§2. L’homogénéisation des comportements au travers de l’institution de la dette : aspects théoriques et conséquences méthodologiques

Le rapprochement de nos observations empiriques à un modèle explicatif théorique nous a en effet conduit à l’identification de logiques communes formant une norme générale de comportement vis-à-vis de la circulation de la monnaie et des richesses au travers du phénomène de la dette. Ce phénomène de la dette s’apparente ainsi à une institution, c’est-à-dire à une forme de médiation entre les niveaux d’action individuels et collectifs. Elle est ainsi entendue comme une « action collective incitant l’action individuelle et soutenant un ordre social » [Coréi, 1995 : 35]. En ce sens, elle permet une certaine forme d’homogénéisation des comportements individuels (par le biais de normes de comportement) laquelle homogénéisation se déploie de manière verticale, en tant que relation à la totalité sociale et de manière horizontale, au niveau de l’interaction entre les acteurs.

De nombreuses questions se posent alors. La première concerne les modalités de cette homogénéisation qui autorise l’émergence de normes de comportement. Par quels phénomènes appréhender cette articulation entre les normes de comportement instituées et les pratiques horizontales issues de l’interaction entre les individus ? La seconde porte sur la manière dont une norme existante se perpétue et s’enracine au travers des actes individuels. Par quel biais la norme préexistante influence-t-elle nos comportements et comment les individus s’accommodent-ils de ces règles? La troisième question interroge la déviation des comportements de la norme préexistante. Enfin, la dernière question s’intéresse aux modalités de l’émergence d’une nouvelle norme. Répondre à ces questions est une entreprise délicate et ambitieuse. Nous nous limiterons donc à évoquer quelques modèles explicatifs ayant abordé chacune de ces questions (A). Puis nous nous intéresserons aux implications méthodologiques pour notre recherche (B).