§1. Une intervention motivée par un fort volontarisme envers des localités marginalisées.

A. Méthodologie d’implantation

Partant du constat de la faible présence voire de l’absence de dispositifs de finances populaires dans les zones rurales pauvres [voir Partie 2, chapitre 2, section 2], l’AMUCSS a souhaité, au travers de la création et l mise en œuvre de microbanques, tenter de développer des services financiers adaptés à la population qui vit dans ces localités. Ces microbanques sont implantées dans différents États de la république mexicaine 155 . Chaque microbanque est rattachée à un réseau supervisé au niveau étatique, lequel est intégré à une fédération nommé Fedrural. Jusqu’à présent le statut légal adopté par ces microbanques est celui de Sociétés Civiles, mais celui-ci est contraignant notamment pour l’une de leurs principales activités : la collecte d’épargne 156 .

La méthodologie d’implantation n’a pas été systématisée dès le démarrage des activités de chacune des microbanques. Aussi, celles-ci ont évolué différemment s’adaptant aux spécificités de leur contexte d’intervention et en fonction de la personnalité des personnels de terrain. En général, les microbanques sont soit implantées dans des villes secondaires de l’État soit dans des localités plus rurales mais où le potentiel d’activité justifie la présence d’une microbanque. À partir de cette implantation semi-urbaine, les promoteurs (salariés, agents de crédit) des microbanques se rendent dans les communautés environnantes afin de promouvoir les services de crédit et de collecter l’épargne. Dans certaines localités, les microbanques ont installé des succursales ou agences locales dont la structure allégée 157 sert de relais à la microbanque. La méthodologie d’implantation de la microbanque principalement étudiée est résumée ci-dessous (Figure 14).

Précisons que ce dispositif vise à atteindre des populations vivant dans des zones non seulement rurales mais aussi montagneuses. Les « chefs lieux » sont généralement accessibles par autocar moyennant plusieurs heures de route non goudronnée, en revanche, pour atteindre les autres localités, le salarié de la microbanque doit se rendre à pied ou en voiture si la route le permet. Cette stratégie d’intervention comporte donc des risques importants qu’il est difficile d’évaluer mais surtout de maîtriser totalement dans des régions où le brigandage est très courant. Elle est également coûteuse car la densité de clients dans certaines localités fait douter de la rentabilité de ce service. Des arbitrages doivent donc être réalisés entre des zones accessibles et très denses qui fournissent des revenus permettant de se rendre dans des zones peu denses et donc peu ou pas rentables.

Figure 14. Modalités d’implantation et d’intervention du dispositif de microfinance étudié

Source : élaboration personnelle.

Au-delà des obstacles géographiques, l’obstacle linguistique est très prégnant, notamment dans les zones très reculées où l’espagnol est mal voire pas du tout maîtrisé. Les salariés responsables de ces zones doivent donc maîtriser la langue locale et sont dans tous les cas originaires de la zone d’implantation.

Notes
155.

Actuellement, les Microbanques opèrent dans les regions suivantes: La Sierra du Nord de Puebla, La Sierra Mazatèque, Mixtèque, Sierra du Sud et Mixé de l’Etat de l’Oaxaca, la Région Sud Orientale de Morelos, Guerrero et la Région Huastèque.

156.

Théoriquement le statut de société civile n’autorise pas la structure à capter l’épargne. Cependant, le vide juridique qui prévalait et a prévalu depuis la création des microbanques leur a permis de le faire.

157.

L’agence comprend un local et un promoteur qui assure une présence régulière en dehors de ses visites vers des localités plus reculées.