4.3.4. Les autres mouvements

Implanté dans le diocèse depuis 1965, le mouvement des Xaveris fut initié à Bukavu par le Père Léon Dufour des Pères Blancs. Ce mouvement rassemble les jeunes chrétiens qui veulent témoigner de l’amour de Dieu et du prochain conformément à leur devise : »charité toujours 1277  ».

Depuis 1986, le diocèse de Butembo-Beni a connu le mouvement Focolari supervisé par le Père Carme Malo à Mukuna. Son but est d’aider les membres à devenir des signes de l’unité dans le monde divisé, à vivre la parole de vie par des visites aux nécessiteux, et à partager l’Evangile.

Ensuite, le mouvement charismatique fut introduit en 1982 dans le diocèse de Butembo-Beni par le Père Théodard Steegen, pendant qu'il était maître des novices assomptionnistes à la Maison Lwanga, qui est un internoviciat pour les branches de l'Assomption. Il appela le Père Aubry , P.B., qui résidait dans le diocèse de Goma et qui animait des sessions charismatiques. A l'occasion, il le fit venir pour tous les novices de l'internoviciat pour une session d'une semaine.

Aussitôt, les cinq congrégations réunies dans l'internoviciat en furent imprégnées à tel point que l'atmosphère de la prière prit de plus en plus du relief dans leurs communautés respectives. L’année suivante, le Père Théodard Steegen appela un second animateur de la congrégation du cardinal Lavigerie, le Père André Loop. A cette session participèrent les supérieurs des novices dont la Sœur Marie-Ludgère Coanon des Oblates de l'Assomption. Cette dernière en est devint la protagoniste et la propagatrice auprès des adultes de la cité.

Le mouvement prit aussitôt racine et un esprit puritain pénétra dans la conscience des membres. Mgr Emmanuel Kataliko se vit obligé de nommer le Père Théodard Steegen comme aumônier du mouvement afin d'éviter les déviations. Leurs randonnées dans les diverses régions du diocèse répandirent le mouvement dans la contrée.

Ce mouvement comprend plus de 11 000 adhérents car il se présente comme un moyen d'approfondissement de la vie chrétienne. Bien plus, après les sept semaines d'instructions suivies de l'effusion de l’Esprit-Saint, la spiritualité du renouveau donne la conscience et la conviction d'être une créature nouvelle, vivant continuellement sous l'impulsion de l'Esprit de Dieu. Ce fait, parfois, peut entraîner les adhérents dans un orgueil spirituel et une intransigeance à l'égard d'eux-mêmes et des autres. Cette tendance pousse les extrémistes à minimiser l'Esprit reçu lors des sacrements du baptême et de la confirmation.

Un autre point fort de leur spiritualité reste leur règle d'or, l'amour de Dieu qui se concrétise dans une vie de foi. Les charismatiques ne conçoivent pas une foi sans les oeuvres de charité. Ce fait explique mieux le fait qu'ils s'appellent « frères et sœurs », et qu'ils se montrent très solidaires dans toutes les circonstances de la vie. Par ailleurs, le mouvement offre à ses adhérents des moments de prières intenses et variées en passant par l'Eucharistie et les louanges, les diverses prières d'intercessions et le partage de la Parole de Dieu, la demande du pardon et la réconciliation ainsi que l'action de grâces et les remerciements. Vers la fin de leurs rencontres, ils confient les intentions spéciales pour les personnes en difficultés ou une action de bienfaisance au groupe rassemblé.

Les témoignages publics de la transformation intérieure des personnes, donnés parfois d’une manière pharisaïque, distinguent les membres de ces groupes. Ces confessions et ces témoignages de vie suscitent beaucoup d'adhérents à tel point que le mouvement devient donc pour plusieurs un moyen de conversion, de sanctification personnelle et familiale, et de paix intérieure pour les adhérents 1278 . Leur dévouement est à l’origine de l’adhésion de l’épouse du chef traditionnel Marcel Matimbya qui, à son tour, adhéra, au mouvement depuis les années 1990 et abandonna progressivement les insignes royaux traditionnels jusqu’à sa mort (1997).

Notes
1277.

Ibidem, p. 18.

1278.

Témoignages de Joséphine Yohali à Mont Ngafula-Kimbondo (Kinshasa le 17 avril 1997), dialogues informels avec les membres lors de notre ministère sacerdotale à Mba (1986-1991) ; Gaston Kataliko, chef de service dans la Société CAFEKIT à Beni.