Conclusion de la troisième partie

Au terme de cette partie nous avons, grâce au recours aux analyses statistique et économétrique, confirmé un certain nombre de résultats obtenus sur la base d’une analyse principalement qualitative. L’accès au microcrédit ne va pas à l’encontre de l’endettement auprès de l’entourage et n’induit pas non plus de réduction de l’offre de liquidité envers l’entourage. Nous avons insisté sur la forte interaction qui s’établit : le microcrédit s’insère dans l’ensemble des relations de dettes / créances que les personnes, ménages tissent avec leur entourage. Il les fait évoluer, en génère de nouvelles et en renforce d’autres. Parallèlement, ces pratiques jouent un rôle décisif dans la performance de l’IMF appréhendée au travers des taux de remboursement. Cette interaction révèle selon nous l’importance pour les ménages de préserver la porte ouverte aux différentes sources de liquidité. Microcrédit et pratiques informelles de liquidité sont mobilisés tour à tour par le ménage et mis l’un au service de l’autre afin de générer une plus grande marge de manœuvre pour le ménage dans la gestion temporelle des différents flux de liquidité. Dans cette optique il ne s’agit pas de substituer les « droits d’accès » à des ressources, même si ceux qui prévalent au sein du réseau social sont autant de sources d’obligations, mais de les faire interagir. La relation n’est donc pas univoque, elle est dialectique.

Le microcrédit autorise donc la personne, le ménage à remplir certaines obligations envers le réseau social et favorise ainsi l’acquisition de droits dans un futur plus ou moins proche. À l’inverse, le recours au réseau social pour rembourser le crédit contracté auprès de la microbanque permet à l’emprunteur de ne pas défaillir et autorise ainsi la reproduction du droit d’accès à la liquidité de la microbanque. L’acquisition de ce droit émane des principes mêmes qui guident le fonctionnement de l’IMF et qu’organise le mécanisme dit du « progressive lending ».

Les résultats qui se dégagent dans les deux chapitres suivants complètent cette analyse qui tend à montrer qu’au-delà des critères de durée du prêt ou de montants, la gestion intertemporelle des flux de liquidité oblige à acquérir, faire-valoir et préserver une pluralité de flux de droits afin de lutter contre l’incertitude qui pèse sur les revenus ou les dépenses ou encore pour faire face à l’inadéquation permanente entre les flux de revenus et de dépenses.

La substitution entre sources formelle et informelle de liquidité est d’emblée exclue elle est tout au plus partielle et temporaire.