4.2.2. Légion de Marie (1948)

La Légion de Marie fut introduite au Vicariat apostolique de Beni dans les années 1947/1948 ¹²⁴⁵ . Après la visite de Mlle O'Conner, déléguée de la Légion de Marie au Congo Belge et au Ruanda-Urundi, le mouvement a eu un début effectif selon ses règles et ses méthodes propres avec le Père Kieren Dunlop, son directeur spirituel ¹²⁴⁶ .

Comme son nom l'indique, elle est axée sur une forte spiritualité mariale. Ses membres se considèrent comme des serviteurs, mieux encore comme des soldats de la Très Sainte Vierge Marie pour la lutte contre le mal, et pour l'extension du Règne de son Fils. Ses membres travaillent pour la Vierge Marie et se veulent des instruments dociles à propager le bien et à vaincre le mal.

Le premier but du mouvement de la Légion de Marie est de rechercher la sanctification de ses membres en vue de l’apostolat. Ses membres, animés de cet objectif, sont essentiellement des chrétiens convaincus, animés de l'esprit de foi et d'humilité, d'un désir sincère de fidélité à leur état de chrétien, et de l'esprit de charité ¹²⁴⁷ .

L'une des forces du mouvement après la prière intense est sa forte organisation hiérarchisée à la manière de l'armée romaine : le Praesidium, la Curia, le Comitium, et l'Acides la plus haute instance du mouvement ¹²⁴⁸ . Au bas des échelons, les réunions du Praesidium, groupant dix à vingt membres, sont obligatoires chaque semaine au jour et à l'heure fixée. Ce jour est immuable à moins qu'il ne s'agisse d'une fête. Dans ce cas, avec la permission de la Curia, on pourra l'anticiper ou la reculer d'un jour.

Ces réunions sont toujours uniformes : la prière commune, l'allocution du directeur spirituel suivie des comptes rendus des membres et la mise en commun de l'expérience chrétienne et apostolique de chacun font la valeur de ces réunions qui durent tout au plus une heure et demi.

Après la collecte du groupe accompagnée d'une instruction religieuse, puis de la récitation alternée du chapelet médité avec des intentions particulières pour chaque dizaine, les légionnaires récitent le Catena qui est le cantique à la Vierge Marie dans son Magnificat. Le mot d'ordre de la semaine et une allocution du prêtre précèdent la prière finale et la bénédiction de l’aumônier ou du président du groupe ¹²⁴⁹ .

Le travail apostolique des membres de la Légion de Marie se fait toujours à deux, indépendamment de leur sexe, et porte sur diverses situations de la vie quotidienne. Dans les cas urgents comme celui d'un mari qui veut répudier son épouse, d'un mourant, d'une jeune fille voulant contracter un mariage illégitime, d'un chrétien en déroute, les membres viennent immédiatement à leur secours.

Ordinairement, les membres exercent l'apostolat des visites à domicile ; ils exhortent les chrétiens fervents à la fidélité, à la prière en famille, au chapelet, à la réception fréquente des sacrements ainsi qu’à l'assistance à la messe dominicale comme aussi de la semaine. Ils peuvent rappeler qu’il faut veiller à la propreté de la chapelle, à la surveillance vigilante des enfants, à leur éducation et à leur instruction. Aussi, exhortent-ils les chrétiens à adhérer aux différents mouvements d'action catholiques.

Bien plus, ils abordent aussi les défaillants et ceux qui veulent abandonner la pratique religieuse. Puis sans brusquerie ni brutalité, ils raniment petit à petit leur ferveur, les incitent à abandonner leur infidélité religieuse en retournant aux pratiques traditionnelles. Les païens et les catéchumènes font aussi l'objet de leur sollicitude particulière ils les encouragent à suivre l'instruction chrétienne, à abandonner les pratiques païennes, et à se familiariser avec l'esprit chrétien.

Priant avec les chrétiens touchés par le poids de l'âge, de la maladie ou diverses infirmités, les légionnaires leur enseignent aussi le catéchisme, les prières, les préparent à recevoir les sacrements, à régulariser leurs situations matrimoniales, à supporter courageusement et chrétiennement leur souffrance. Ils cherchent ainsi à compatir avec les souffrants. S'ils ne peuvent pas les aider, ils les signalent à la communauté chrétienne pour que cette dernière puisse les secourir. Non seulement les légionnaires veulent être une consolation pour les personnes souffrantes et éprouvées, mais ils rappellent les motifs de foi qui adoucissent les peines, à savoir l'acceptation de volonté de Dieu sans fatalité, et les maintiennent dans un état de prière en les préparant une mort chrétienne ¹²⁵⁰ .

L'apostolat des visites en familles s'exerce aussi auprès des enfants et des jeunes. Les enfants sont exhortés à être fidèles à leur catéchisme et à leur instruction scolaire, au respect des parents et éviter le vagabondage. Au besoin, s'ils sont avancés en âge et analphabètes, les légionnaires lur apprennent les rudiments de lecture et de calcul.

Pour les jeunes, les légionnaires insistent surtout sur les bonnes fréquentations dans les mouvements de jeunesse qui peut déboucher sur un mariage chrétien réussi. Enfin, les légionnaires se tournent vers les personnes qui ne confessent pas la foi catholique ou ont apostasié ¹²⁵¹ . Mais, leur bagage théologique et biblique, sensiblement trop bas, ne leur permet de porter beaucoup de fruits dans ce domaine si l’on s’en tient aux chiffres ¹²⁵² du Rapport annuel de Mgr Henri Piérard en 1954.

De tous les mouvements d'action catholique, la Légion de Marie est le seul du diocèse de Butembo-Beni qui n'a pas souffert des situations politiques du pays lors de la rébellion muleliste (1964-1965), et la politique de l'authenticité (1972-1975). Ce phénomène s’explique par le fait que ce mouvement est d’abord populaire. Ensuite, ce mouvement est dédié à la Vierge Marie qui a été assimilée dans le diocèse à la déesse Nyavingi de la culture nande. Les Auxiliaires de la Légion de Marie, fondés en 1948, constituent par ailleurs la branche des légionnaires réservée aux jeunes.