§1. Le secteur des finances populaires avant la mise en œuvre de la LACP.

Le secteur des finances populaires comprend une grande diversité de figures juridiques et de statuts légaux. Le schéma ci-dessous résume la situation qui prévalait avant la mise en application de la LACP.

Figure 12. Structuration du secteur des finances populaires avant la mise en application de la LACP.
Figure 12. Structuration du secteur des finances populaires avant la mise en application de la LACP.

Source : À partir de Buscail [2005].

La banque de l’épargne nationale et des services financiers (BANSEFI), a été créée sur les bases d’une transformation du Pahnal (patronage de l’épargne nationale) en 2002. Cette évolution s’inscrit dans la lignée des réformes impulsées par la LACP, dans cette optique, Bansefi doit devenir la banque du secteur populaire d’épargne et de crédit. Elle se voit attribuer un rôle à un double niveau. En tant que banque de premier rang, Bansefi doit capter l’épargne nationale au travers de ses 560 succursales réparties dans des zones urbaines, semi-rurales et rurales 152 . Une étude de 2005 évalue à 2,6 millions le nombre de dépositaires auprès de Bansefi [CGAP, 2005]. En tant que banque de développement de second rang, Bansefi a par ailleurs la charge d’offrir des services financiers et de l’appui technique aux établissements d’épargne et de crédit populaire. En particulier, Bansefi est responsable du diagnostic et de la réhabilitation des entités d’épargne et de crédit durant la phase de transition à la LACP.

Les Unions de crédit proposent des services de crédit agricole et de crédit rural et collectent l’épargne. Elles ont été créées en 1932 pour permettre aux paysans de capter des crédits subventionnés par l’État. Cependant, suite à la crise de Banrural dans les années 1990, l'Etat a soutenu la croissance des activités des Unions de Crédit ce qui a généré de graves difficultés et s'est soldé par la disparition d'un grand nombre d'entre elles.

Les coopératives d’épargne et de crédit et les caisses solidaires sont des acteurs importants du secteur des finances populaires. Les 300 coopératives constituent 2 ,1 millions de membres et les caisses solidaires (qui font suite au programme « crédito a la palabra ») atteignent 340.000 membres par la biais d’environ 300 caisses solidaires et plus de 1500 caisses locales. Les coopératives recouvrent une grande diversité d’institutions dont la couverture varie du mico-local à une couverture nationale. Caja popular Mexicana est l’une des plus grandes structures financières coopératives, elle regroupe plus de 300.000 membres. En revanche, contrairement aux caisses solidaires qui de par leur implantation en milieu rural atteignent des populations vivant dans des zones très reculées Caja Popular Mexicana a un degré assez faible de pénétration dans ces localités marginalisées.

Les sociétés d’épargne et de crédit (SAP) se distinguent des caisses d’épargne et de crédit par le fait qu’elles doivent se conformer aux critères de la CNBV (Commission Nationale Bancaire et de Valeurs), elles sont donc depuis 1993 des entités régulées [Buscail, 2005]. On compte environ 400 SAP qui rassemblent 500.000 membres.

Enfin, le secteur de la microfinance à proprement parler est constitué principalement d’ONG et de SOFOL (sociétés financières à objet limité). La plus importante ONG présente au Mexique est Compartamos qui compte plus de 300.000 clients [CGAP, 2005].

Malgré la grande diversité d’acteurs intervenant dans le secteur dit des finances populaires, le taux de pénétration demeure faible et une faible proportion de ces entités s’installe dans des zones reculées, marginalisées. Le niveau national moyen est d’une succursale pour 9.799 habitants mais ce chiffre varie fortement d’une région à l’autre. Ainsi dans la capitale de México, le chiffre est de 1 succusale/5.222 habitants alors que dans le Chiapas le taux de pénétration est de 1 succursale/19.604 habitants 153 [ibid].

Dans l’optique d’améliorer l’accessibilité à des services financiers en zone rurale et en vue d’en assurer la pérennité, l’État mexicain, appuyé par la Banque Mondiale a mis en place le PATMIR (Porgramme d’Assistance Technique au Microfinancement Rural) qui a débuté en 2000. ce programme régionalisé ne couvre que les régions les plus pauvres du Mexique. Le PATMIR est supervisé au niveau national par le Ministère de l’Agriculture, l’Élevage, le Développement Rural, la Pêche et l’Alimentation (SAGARPA). Il est divisé en sept projets régionaux couvrant onze états fédérés parmi les plus pauvres du pays : Chiapas ; Tabasco ; Huasteca ; Guerrero et Morelos ; Veracruz ; Oaxaca ; Michoacán ; l’état de Mexico ; Puebla et Tlaxcala). Les organismes en charge de la mise en œuvre du programme sélectionnent un certain nombre d’IMF qu’ils vont assister, ces IMF appartiennent à un ensemble d’IMF préalablement identifiées car répondant à des critères stricts comme leur zone d’intervention, le nombre de femmes clientes du dispositif , l’épargne collectée doit constituer la principale source pour octroyer des crédits, enfin, elles doivent êtres disposées en entrer dans le cadre légal de la LACP [Buscail, 2005].

Notes
152.

190 succursales sont considérées comme d’implantation rurale.

153.

Ces données incluent les institutions actuellement régulées par la CNBV ou celles qui sont en processus de régulation.