2.4.6. Le sacre de Mgr Henri Piérard (21 novembre 1938)
Mgr Henri Piérard fut sacré à Mulo le 21 novembre 1938 dans un de ses postes de mission au Congo par le Délégué apostolique, Mgr Albert Dellepiane. Le choix de cette date, le 58°anniversaire de la mort de Père d'Alzon, le fondateur des Assomptionnistes; et jour festif de la Présentation de la Vierge Marie, ainsi que sa devise Trahe nos Virgo Assumpta, « Entraîne nous, (attire-nous) Vierge de l'Assomption », qui est une synthèse de sa prière de consécration 627 du Vicariat et de ses activités apostoliques à la Mère de Dieu élevée au ciel trahissent l'attachement de Mgr Henri Piérard à la congrégation et à la Mère de Jésus-Christ qu'il va servir dans l'Église.
Source : Revues Qu’Il règne (1975) n°206, p. 2, 4 (année de son décès), et Qu’Il règne (2003) n°366, p. 17.
Ce sacre comporta une dimension ecclésiale et humaine pour les missionnaires. D’une part, ce fut la reconnaissance officielle de la mission dont l'Église couronnait le labeur apostolique des missionnaires par l'érection de leur mission en Vicariat. D’autre part, le jour du sacre fut pour les assomptionnistes une célébration de communion avec l'Église dans le Vicariat autour de Mgr Henri Piérard, consacré par le Délégué apostolique, Mgr Albert Dellepiane, entouré de Mgr Verfaillie des Prêtres du Sacré-Cœur et de Matthyssen des Pères Blancs respectivement évêques des Vicariats apostoliques de Stanley-Falls et de Bunia, et d'autres autorités ecclésiastiques ainsi que religieuses des vicariats voisins.
La présence de ces visiteurs 628 fut une occasion, non seulement de connaissance mutuelle, mais surtout d'échanges d'expériences et d'encouragements 629 , un signe de la bonne entente existant entre des vicariats voisins, et un renforcement des relations amicales et missionnaires. Mgr Henri Piérard le manifesta quand il partit à Stanley-Falls pour traduire de visu ses sentiments de gratitude auprès de Mgr Gabriel Grison, en retraite, pour tout ce qu'il avait accompli pour le nouveau vicariat de Beni 630 .
Pour les autochtones, le sacre de Mgr Henri Piérard a d'abord suscité étonnement et admiration devant de nouveaux visages de missionnaires et d’Européens. Ce fut aussi, selon les missionnaires, un évènement concret qui fit mieux comprendre l'unité et la catholicité de l'Église que les leçons de catéchisme et la récitation du Credo 631 . C'est en cet événement que les structures hiérarchiques de l'Église catholique commencèrent à devenir perceptibles à la population autochtone et que, dès lors, l'Église catholique, elle-même, fut considérée comme un ensemble de doctrine et de préceptes morales distincts du protestantisme et de l'islam et que certains comportements et actes moraux furent interprétés 632 sur une base d'appartenance religieuse. Ainsi se développèrent la conscience de nouvelles formes d’identité religieuse, les catholiques (wakatoliki), les protestants (waporo), les musulmans (wasilamu), les anglicans (wangili), les kimbanguistes (wabangu) et autres.