A. Figures du phénomène d’homogénéisation des comportements
Des réponses à ces questions sont abordées au travers de différents modèles théoriques rencontrant de nombreuses applications empiriques 142 . Nous n’abordons ici que succinctement ces modèles.
La vision de l’homogénéisation proposée ici s’inspire des travaux de Jérôme Blanc [1998]. Elle est fondée sur une approche en termes d’interaction permanente entre les normes constituées et l’action collective ou « collectif des comportements individuels » [ibid : 369].
Source : Blanc [1998 :369]
Sur cette base, trois figures de l’homogénéisation des comportements peuvent êtres examinées. Leur capacité explicative est double. Elles permettent à la fois de comprendre les comportements individuels mais affirment surtout le caractère éminemment collectif de chaque phase de l’homogénéisation des comportements.
| 1. Enracinement, perpétuation de la norme | 2. Déviation des comportements vis-à-vis d’une norme | 3. Émergence d’une nouvelle norme | |
| Outils analytiques | Mimétisme, Coutume (Girard [1974], Simmel [1987]) |
Défection / prise de parole (Hirschman [1986]) |
Convention (Économie des conventions) |
| Schéma d’interaction | Le processus d’intégration sociale d’une norme s’appuie sur la définition des actes individuels les uns par rapport aux autres (mimétisme) et la perpétuation de ce comportement (coutume) | La formation de l’action collective accompagne la déviation des comportements individuels vis-à-vis de la norme | L’interaction subjective entre individus forme un tiers objectivé qui permet la modification des normes. La confiance joue un rôle prépondérant. |
Source : élaboration personnelle à partir de Blanc [1998]
Ainsi, si l’unité d’analyse de référence peut, à certaines étapes, être ramenée au comportement individuel, les phénomènes décrits ci-dessus ne peuvent êtres appréhendés de manière figée, ils doivent donc êtres compris comme des actions collectives simultanées illustrant une « adaptation perpétuelle des normes par l’interaction systématique des comportements et l’apparition de comportements déviants » [op.cit :369]. Une simplification de la distinction analytique en trois temps illustre l’interaction permanente entre les normes sociales et l’action collective saisie au travers du « collectif des comportements individuels » [id].
Source : Blanc [1998 : 369]
L’action collective apparaît donc comme le vecteur central du processus d’émergence d’une nouvelle norme, de son intégration et de son évolution. La réalisation de chacune des étapes ne peut s’envisager en dehors de l’action collective. Cet enseignement nous semble porteur de conséquences méthodologiques pour l’objet de notre recherche.