§1. Biais de sélection en faveur d’un degré élevé d’insertion dans les réseaux informels d’accès à la liquidité

A. Le prêt collectif comme mode d’accès aux services de prêts de l’IMF

Le prêt collectif ou crédit solidaire fonde un grand nombre d’interventions dans le domaine de la microfinance car il constitue l’un des moyens de dépasser les barrières à l’emprunt de populations dépourvues de garanties matérielles. Tant les économistes que les praticiens le considèrent comme l’outil idéal permettant de concilier accessibilité et viabilité. Cette méthodologie également adoptée par le dispositif que nous étudions projette donc d’emblée le capital social et les déterminants collectifs au cœur de l’accès aux services de crédit de l’IMF. La qualité de l’interaction de la personne au sein du réseau social et les caractéristiques de ce dernier sont dès lors des facteurs déterminants de l’accessibilité des services financiers offerts.

Ce contexte semble dénoncer l’évidence des résultats qui suivent et ne pas justifier que l’on y consacre une partie de notre analyse. Pour autant, comprendre la dimension collective des mécanismes de formation des groupes solidaires s’inscrit bien dans le cadre d’analyse de la construction sociale du marché qui implique de mettre à jour certaines discriminations collectives dans l’accès au dispositif niées par la vision égalitaire de l’émergence du marché. En ce sens une telle approche tente de dévoiler la perpétuation de certaines formes d’inégalités initiales par l’émergence du dispositif de microfinance alors même que l’idéologie marchande considère que la seule mise en place d’un dispositif de services financiers suffit à promouvoir l’égalité d’accès et à annuler toute forme de discrimination sociale.