Introduction

Une vaste littérature empirique s’intéresse à l’efficacité de l’augmentation régulière des montants prêtés sur les taux de remboursement. La contribution de Hulme et Mosley [1996] établit la relation entre la méthodologie d’intervention et les performances en termes de taux de remboursement. À partir d’un échantillon de 13 dispositifs de microfinance, les auteurs démontrent que les meilleures performances sont associées aux dispositifs ayant entre autres adopté les mécanismes incitatifs dont le progressive lending. Le travail de Edgcomb et Barton [1998] met en avant que le montant prêté et la durée du prêt ont une incidence positive forte sur la capacité de l’emprunteur à honorer sa dette. Par ailleurs, les auteurs considèrent que l’augmentation du montant prêté favorise l’émergence d’une relation plus sophistiquée entre l’emprunteur (porteur du projet) et le prêteur, laquelle a des répercussions positives sur la capacité de l’emprunteur à mener à bien son projet productif. Enfin, les résultats de l’étude menée par Diagne [2000] au Malawi, révèlent que l’incitation à rembourser qui prime pour l’emprunteur est non pas la responsabilité conjointe mais la perspective d’accès à d’autres prêts.

Cependant, si d’autres études empiriques modèrent l’enthousiasme suscité par ces mécanismes pour améliorer les performances des IMF en matière de remboursement [Paxton, 1996 ; Egli, 2004 ; Sinha et Matin, 1998], aucun travail empirique académique ne s’est penché sur la réalité des comportements d’emprunt des clients des IMF et leur évolution au fil des cycles successifs de crédit.

À partir de données complémentaires à nos données d’enquêtes de terrain nous montrons dans un premier temps que l’idéal de l’emprunteur en demande constante de fonds à investir n’est pas conforme à la réalité observée [Morvant, 2005b]. Une analyse de la durée des prêts révèle par ailleurs une tendance de la part des emprunteurs à solliciter un terme inférieur à celui proposé par l’IMF.

Nous insistons enfin sur l’apparition au cours du temps de stratégies différenciées au sein des groupes de solidarités en termes de montants sollicités auprès de l’IMF.