1. Cadre théorique et méthodologie de la recherche

Une première partie développera le cadre théorique de la thèse et organisera la construction de l’objet d’étude. Contrairement à la démarche hypothético-déductive, les outils théoriques mobilisés constituent un cadre théorique ad hoc qui résulte d’une confrontation répétée entre les faits observés et la théorie. Disposer d’outils théoriques adéquats permettant de rendre compte de la complexité de la relation établie entre le dispositif de microfinance et les pratiques monétaires et financières qui lui préexistent constitue la préoccupation centrale de cette première partie. Cette posture implique une rupture épistémologique qui permet d’extraire le lien de dette/créance de la matrice de l’échange marchand. Le recours à l’institutionnalisme américain nous permet de consacrer un rôle central aux éléments traditionnels et coutumiers sur ce que l’on apparente à l’activité économique et aux influences collectives et sociales sur les comportements individuels. Aussi, l’échange matérialisé par le lien de dette/créance est conçu comme d’emblée social, défini par un ensemble de règles qui en font une institution (chapitre 1). La vision de la sphère économique comme un domaine autonome non-déterminé par le tissu, les relations sociales, thèse qui oppose définitivement statut et contrat est à nouveau mise en échec par le recours à la distinction entre deux logiques d’échange marchand : celle de la place de marché et celle du lien de clientèle. Nous montrons en effet le paradoxe que la logique de la place de marché ne peut fonctionner sans la logique qui fonde le lien de clientèle et qui renvoie à ce qui fait tenir une société dans son ensemble. L’avènement d’un système de marché entendu comme la circulation des biens et services fondée sur la logique de la place de marché est déterminé et s’inscrit donc dans un contexte institutionnel qui lui préexiste.

Cette rupture nous permet de postuler que l’insertion, l’appropriation, l’implantation des dispositifs de microfinance fondés sur une logique de place de marché se réalise au travers des logiques de liens de clientèle présentes dans notre contexte d’étude.

Point d’orgue de l’articulation entre logiques individuelle et collective, l’approche de la dette comme une institution sociale nous incite à revenir sur l’approche du comportement humain et notamment à dépasser l’opposition entre individualisme et holisme méthodologiques pour envisager les individus comme des acteurs en interaction les uns avec les autres (chapitre 2).

Le cadre théorique étant précisé, il s’agit alors de décrire les méthodes choisies pour collecter et analyser les données empiriques (chapitre 3).