Section 2. Informalités financières 102 dans le contexte d’étude

Nous l’avons vu, les sollicitations sous forme monétaire ou sous forme de travail non rémunéré sont nombreuses au sein des villages étudiés. Ces sollicitations résultent de l’organisation politique et religieuse qui caractérise ces contextes. Les sources de revenus sont par conséquent rarement suffisantes pour faire face à ses obligations de citoyen ou tout simplement pour faire face aux dépenses productives ou non-productives de sa famille. Dans ce contexte, la dette (crédit) acquiert un rôle crucial dans la vie quotidienne des ménages. Nous nous attachons à décrire ces mécanismes ou pratiques informelles de prêt et d’épargne observées au travers des entretiens menés et des observations de terrain.

Cependant, ne nous y trompons pas, si ces pratiques de prêt et d’épargne peuvent êtres appréhendées au travers du critère fonctionnel, en tant que modalité de réduction des contraintes de liquidités individuelles ou de gestion de l’incertitude, ce critère ne suffit pas à saisir pleinement l’ambivalence de toute pratique monétaire et financière et en particulier celle de la dette. L’étude de ces pratiques informelles devra donc dans un second temps nuancer la portée de l’explication purement fonctionnelle et appréhender leur dimension sociale, collective afin de suggérer que ces comportements s’inscrivent dans un faisceau de règles et de normes que l’on ne peut négliger si l’on prétend décrire les processus de décision qui en sont à l’origine. Cette approche nous autorisera à saisir ces pratiques en tant que modalités d’appartenance sociale (Section 3). Nous tenterons enfin de relier certains enseignements généraux abordés au cours de la section 3 à des éléments analytiques qui nous semblent particulièrement pertinents.

Notes
102.

Expression empruntée à J-M Servet [2006a, à paraître].