A- Les programmes ciblés sur les pauvres

Rompant avec une protection sociale guidée par l’incorporation des personnes au système formel de sécurité sociale, via un emploi formel ; le Mexique a mis en place des actions de transferts publics en direction des plus pauvres. Progresa-oportunidades  est le programme emblématique du schéma émergent de la politique sociale au Mexique. Ciblé vers la pauvreté et l’extrême pauvreté ce programme, initié en 1997, vise au travers des femmes à améliorer la situation des plus pauvres. Il contient trois composantes : l’appui à l’éducation, à la santé ainsi qu’à l’alimentation. L’objectif est double : compenser socialement et, parallèlement, « investir » dans la formation de capital humain. Les deux composantes alimentation et scolarité sont matérialisées par des transferts monétaires alors que la composante santé comprend avant tout un service de soins de santé pour tous les membres de la famille et est principalement orienté vers la prévention. Les critères de sélection des bénéficiaires comprennent deux étapes principales. La première concerne la sélection de la zone d’intervention, les localités concernées devant répondre à des critères de marginalisation élevée (degré de pauvreté, accès aux infrastructures de base, etc.). Une fois que la localité est « qualifiée » car répondant aux critères de l’intervention, survient la seconde étape de sélection des familles bénéficiaires. Des enquêtes sont réalisées auprès des ménages. S’appuyant sur des variables de pauvreté (revenus, habitat, etc.) le ménage se voit attribuer un indice qui définira son éligibilité comme bénéficiaire du programme [Albarran et Attanasio, 2002].

Les transferts monétaires ont lieu tous les deux mois, l’argent est remis aux femmes en mains propres. Par ailleurs, pour les volets alimentations/santé le calcul est réalisé sur la base du nombre d’enfants à charge. Les femmes vivant seules ou non, mais n’ayant pas d’enfants à charge en bénéficient également.

Pour le volet scolarité, le montant de la bourse est calculé sur la base du niveau scolaire 100 de chaque enfant. L’encadré 3 ci-dessous illustre les personnes concernées par ce programme.

Encadré 3 Bénéficiaires des transferts monétaires publics du programme Progresa-Oportunidades du SEDESOL
1) Ménages avec enfants
- Mère de famille qui a des enfants âgés de 0 à 16 ans
- Plus grand nombre d’enfants âgés de 8 à 16 ans
- Plus grand nombre de filles
- Plus grand nombre d’enfants âgés de 0 à 5 ans
- Femme assez âgée mais de moins de 55 ans
- Épouse du chef de ménage
2) Ménages sans enfants
- Femme chef de ménage
- Épouse du chef du ménage
- Femme âgée de 15 à 55 ans
- Femme âgée de plus de 56 ans.

Source : Traduction du Diario Oficial, 8 de mayo del 2003.

Le nombre de ménages de notre échantillon bénéficiant de cet appui est de plus de 70%. La majorité des ménages qui affirment ne pas bénéficier de cet appui vivent dans la Mixteca, c’est-à-dire dans la zone où le taux de migration internationale est très élevé. L’importance de la migration et donc des transferts monétaires perçus par ces familles constitue peut être l’une des explications du faible nombre de bénéficiaires dans cette zone d’étude (moins de 50% des ménages).

Tableau 12. Part de l’échantillon bénéficiaire de Pogresa-oportunidades
  Pourcentage valide
Ne reçoit pas l’appui monétaire 28,2
Reçoit l’appui monétaire 71,8
Total 100,0

Source : enquêtes Morvant [2004a et 2004b]

Tableau 13. Montants mensuels perçus (US $)
  Montant mensuel minimum Montant mensuel maximum Moyenne
Transferts perçus : Porgresa-oportunidades 10,50
(105 pesos)
150
(1500 pesos)
100
(1000 pesos)

Source : Enquêtes Morvant [2004a ; 2004b]

Mentionnons d’autres programmes d’appui que nous avons pu observer dans certains villages et notamment le programme du DIF (Desarrollo Integral de la Familia) de transferts de lait et de céréales en nature pour l’alimentation des plus jeunes (moins de 5 ans). Malheureusement nous n’avons pas recueilli les données relatives à ce programme.

À côté de ce programme de compensation sociale et d’investissement dans le capital humain par le biais de bourses d’aide à la scolarisation, l’État mexicain tente également d’appuyer quelque peu la production agricole et notamment la production de maïs.

Notes
100.

Ainsi, une femme sans enfants à charge recevra 310$ tous les deux mois, les montants peuvent atteindre 4000$ pour certaines familles. En 2003 ce programme concernait 20% de la population Mexicaine (Valencia Lomeli, 2003 : 572).