§2. Charges civiles et religieuses : principales caractéristiques

A. Les charges civiles et les contributions financières

Le tequio ou « système des charges » (cargos) constitue l’une des principales organisations politico-administrative du village. Très étudié par l’anthropologie, nous nous limiterons ici à une description sommaire de ce système qui peut être défini comme :

‘« une rotation obligatoire de charges hiérarchisées entre les hommes membres de la commune. Selon les charges, civiles ou religieuses, le mode de désignation des titulaires varie (cooptation, désignation d’office, élection ainsi que la durée du mandat) » [Chamoux, 1987 :212].’

Il existe une grande diversité de corvées pour lesquelles un habitant du village sera sollicité. Ces corvées concernent le plus souvent les hommes âgés de plus de 18 ans. Elles peuvent êtres ponctuelles, c’est-à-dire l’équivalent d’une journée de travail de temps à autre lorsque l’autorité communale estime utile de rassembler les citoyens pour réaliser un travail : nettoyage de la « route » principale ou autre travail d’entretien de la voie publique ou des ponts par exemple. Tous les hommes de plus de 18 ans sont appelés et doivent cesser leurs activités pour se rendre au « tequio ». En revanche, les personnes âgées qui n’ont plus la capacité d’effectuer ces travaux en sont dispensées. Chaque quartier (barrio) a également son ou ses tequio en fonction des besoins de la vie en communauté : nettoyage de la rue, entretien des sources d’eau potable, etc. Le citoyen sollicité pour réaliser une corvée est « engagé à l’égard du pueblo » [Chamoux, 1981] cela signifie qu’il a une dette à éteindre. S’il ne peut se rendre au tequio, il peut se faire remplacer par une autre personne (de sa famille par exemple) ou, si cela n’est pas possible, il peut verser aux autorités une compensation qui s’apparente à une amende, correspondant à l’équivalent d’une journée de travail agricole salarié 87 . À côté de ces charges ponctuelles, existe toute une hiérarchie d’offices communautaires remplies à tour de rôle par les citoyens désignés par l’assemblée communautaire. Ces charges sont exercées sur des durées variables allant d’une à trois années (pour le président de la communauté) et sont exercées par les citoyens suivant un ordre logique, hiérarchique basé sur le niveau de responsabilité de la fonction et donc le prestige qui y est associé. La charge la plus haute et la plus prestigieuse étant celle de « président de la communauté ». Ces charges (huit au total) sont exigeantes en temps et ne laissent pas la possibilité aux personnes qui les occupent de cultiver leurs terres ou d’entretenir leurs familles. Soulignons que les charges les plus prestigieuses sont de façon générale occupées par des hommes appartenant au groupe dominant.

Enfin, les citoyens doivent également faire face à de nombreuses sollicitations de contributions financières. Nommée cooperación, cette contribution est obligatoire et consiste à rassembler un certain montant en vue de la réalisation d’un travail précis. Elle est prélevée auprès de chaque homme chef de famille nucléaire [Chamoux, 1981].

Notes
87.

Les citoyens immigrés doivent eux aussi s’acquitter de cette dette.