Section 1. Approches exclusivement contractuelles du système financier « informel » dans les pays en développement

Les approches du système financier dit informel dans les pays du Sud, développées par la théorie économique standard le cantonnent le plus souvent à une finalité exclusivement économique. Les obstacles au développement et au fonctionnement du système financier formel attribués aux contextes des pays du Sud seraient à l’origine de la vigueur de son pendant « informel ». Plusieurs courants de pensée ont successivement analysé le fonctionnement du système financier dans ces contextes et ont inspiré des politiques publiques contemporaines. Dans les années 1950, prévaut le courant dit « traditionnel » d’inspiration keynésienne qui aborde les dysfonctionnements ou imperfections du « marché » du crédit du point de vue de la faiblesse des capitaux disponibles et notamment celle du niveau d’épargne (§1). Le courant qui succède à l’approche « traditionnelle » est celui de la répression financière, théorie néo-classique développée dans les années 1970 par McKinnon [1973] et Gurley et Shaw [1967]. Sur la base du constat de l’échec des politiques interventionnistes et des dysfonctionnements des systèmes financiers formels ou officiels, le courant de la répression financière accuse l’Etat, au travers du « contrôle des taux d’intérêt et leur maintien à un niveau artificiellement bas » [Wampfler, 2004 : 64] d’avoir entravé les règles du marché [Gentil et Hugon, 1996]. La libéralisation financière est logiquement encouragée (§ 2). Les dernières avancées de la théorie économique concernant l’analyse des systèmes financiers dans les pays du Sud ont été accomplies dans le cadre de l’économie néo-institutionnelle. S’appuyant sur les avancées de l’économie de l’information, le courant néo-institutionnaliste rompt avec le cadre d’analyse néo-classique et ouvre la voie à un renouvellement des analyses des systèmes financiers dans les pays du Sud (§ 3).