne dans la majorité des cas de bonnes réponses, tandis qu’un apprenant qui préfère par exemple la réponse de sans article va poursuivre cela dans toutes les réponses. Pourtant, même s’il y a une amélioration dans les niveaux plus élevés, il faut constater que généralement, moins des deux tiers des réponses sont correctes. En ce qui concerne la différence entre le nom de masse spécifié et non spécifié (phrases 105 et 106), les apprenants du niveau A1 ont bien vu qu’il fallait ajouter un article défini au nom de masse spécifié par un complément. Au niveau B1 pourtant, trois-quart des apprenants ajoutent le partitif. L’apprenant de B2 donne à nouveau la bonne réponse. En ce qui concerne les noms abstraits, beaucoup de confusion prévalent. Au niveau A1, il ne semble pas clair aux apprenants qu’il faut utiliser le partitif. La plupart d’eux ajoutent l’article défini. Au niveau A2, B1 et B2, plus de réponses sont correctes, mais les réponses incorrectes montrent la confusion. Les apprenants proposent entre autres l’article zéro, la préposition à (au), l’article indéfini et la préposition en.

Comme déjà mentionné dans la section précédente, la règle de cacophonie a été testée avec les phrases suivantes :

109. Il m’a parlé ___ choses différentes. (parler de qqch.)

110. Un groupe ___ élèves est venu me voir pour se plaindre.

Les réponses montrent que la règle de cacophonie n’est ni apprise ni acquise. Ainsi, au niveau A1, seul un apprenant a pu donner une bonne réponse, les autres préfèrent les articles indéfinis (sans réduction) ou définis. Au niveau A2, chaque apprenant donne une bonne réponse mais ajoute l’article indéfini sans réduction dans l’autre phrase. Au niveau B1, jusqu’à maintenant le niveau où on voit clairement une diminution de fautes et une certaine sécurité en ce qui concerne les déterminants, seul un apprenant donne la bonne réponse. Quasiment tous les apprenants choisissent l’article indéfini des, sans le réduire à de. L’apprenant de B2 donne la bonne réponse dans la phrase 110, où, comme nous l’avons mentionné dans la section précédente, on peut également considérer l’expression un groupe comme expression quantificative.

Bien qu’elle ne fasse pas partie de notre sujet, nous avons quand même gardé la phrase dans laquelle figure la négation ne…pas de. Il fallait alors décider ce qui suit après la formule ne...pas, s’il fallait mettre le préposition de et/ou un déterminant.

111. Nous n’avons pas ___ rayon séparé pour les cds d’occasion.

Le résultat suit nos suppositions que toute phrase qui contient le partitif, la préposition de ou le déterminant des pose un problème aux apprenants. Ainsi, le trou de cette phrase a été rempli correctement par un étudiant du niveau A1 et un du niveau B1. Le reste a préféré l’article indéfini ou défini.

En conclusion, nous devons constater que, comme dans la section précédente, les déterminants français qui diffèrent de ceux en allemand représentent des difficultés aux apprenants germanophones. Ainsi, une raison pour ces difficultés que nous pouvons observer est que les structures ne sont ni apprises ni acquises (par exemple la règle de cacophonie). De plus, la même confusion que nous avons observée pour les noms de masse d’une variété particulière prévaut bien sûr également pour les noms de masse et les noms abstraits réguliers. Nous pouvons pourtant observer que la généralisation exemplaire, en français différente de l’allemand, pose moins de problèmes à partir du niveau A2 que supposé. Peut-être cela est-il dû au fait que nous avons accepté plusieurs réponses.