Les outils mobilisés par les enquêtes par questionnaire menées sur de grands échantillons souffrent de plusieurs limites. Le caractère pré-codé, fermé des entretiens a un effet prédictif dont le caractère « scientifique » est à notre sens discutable : l’information obtenue ne concerne que la validation d’hypothèses de comportements préalablement formulées. En somme, en n’observant que le résultat de l’action dont les motivations sont sous-tendues par le modèle implicite du questionnaire, le chercheur risque de valider au moins en partie ce modèle puisque l’on ne peut déboucher sur d’autres modes de justification de l’action que ceux envisagés.
Ce caractère pré-codé ainsi que les modalités de réalisation de la collecte de l’information dont la rapidité d’exécution et la réalisation généralement déléguée à d’autres personnes que le chercheur en charge du projet de recherche sont les composantes principales font surgir deux principaux problèmes spécifiques à notre objet d’étude :
Aussi révéler la rationalité cachée des processus de décision sous-jacents aux pratiques monétaires et financières et tendre vers une information la plus fiable possible exige de reconstruire avec la personne les dynamiques sous-jacentes au processus de décision qu’autorise une approche qualitative fondée sur l’abandon de l’hypothèse des préférences révélées.
Nous pensons notamment aux pratiques de cloisonnements monétaires, de marquages sociaux, sexués des pratiques financières dévoilées par les chercheurs du Centre Walras ayant travaillé sous la direction de Jean-Michel Servet (voir les travaux de Jérôme Blanc et Isabelle Guérin notamment).