4.6.4. Les universités (1980-2002)

Les universités dans le diocèse de Butembo-Beni sont une réalité naissante. La première forme d'université fut le scolasticat saint Augustin de Butembo. Ce scolasticat ouvrit ses portes l'année académique 1982-1983, à Butembo d'abord à la maison provinciale, l'ex-Cophaco. L'année suivante, il accueillit dans ses bâtiments, nouvellement construits par le Frère architecte, Victor Boeren, à Bulengera, à 10 km de Butembo sur la route de Bunyuka.

Hormis le scolasticat des Assomptionnistes, le diocèse fonda, le 22 août 1989, l'Université Catholique de Graben (U.C.G), à la demande explicite de la population locale 1365 . C’est l’une des universités privées qui ont été créées, dans diverses régions du pays, après la mesure de la libéralisation de l’Enseignement Supérieur et universitaire au Zaïre (Congo) par la décision d’Etat n°75/CC/89 du 29 avril 1989.

Le Gouvernement autorisa le fonctionnement de cette université par l’Arrêté ministériel n°ESU/CABMIN/0297/91 du 26 septembre 1991, et reçut un agrément provisoire par l’Arrêté ministériel du 13 septembre 1993. Elle fut reconnue comme une institution d’utilité publique et de promotion sociale par l’Arrêté ministériel du 30 juillet1996. Au fil des âges l’université comprend six facultés de médecine humaine (1990) et vétérinaire (1990), des sciences agronomiques (1990), et économiques (1990), de droit (1995), et des sciences sociales, politiques et administratives (1996).

Ces facultés, à partir de l’Arrêté du 13 septembre 1993, offrent des diplômes dont les détenteurs jouissent des droits et avantages attachés aux grades académiques légaux de l’Enseignement Public. Pour son rayonnement et son développement dans la contrée, l’Université Catholique du Graben a organisé la station agro-pastorale, et des Centres allant de la recherche interdisciplinaire au culturel, de la formation et de l’animation pour un développement solidaire, du centre d’études théologiques et pastorales au centre hospitalier. Les étudiants de cette université, rendent des services de développement auprès de la population dans les fermes ainsi que dans les domaines économiques et les hôpitaux.

L’Université Catholique du Graben (UCG) veut favoriser le développement d’une contrée enclavée où les enfants des familles pauvres se trouvent dans l'impossibilité d'accéder aux études universitaires dans les grands centres urbains du pays. Adressée aux pauvres, cette université, selon l’expression de Mgr Emmanuel Kataliko, l’initiateur de l’institution, est « œuvre de foi » pour signifier les sacrifices et les étudiants et des professeurs qui devront contribuer à son développement 1366 .

Par attachement à la population locale dont ils sont issus, les professeurs, bien que sollicités dans d’autres universités des grandes villes du pays, mettent leur savoir-faire au service de cette institution contre un salaire symbolique qui provient des frais scolaires payés au compte-gouttes. Plusieurs parmi ces professeurs considèrent leur travail, en cette université, comme un apostolat (tunafanya kitume) pour signifier que leur gratification équivaut à un bénévolat 1367 .

Elle commença à fonctionner sous la direction de Mgr Bernard Sokoni comme un prolongement des sections de l'E.T.S.A.V. dans une contrée d'agriculteurs ouverts à l'élevage du petit et du gros bétail 1368 . A ces deux disciplines, elle ouvrit ses activités sur d'autres disciplines, la médecine humaine et l'économie. Elle projette des études philosophiques et théologiques en vue de sa reconnaissance officielle par Rome comme Université catholique. Ainsi pourra-t-elle répondre à l'appel des Pères synodaux :

‘« Les Universités et les Instituts supérieurs catholiques en Afrique ont un rôle à jouer (...). Ils sont au service de l'Eglise en lui fournissant du personnel bien préparé; en étudiant des questions théologiques et sociologiques d'importance; en développant la théologie africaine; en promouvant le travail d'inculturation (...); en publiant des livres et en diffusant la pensée catholique (...) et en contribuant à une étude scientifique des cultures 1369  ».’

Mis à part ces attentes, l'Université Catholique du Graben est devenue un lieu de témoignage communautaire de la foi chrétienne. En 1992, Mgr Emmanuel Kataliko y institua une paroisse universitaire, sous le patronage de saint Cyrille d’Alexandrie, confiée à la sollicitude pastorale de Philippe Mulyatsenge.

Cette paroisse, depuis 1998, connaît une forte affluence de l’élite du diocèse qui la fréquente pour la réception des sacrements de baptême ou de mariage à cause de la beauté et de l’intimité de l’ancienne chapelle de l’ETSAV, de la célébration liturgique en Français à cause de la présence des étrangers, et probablement aussi des instructions préparatoires aux sacrements qui sont personnalisées selon les requêtes des chrétiens 1370 .

Notes
1365.

Diocèse de Butembo-Beni, 1997, p. 44.

1366.

Témoignage récolté par Prospérine Vahamwite, secrétaire du Centre Hospitalier du Graben. Ce témoignage fut confimirmé par le docteur Apollinaire, Doyen de la faculté de Médecine humaine, et par l’abbé Prosper Kabuyaya, Directeur académique de l’université. Butembo, août 2001.

1367.

Observation et vécu personnel comme aumônier de cette université (1998-2001).

1368.

Témoignage de Mgr Emmanuel Kataliko, initiateur de l’UCG, lors de sa visite pastorale à Mbao, le 3 juin 1991.

1369.

JEAN-PAUL II, « Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Africa : sur l'Eglise en Afrique et sa mission évangélisatrice vers l'an 2000, du 14 septembre 1995, n° 103, dans La Documentation Catholique (1995) n°2123, p.842-843.

1370.

Remarque personnelle d’ancien aumônier de cette paroisse universitaire (1998-2001).