A. L’approche résiduelle ou l’effet spillover

Pour la première, le secteur informel se voit attribuer un rôle résiduel dans la mesure où il ne constituerait que le “receptacle” de la demande non satisfaite (“spillover demand”) par le secteur formel [Hoff et Stiglitz, 1990; Conning, 1999]. Le mécanisme sous-jacent est le suivant. L’imperfection de l’information induit un rationnement du crédit par les quantités dans la mesure où elle pousse le secteur bancaire à exiger des garanties matérielles (pour résoudre les problèmes d’aléa moral et d’anti-sélection) exluantes pour une partie des emprunteurs potentiels. À l’inverse, le prêteur informel bénéficie d’une information locale l’autorisant à susbtituer l’exigence de garantie matérielle par une sélection plus efficace et un contrôle rapproché et continu de ses co-contractants. Cette situation du prêteur informel lui permet donc de contracter avec des individus touchés par le rationnement par les quantités dans le secteur formel 198 . Ce modèle théorique postule donc que prévaut sur les marchés financiers, un degré élevé de segmentation de la rencontre offre/demande qui entretient le dualisme financier 199 .

Notes
198.

La sélection et le contrôle génèrent cependant des coûts considérables qui se répercutent sur le taux d’intérêt pratiqué dans le secteur informel.

199.

La segmentation peut être amoindrie par le fait que certains emprunteurs qui ne réussiraient pas à obtenir de financement ni de la part du secteur formel ni de la part du secteur informel obtiendraient un co-financement provenant à la fois du secteur formel et du secteur informel laissant donc la place à un certain niveau d’interaction entre les deux secteurs [Bell, Srinavasan et Udry, 1997].