Section 1. Tendre vers davantage de réalisme

Le statut de l’observation dans le processus de recherche en économie a considérablement évolué. Celle-ci est en effet passée d’un rôle premier à un rôle secondaire par rapport aux hypothèses théoriques. Jusqu’au XIXie siècle, l’observation des faits était à l’origine de la formulation de lois universelles lesquelles débouchaient après vérification sur une théorisation des observations. Cette méthode par induction, ou généralisation empirique, résumée par John Stuart Mill dans son ouvrage System of Logic, Ratiocinative and Inductive [1843] a cédé la place au début du XXe siècle à la méthode hypothético-déductive 59 qui remet en cause la construction de l’objet à partir de l’observation de terrain. Aucune facette de la réalité de l’activité économique n’est exclue de cette approche. Notre démarche s’appuie sur un aller-retour permanent entre « faits » et « théorie » afin de réhabiliter le statut de l’observation pour tendre vers davantage de réalisme (§1) et tenter de mettre à jour les rationalités « cachées » des acteurs (§2).

Notes
59.

L’induction a été sévèrement critiquée par Popper qui ne croyait pas à la possibilité de déduire des généralisations à partir des observations. En effet, aussi exhaustives soient-elles, il est probable que ces observations rencontrent une réfutation. Par ailleurs, le choix de l’observation découle de la subjectivité du chercheur et donc d’une forme d’à priori théorique [voir Popper 1959].