B. Remise en question de l’hypothèse de segmentation de la demande de crédit

Les contributions de Kochar [1997] et Bell et al. [1997] mentionnées ci-dessus mettent en évidence qu’une proportion des ménages emprunte à la fois auprès des deux secteurs. Pour la première, 8% des ménages empruntent régulièrement auprès des deux sources alors que pour la seconde, 65 des 196 ménages (emprunteurs ou non-emprunteurs) que contient l’étude empruntaient auprès des deux secteurs.

L’étude réalisée par Besley et al. [2001] dans le contexte népalais confirme ces conclusions. Basée sur des statistiques descriptives d’un échantillon de 3064 observations de transactions de crédit (réalisées dans le cadre d’une étude de type LSMS) 201 , leur contribution vise à travers l’étude du marché du crédit dans le contexte népalais, à évaluer l’importance relative des sources formelles et informelles de crédit dans les stratégies financières des ménages. Les auteurs comparent les comportements des ménages suivant leur lieu de vie : milieu rural ou en milieu urbain. Après avoir réalisé un classement de chacune des sources de crédit en trois sous-catégories (informelles, formelles et autres), les auteurs abordent tour à tour différents déterminants du recours à une source de crédit. Ils analysent en premier lieu le critère de la proximité géographique à la source de crédit et démontrent que la distance joue un rôle central en milieu rural laissant suggérer que les coûts de transactions auxquels appartiennent notamment les coûts de transport constituent un critère discriminant central du point de vue des ménages.

Les auteurs évaluent ensuite le degré de segmentation qui prévaut entre les deux secteurs : les emprunteurs sont-ils simultanément actifs dans plus d’une catégorie de source de crédit ? Il ressort de leurs données que plus de 12 % des ménages ruraux sont actifs auprès de différents secteurs.

Au travers d’une analyse des rôles respectifs des secteurs informel et formel ( représenté par différents dispotifs de microfinance), la contribution de McKernan, Pitt et Moskowitz [2005] interroge la dimension genre de l’acte d’endettement dans le contexte du Bangladesh. Abordant la problématique de la substitution potentielle du secteur financier informel par le développement du secteur formel assimilée au développement de l’implantation de dispositifs de microfinance, les auteurs adoptent un angle d’analyse basé sur les différences de comportements financiers entre les hommes et les femmes. Au-delà des résultats présentés dans cette étude, il nous semble intéressant de soulever et discuter certains choix méthodologiques des auteurs.

Notes
201.

Living Standards Method Survey.