§1. La dichotomie de l’évaluation : action et bien être doivent êtres appréhendés séparément

La conception utilitariste de la personne a pour effet de rendre invulnérable à l’éthique ou la morale l’évaluation du progrès social. En d’autres termes, action et bien être sont étroitement corrélés puisqu’une action accomplie correspondra forcément à une action qui procure du bien être à la personne. Dans ce cadre, il est vain de vouloir dissocier action et bien être. Or, selon Sen, il est crucial de reconnaître qu’il s’agit de deux formes distinctes d’accomplissement afin de ne pas réduire l’action au bien être et vice-versa. Le concept d’acteur sur lequel Sen s’appuie vise à appréhender cette dichotomie :

‘« L’importance d’une action accomplie ne repose pas entièrement sur l’amélioration du bien être qu’elle peut causer indirectement » [ibid. : 42]. ’

Cependant, il ne suffit pas de décréter que l’action et le bien être ne vont pas toujours de paire, cette approche exige une remise en cause profonde de l’évaluation en elle-même, celle de l’action et celle du bien être. C’est la seconde difficulté que Sen s’attache à surmonter.