3.3.3. Activité apostolique des Orantes de l’Assomption

Les Orantes de l'Assomption se mettent au service des chrétiens en les portant dans leurs prières quotidiennes. Ensuite, chaque jeudi, elles prient pour les vocations religieuses et sacerdotales. En outre, elles initient les chrétiens à la vie de prière et d'oraison. Contemplatives, elles montrent, enfin, l'exemple de la fidélité aux heures de la prière et de recueillement, et invitent les chrétiens qui le désirent à leurs activités spirituelles.

Toutefois, la vie intérieure des Orantes de l'Assomption ne leur permet pas d'être très présentes, dans les activités apostoliques. Leur insertion ecclésiale est manifeste dans la Commission diocésaine des vocations, dans la catéchèse aux enfants de la première communion, dans l’aide à l’animation des catéchistes, dans la formation religieuse des novices des Frères de l’Assomption et à l’internoviciat, dans la distribution de l’Eucharistie lors de la célébration dominicale de la messe, les visites et les services aux malades en les acheminant la nuit en voiture parfois sur de longues distances 1020 .

Pour obtenir des revenus, bien que parfois elles travaillent à perte à cause des insolvables, elles entretiennent une librairie, gèrent les Éditions Assomption Butembo-Beni, diffusent des textes religieux et scolaires, et animent un centre d’accueil, haut lieu de ressourcement spirituel pour les ecclésiastiques ainsi que les chrétiens et les groupes qui le désirent. Enfin, les Orantes de l'Assomption secourent les pauvres et d’une manière suivie elles offrent leur collaboration au service des handicapés ainsi que dans les centres de nutrition à Beni et à Kasongomi dans la cité de Butembo où elles ouvrirent depuis 1981 leur monastère.

Néanmoins, à cause de leur travail apostolique destiné surtout à communauté, les Sœurs Orantes de l'Assomption sont peu connues par la population locale. Leur vie monastique reste aussi mal comprise. Ainsi, de Beni, les Sœurs congolaises pouvaient écrire :

‘« Les gens nous regardent, ils ne comprennent pas toujours le sens de notre vie si peu engagée dans les œuvres extérieures au sens traditionnel –quoique nous essayions de rendre service selon nos possibilités-, mais savent lire le signe de l’amour fraternel. Cette fraternité, nous voudrions la vivre en ouverture à tous dans la cité où nous sommes enracinées. Nous n’avons que cela à donner : notre vie orante et fraternelle, et un cœur, à l’écoute de la Parole, désireux d’aimer tout homme comme un frère 1021  ».’

Cette incompréhension se constatait aussi parmi les membres du clergé qui ne comprenait pas, comme les chrétiens, que des religieuses s’enferment dans un monastère pour prier, contempler et adorer quand ils sont dévorés par le travail apostolique au milieu de la population. Au contraire, les missionnaires s’attendaient à plus de clôture dans le style des Trappistes et des Carmélites 1022

Cette nouveauté dans le diocèse de Butembo-Beni, en particulier, est une véritable révolution dans la vie chrétienne et culturelle du peuple : vivre dans le monde sans y être compromis et vouer sa vie au Christ dans la simplicité, le silence, la prière, la contemplation, et l’adoration.

L’expression courante du peuple ayire evuorante - il est parti ou s’est rendu chez les Orantes- n’implique pas seulement la localisation de leur emplacement mais un lieu où l’on vit omokikutukutu, dans le silence volontaire, soit pour prier, soit pour réfléchir, soit pour faire une halte au milieu des activités quotidiennes, soit pour refaire ses forces spirituelles et morales.

Cette atmosphère et cette ambiance nous font comprendre les raisons qui poussent des personnes ou des groupes à venir prier avec les Sœurs Orantes, à prolonger leur méditation après les prières liturgiques ou à réfléchir dans le calme sur des projets de développement. Ce nouveau style de prière est différent de celui vécu traditionnellement par les légionnaires de Marie qui s’adonnent à la récitation du rosaire, des groupes du mouvement marial qui méditent le chapelet, et des charismatiques identifiés à une prière comme ‘au milieu de la Tour de Babel’ ou mieux comme ‘au jour de la Pentecôte’. Après un temps d’incompréhension, dès 1975, les Orantes ont commencé à attirer de nombreuses vocations.

Notes
1020.

ORA 5 : Rapport de la communauté Bibi wa Amani au Chapitre général de 1974.

1021.

« De Beni, nos zaïroises nous écrivent », dans En Esprit et en Vérité (1970), p. 11.

1022.

ORA 5 : Rapport de la Communauté Bibi wete wa Amani. Chapitre général 1974.