Conclusion du chapitre

Analyser les déterminants de l’accès au dispositif de microfinance suppose de tenir compte de l’insertion sociale des emprunteurs au travers du capital social sa structuration et ses règles de fonctionnement. Elle implique également de dépasser l’opposition entre les perspectives holiste et individualiste du comportement humain et de se pencher sur l’interaction réciproque entre actions individuelles et les actions ou contraintes collectives.

En démontrant le fait que toute relation financière est une relation sociale ou encore en insistant sur le caractère socialement construit de toute relation financière, notre analyse s’inscrit dans le prolongement des approches institutionnalistes de la monnaie et de la finance menées notamment par les travaux de Michel Aglietta et André Orléan, ou encore de Jean-Michel Servet,  Jérôme Blanc et Isabelle Guérin qui s’appuient sur les travaux de Commons et Polanyi notamment.

Ainsi, nous avons montré que l’insertion dans des réseaux d’accès à la liquidité (prêts informels ou transferts privés) est un facteur déterminant de l’accès au microcrédit. Les modalités de cette insertion jouent un rôle capital tant dans la confiance en autrui (l’interconnaissance mutuelle issue des liens financiers que la personne tisse avec son entourage renseigne sur sa capacité à faire face au remboursement du microcrédit) que dans la confiance en soi, ou dans sa propre capacité à rembourser. Ces deux aspects trouvent un écho dans ce qui suit. Nous montrons en effet que cette insertion dans des réseaux d’accès à la liquidité joue, par ailleurs, un rôle primordial pour assurer la continuité de l’accès à cette nouvelle facilité économique.

Nous mettons en évidence qu’une fois que la personne a obtenu le crédit de la microbanque, certains de ces réseaux sont mobilisés par le client pour s’assurer au travers du remboursement du crédit la continuité de l’accès au microcrédit.